« Ce qui m’étonne encore davantage, c’est le fait qu’il y a une représentation au sein du gouvernement qui est quand même importante. Il y a une dizaine de députés (10 sur 10) et plusieurs ministres (5). Nous, à Québec, à l’Assemblée nationale c’est silence radio. C’est comme si la région des Laurentides n’existait pas. C’est comme si on les (résidants) prenait pour acquis » lance Joël Arseneau.
Le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, chef du troisième groupe d’opposition et porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé y allait de cette déclaration vendredi dernier au cours d’une entrevue téléphonique avec le Journal Infos Laurentides.
Clairement, il y a des choses que le député Arseneau s’explique mal.
À ses yeux, exprime-t-il, c’est comme si les députés caquistes des Laurentides disent à leurs électeurs « « on est bien conscient de vos besoins, on vous écoute », mais les actions tardent à suivre. Je pense qu’il va falloir donner un sérieux coup de barre. C’est une région qui est sousfinancée. Per capita, les chiffres sont éloquents, c’est vraiment dans le bas de la liste si on compare avec les autres régions du Québec en termes d’investissements per capita. Et, plus on attend, plus les besoins augmentent et les coûts également, avec la spirale inflationniste qu’on connaît aujourd’hui ».
Et M.Arseneau d’ajouter :
« Le premier ministre est passé (dans la région) à quelques reprises, le ministre de la Santé est passé, le ministre des Finances siège dans la région. Qu’est-ce qu’il faut de plus pour faire comprendre au gouvernement les besoins ? Il faut que la voix de la région soit entendue à Québec une fois pour toutes ».
Front commun
Quelques jours plus tôt (lundi, plus précisément) Joël Arseneau était de passage dans la région. Il a rencontré les dirigeants de la Coalition santé Laurentides ainsi que les maires Marc Bourcier (Saint-Jérôme) et Paul Germain (Prévost) pour traiter du dossier de la santé.
« On suit le dossier depuis plusieurs années. Devant le constat que rien ne bouge, on a décidé d’aller faire un tour. On veut s’assurer que les choses bougent enfin pour la population des Laurentides. J’ai rarement vu un front commun aussi large, aussi solide et aussi motivé pour que les choses bougent. Il y a évidemment des élus municipaux, mais il y a aussi des intervenants des domaines de la santé et de l’éducation et du secteur des affaires. La population est derrière également » dit-il, d’entrée de jeu, à ce sujet.
« Là, on ne peut plus ne pas entendre le message, cette espèce de cri d’alarme pour qu’enfin l’urgence de la situation soit reconnue et qu’on passe véritablement à l’action. Qu’on mette véritablement ce dossier en priorité, qu’on inscrive les sommes nécessaires à la modernisation (des hôpitaux, dont celui de Saint-Jérôme) et la mise en place des infrastructures nécessaires au Programme québécois des infrastructures (PQI). On ne peut pas (juste) dire, oui, oui, on prend compte de vos besoins. Mais mettre sur la table des sommes nécessaires ».
« Presqu’une aberration »
En outre, Joël Arseneau dit avoir également été saisi d’une situation particulière.
« Le constat est implacable à l’effet que la région a été négligée ces dernières années, alors que c’est une région en croissance de population. Qui dit croissance de population dit améliorations normales des soins de santé (…) C’est presqu’une aberration de penser qu’une région comme les Laurentides (et) que (les gens de) Saint-Jérôme doivent avoir recours à des soins hospitaliers aussi loin que Montréal ou Laval. C’est inconcevable que quand on a une population de 650 000 personnes, on doive se déplacer vers Laval ou Montréal, en ajoutant la congestion de réseau des régions voisines (…) C’est incroyable de penser qu’on est encore à considérer que les Laurentides, c’est (comme) une région éloignée qui ne justifierait pas les investissements en santé. On parle de la quatrième région en importance sur le plan démographique ».
Pourtant, le député péquiste dit avoir constaté, à la lumière des propos qui lui ont été tenus, que les intervenants du domaine de la santé des Laurentides se font dire (pour l’hôpital régional de Saint-Jérôme) : « vous avez des besoins de 450 M$, on va vous en met 236 M$ sur la table. Il y a quelqu’un à quelque part qui n’a pas compris (…) Il faut qu’à un moment donné, les actions suivent les engagements et les promesses et qu’on passe à l’action. La moitié des sommes, c’est démoralisant pour les gens qui se sont mobilisés pour que ça bouge ».
Question de développement
Par ailleurs, pour M.Arseneau, il en va d’une question de développement d’une région.
« Il faut que le gouvernement du Québec prenne acte (du fait) qu’on veut développer le territoire. On a une région qui est prospère, qui attire les familles. Il faut qu’il y ait les services là où les gens s’installent (…) Lorsqu’il y a un rattrapage à faire, on ne peut pas donner le même pourcentage d’augmentation (des investissements) à cette région qu’on donne à une autre qui est, comparativement, mieux équipée. Ça ne peut pas fonctionner, parce qu’on va juste faire en sorte de perpétuer l’écart des investissements entre les régions. C’est là que le gouvernement ne semble pas saisir (l’importance) du rattrapage. Que ça prend des actions supplémentaires et des sommes additionnelles pour souvent rétrécir l’écart entre une région comme les Laurentides et les autres régions du Québec qui ont été mieux pourvues en termes de services ces dernières années (…) C’est sans compter que pour les Laurentides, « les projections sont à l’effet qu’on va encore augmenter la population deux fois plus rapidement qu’ailleurs. Donc, plus on attend, et là, on a perdu les quatre dernières années du mandat de la CAQ, plus l’écart se creuse, plus ça va coûter cher » .
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