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Après le reportage à Radio-Canada: «Ils ne peuvent plus ignorer la situation…» -Dr Marc Belliveau

Le Dr Marc Belliveau.
Photo Mychel Lapointe

Après le reportage à Radio-Canada: «Ils ne peuvent plus ignorer la situation…» -Dr Marc Belliveau

Publié le 13/06/2018

«C’était urgent il y a plusieurs années. C’est très urgent maintenant. On est sorti dans les médias et ce n’est pas moins urgent…» note le Dr Marc Belliveau.

Président de l’Association des médecins et professionnels pour l’avancement de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme (créée par des médecins qui poussent pour que des actions soient posées à l’hôpital régional) le Dr Belliveau lançait un cri d’alarme fin février. Il disait notamment deux choses « On est vraiment en retard » et « Il nous fait une promesse en mai ou juin »

Il ne s’est rien produit depuis.

On est encore en attente d’une annonce du ministère de la Santé et des Services sociaux pour qu’un projet d’agrandissement de l’hôpital, planifié depuis de nombreuses années soit inscrit au Programme québécois des infrastructures (PQI).

Reportage

Qui plus est, un reportage diffusé sur les ondes de Radio-Canada mardi dernier révélait l’état des lieux : instruments chirurgicaux souillés qui traînent à l’air libre dans le corridor qui mène aux salles d’opération, accumulation de vidanges dans ces mêmes corridors où passent les patients sur civière, travaux de réparation des murs au département de cardiologie à proximité des patients, bain condamné depuis plusieurs mois au département d’obstétrique. S’ajoutent un rapport accablant d’Agrément Canada sur l’état des lieux et un autre du service des incendies de la Ville de Saint-Jérôme pour des sorties de secours bloquées par du matériel.

Le reportage a créé des vagues.

«Les patients ont vu le reportage. Ils commencent à se poser des questions. S’ils se mettent ensemble à faire des appels et à se demander pourquoi ça n’avance pas … Nous les médecins, on est là pour l’intérêt public. Le public a vu ce qui s’est passé à la télé et il commence à embarquer. Les gens des Laurentides, s’ils se mettent ensemble et commencent à signer des pétitions et envoient cela au ministère, il va falloir que le gouvernement réponde… » note le Dr Belliveau qui rapporte, concernant les instruments souillés vus à la télévision, « quand un patient appelle, il a vu le reportage, et nous demande: j’ai été opéré il y a deux semaines, est-ce que c’est dangereux? On répond quoi? On est rendus là … Messieurs Couillard (Philippe) et Barrette (Gaétan), s’ils veulent venir jouer l’expérience patient, je n’ai rien contre cela… Qu’ils viennent…»

D’ailleurs, Marc Belliveau dit s’interroger sur une réponse du Dr Gaétan Barrette la semaine dernière suite à un question de l’opposition.

«Il a parlé de deux choses vétusté et démographie» pour qu’un projet d’agrandissement comme celui qui est planifié à l’hôpital régional de Saint-Jérôme aille de l’avant.

«Ça parle par soi-même. On est en retard. On est vétuste (les installations) et c’est nécessaire… » souligne-t-il d’entrée de jeu.

Quant à l’aspect démographie:

«On est 610 000 personnes dans les Laurentides. On est la deuxième plus grande démographie en croissance. On est en retard. C’est dangereux. C’est écrit, c’est dit. On veut juste que ça soit au Plan québécois des infrastructures. Je ne veux pas les 453 millions $ (nécessaires pour l’agrandissement et la mise à niveau) tout de suite. En le mettant au Plan québécois des infrastructures, ça garantit que ça va se faire au cours des prochains 10 ans. Après, le prochain gouvernement fera ce qu’il veut».

«On prévoit que nous serons rendus à 670 000 personnes en 2026. On représente 7 % de la population (du Québec). On n’est pas important nous autres? Je ne sais pas comment on répond à cela … Je ne veux pas être pessimiste, mais quand il y a suffisamment de monde fâché qui se lève debout et qui dit assez, c’est assez… Peut-être qu’on est rendu là. Je ne le sais pas».

Pas politique, mais…

En outre, comme tous les observateurs, Marc Belliveau a entendu les promesses récentes qui se chiffrent en termes de milliards en investissements pour certains hôpitaux québécois.

« On vient de dépenser 6,2 milliards de dollars en promesses électorales » souligne-t-il «Ce n’est pas politique et je ne veux pas que ça devienne politique, mais personne n’a dérangé personne pour qu’on soit au Plan québécois des infrastructures. Pis ça, ça me dérange. Avec ce qui est sorti récemment et à quel point notre dossier est assez clair et objectif, je pense que bientôt la population va commencer à signer des pétitions, à faire des appels et à demander comment ça vous ne le mettez pas au Plan québécois des infrastructures. Une population de 610 000 personnes qui vote, ça doit être significatif…»

Et, en principe, il faut considérer que des gens du ministère sont au fait du projet d’agrandissement déposé par les autorités du Centre intégré de santé et services sociaux (CISSS) des Laurentides en décembre dernier puisque, a-t-on appris, une visite ministérielle a eu lieu le 17 mai dernier.

Bien davantage, nous disent les dirigeants de l’AMPAHRSJ, «M.Barrette est venu visiter l’hôpital en 2009 quand il était président de l’Association (des médecins spécialistes du Québec). Il y a un rapport qu’il a même signé comme quoi c’était désuet dans ce temps-là».

Si bien que, pour le Dr Belliveau, les choses sont claires.

«C’est un gouvernement pour qui la santé, c’est important au Québec. Ils ne peuvent plus ignorer la situation (de l’hôpital régional). C’est sorti (à la télévision)… »