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Burlesque et manque de respect

Photo Mychel Lapointe

Burlesque et manque de respect

Publié le 23/01/2020


MATHIEU LOCAS

«Locas! Trop c’est comme pas assez». Cette phrase, mon ancien patron, feu Claude Rochon, me l’a souvent répétée en début de carrière. Quand on est jeune, c’est souvent blanc ou noir. Le gris s’installe avec le temps et l’expérience. En assistant à la séance du conseil municipal de Saint-Jérôme, du 17 décembre dernier, et surtout à la période de questions, j’ai eu une pensée pour ce partisan invétéré des Blackhawks de Chicago.
Au cours de la dernière décennie, j’ai assisté à une dizaine de séances du conseil municipal. Bien peu, selon certains, mais suffisant pour constater une évolution dans les interventions du public. Sous l’ère Gascon, il n’y avait qu’une période et le chronomètre était géré par l’ex-maire. Depuis l’arrivée de Stéphane Maher, le public peut s’exprimer avant la séance du conseil, généralement sur des dossiers plus personnels, et après pour avoir des précisions sur ce qui vient de se passer. En tant que président de l’assemblée, disons que Stéphane Maher est plutôt lousse sur le chronomètre.
Depuis quelques mois, les citoyens qui veulent parler avant le conseil doivent s’inscrire à l’avance. Cette dernière mesure continue de faire des mécontents. Elle en ferait moins si le chronomètre réapparaissait sur la table du maire. Le 17 décembre, nous avons eu droit au meilleur et au pire de la participation citoyenne.
L’ancienne journaliste à l’Écho du Nord, Suzanne Chénier, préparée et pertinente dans ses questions, continue de défendre avec justesse et vigueur les personnes à mobilité réduite. L’ancien député Marc Bourcier, quoiqu’un peu long (près de dix minutes), a pris le processus très au sérieux avec des questions préparées qui visaient directement le maire. Je n’ai aucun problème à l’idée de mettre un peu de chaleur sur les élus.
Cependant, il serait temps que ces derniers sortent leur «kit de ratchets» pour ajuster les boulons de la période de questions. Comme il y avait une séance régulière et une spéciale budget, nous avons eu droit à quatre périodes de questions. Je mentionnais ci-haut des exemples d’interventions qui amènent des débats et font avancer une ville.
En revanche, nous avons eu droit à de véritables scènes de burlesques. Une personne se présente au micro et affirme que, même s’il doit acquitter son compte de taxes en six paiements, ses versements sont identiques à ce qu’il payait y’a 40 ans, à l’époque où il n’y avait que deux versements. J’écoutais l’intervention avec attention, mais quand j’ai senti venir la fin en queue de poisson, je me poignais la tête à deux mains… à l’idée d’avoir manqué une partie de Démineur sur mon cellulaire. Et cette autre personne qui se garroche au micro pour commenter chacun des points à l’ordre du jour, sans vraiment avoir des questions.
Ces interventions représentaient un manque de respect pour l’audience et les élus. Elles font perdre beaucoup de crédibilité à l’exercice démocratique. Pour meubler le temps, certains élus en profitent même pour prendre des photos de collègue en train de se claquer une paupière.
Ces pertes de temps font sans doute en sorte que des citoyens, bien préparés avec des défis réels dans leur quartier, n’ont pas assez de temps pour poser leurs questions. Les élus auraient avantage à améliorer la formule. La limitation du temps d’intervention à quelques minutes serait un pas dans la bonne direction. Ça forcerait les gens à éviter de raconter leur vie et à être un peu plus sérieux dans leur démarche.
Séances web
Enfin, enfin et enfin. Les séances du conseil municipal seront sous peu disponibles sur le Web. En plus d’une diffusion en direct, il sera possible de réécouter les rencontres publiques sur le tout nouveau site Web de Saint-Jérôme. Il était temps. Saint-Jérôme était la seule ville de la MRC de Rivière-du-Nord à ne pas les diffuser. Une belle entrée dans la nouvelle décennie!
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.

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