« Chaque carte est importante », souligne Mélanie Poirier, vice-présidente de l’organisme Les Gardiens de la rue. Elle se souvient d’un souper de la Saint-Valentin organisée il y a quelques années, où sa fille Emma Rose et ses amis avaient confectionné des cœurs avec des mots gentils pour les distribuer aux personnes en situation d’itinérance. « Un jour, j’ai revu un des gars dans la rue et il m’a dit : “Sais-tu ce que j’ai encore dans ma poche ?” Il y avait le petit cœur de ma fille. C’était écrit : tu comptes pour moi, n’oublies jamais ce que tu vaux. »
Pour l’occasion, Mme Poirier, propriétaire de la garderie Nannie et ses petits amours, a mobilisé ses « petits amours » pour fabriquer de belles cartes de Noël destinées aux plus démunis. Keylan, Kaleo, Heivy, Tommy, Élodie, Liam et Emma‑Rose, la fille de Mélanie qui s’implique comme gardienne de la rue depuis six ans, ont chacun contribué avec cœur. Élodie, 4 ans, a écrit « Je t’aime de tout mon cœur », tandis que Heivy, 4 ans, a choisi « Je t’aime gros comme le ciel ». Quant à Emma‑Rose, 11 ans, gardienne de la rue à temps plein, elle a inscrit : « Je suis là pour toi ! Je tiens à toi ! Tu es plus fort que tu le crois. »
Ce souvenir l’a profondément marquée. Pour elle, les mots ont un pouvoir immense. « Ces gens-là sont oubliés, ignorés. Des fois, il y en a qui me disent : « Ça fait des semaines que je n’ai pas parlé à quelqu’un. Ça fait tellement de bien d’être écouté. »
L’idée de cette mobilisation est née d’un geste spontané d’Allyson Reid, bénévole auprès du Book Humanitaire et des Gardiens de la rue. Elle avait écrit quelques mots d’encouragement et les avait remis à quelques personnes, dont un homme rencontré lors d’une distribution. Quelques jours plus tard, il lui a envoyé un message de remerciement. « Je me suis dit, attends une minute, c’était juste une petite affaire de rien… imagine si la communauté pouvait faire ça », raconte Mme Reid.
Les cartes peuvent être déposées au Book Humanitaire, situé au 215 rue Brière à Saint-Jérôme, à l’attention d’Allysson, jusqu’au vendredi 19 décembre à midi. Pour les personnes qui ne peuvent se déplacer, un numéro est disponible : 514-349-9779.
Mais au-delà des mots, les instigatrices rêvent aussi d’offrir un petit baluchon de douceurs. Mélanie Poirier espère pouvoir y glisser quelques chocolats et bonbons, pour ajouter une touche de réconfort. « Chocolats, bonbons, c’est tellement réconfortant pour des gens qui n’ont rien. C’est comme dire : on pense à toi », mentionne Mme Poirier.
« Quand tu leur donnes un petit quelque chose, le visage qu’ils ont, ça vaut des millions. » — Mélanie Poirier
La mobilisation a déjà commencé auprès des commerçants de Saint-Jérôme. « Vendredi, j’ai envoyé 55 courriels. J’ai déjà eu des réponses de propriétaires qui sont prêtes à me rencontrer la semaine prochaine pour voir ce qu’ils peuvent faire pour nous. Il n’y a pas de petit don. »
L’appel est lancé à tous : artistes, bricoleurs, poètes, parents, étudiants… ou simplement des gens qui souhaitent faire du bien. Une carte peut être faite à la maison, sur un simple bout de carton c’est suffisant. Aucun talent artistique n’est requis, seulement un peu de cœur.
Et si l’élan de solidarité dépasse les attentes, les cartes seront aussi distribuées ailleurs, notamment dans les CHSLD, où de nombreuses personnes âgées vivent dans l’isolement.
« Écrire une carte de Noël, c’est à la portée de tout le monde », rappelle Mélanie Poirier. « Ce projet-là, je trouve ça important qu’il soit connu. Les gens peuvent se dire : je ne peux pas faire un don en argent, ou un don alimentaire, mais j’aimerais ça faire un petit quelque chose. »
En cette période festive, cette initiative nous rappelle que la plus grande richesse réside dans les gestes de tendresse et les mots qui réchauffent les cœurs.

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Les gardien de la rue
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Garderie Nannie et ses petits amours
Jeunesse