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Centre de traitement Stablex : les citoyens réitèrent leurs revendications

Photo Vincent Yergeau. Les citoyens devant la commission d’enquête du BAPE, en juin dernier.

Centre de traitement Stablex : les citoyens réitèrent leurs revendications

Publié le 14/07/2023

Florent Gravel, chef du parti politique municipal Mouvement Blainville, dit parler au nom des citoyens lorsqu’il déplore le projet de réaménagement de la cellule 6 de Stablex, un centre de traitement de résidus inorganiques. Alors que la commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) produit présentement, à l’intention du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), un rapport alimenté des opinions des citoyens sur le sujet, Florent Gravel demande à l’équipe de la mairesse Liza Poulin de s’impliquer davantage.

Rappelons que Blainville et Stablex ont signé, en 2020, une entente de principe selon laquelle un terrain de la ville serait vendu à l’usine au cout de 14M$. La transaction reste toutefois conditionnelle à ce que le MELCC autorise l’aménagement d’une cellule d’enfouissement de nouvelle conception. Si elle est établie sur le site prévu, celle-ci recevrait, sur une durée de 64 ans, 8M de mètres cubes de déchets dangereux.

« [Liza Poulin] s’entête à ne pas mettre fin à cette entente quand il y a un danger exponentiel », lance Florent Gravel, affirmant que le pouvoir décisionnel de la Ville est plus important qu’il n’y parait.

« La Ville de Blainville continuera à faire preuve d’une extrême vigilance et veillera à s’assurer que peu importe le projet retenu, la protection des milieux naturels et le maintien de la qualité de vie des Blainvillois priment, écrit Liza Poulin dans un communiqué en réponse à de tels soulèvements. C’est au BAPE d’évaluer si c’est une bonne option et de faire des recommandations, et c’est au ministre de prendre la décision. »

L’eau, toujours au centre des priorités

La cellule 6 a tenu de sujet de l’heure à la période de questions de la séance du conseil municipal du 13 juin dernier. Les résidents de Blainville et d’ailleurs au Québec ont été nombreux à révéler leur incompréhension et leur désir de changer les choses. Parmi eux, Denis Le Guerrier, un agriculteur blainvillois, a exprimé ses inquiétudes en rapport à la contamination de la nappe phréatique, qu’il considère imminente en raison de la proximité des milieux humides et de la zone ciblée.

« C’est vous qui devriez vous battre pour qu’on continue à vous nourrir », s’exclame-t-il à l’intention de la mairie, entrainant des applaudissements solidaires de la part du public et une réaction conciliante de Liza Poulin, qui dit « partager [son] point de vue. »

Florent Gravel pointe, par ailleurs, qu’aucune mention de l’enjeu hydrologique en lien avec la cellule 6 n’apparait dans Blainville en couleur, alors qu’on y retrouve une quantité de publicité portant sur l’économie de l’eau ; un autre contraste aberrant, selon lui.

« Chaque édition du bulletin municipal Blainville en couleurs est préparée deux à trois mois à l’avance », explique la Ville.

Un article au sujet des activités de Stablex serait donc prévu dans la prochaine édition, amenée à paraitre au mois d’août.

« Notre priorité est toujours la même : préserver la qualité de vie des Blainvillois et protéger les milieux à forte valeur écologique », rappelle Liza Poulin, insistant sur les considérations environnementales de son parti.

Photo : Ville de Blainville. Denis Le Guerrier, agriculteur blainvillois, lors de la séance du conseil municipal du 13 juin dernier.

Une histoire de longue date

Les préoccupations concernant Stablex ne sont pas nouvelles, indique Florent Gravel. En 1981, la population blainvilloise s’était positionnée en défaveur de son installation lors d’une première commission d’enquête du BAPE. Le chef de Mouvement Blainville relève que l’administration municipale de l’époque était toutefois allée de l’avant, le fait d’accepter l’entreprise sur son territoire lui permettant de justifier, aux yeux du ministère des Transport, la réalisation de la sortie 25 de l’autoroute 15. Blainville nuance toutefois ces affirmations : « il est difficile, voire impossible, après plus de 40 ans, de connaitre tous les tenants et aboutissants des discussions et les motivations des dirigeants de l’époque. »

Quoi qu’il en soit, depuis ce temps, l’usine importe continuellement des déchets de la province et de l’extérieur, afin de les amalgamer dans un procédé qu’elle emprisonne à l’intérieur d’immenses cellules souterraines.

« Ce qui va, finalement, faire bouger les choses, c’est la pression des citoyens », croit Florent Gravel.

« Je félicite dans un premier temps M. Gravel pour ses ‘’nouvelles‘’ valeurs environnementales, réplique Liza Poulin. Avec un seul engagement en la matière en 2021 et considérant qu’il n’a jamais parlé publiquement de ce sujet, je pensais que M. Gravel ne s’intéressait pas à cet enjeu important. »

Au stade où les mémoires ont été déposés et que le BAPE en est à les consigner dans un rapport qu’il déposera d’ici l’automne, les principales cartes offertes à la population sont jouées. Selon Florent Gravel, ce qu’elle demande est clair et univoque : la résiliation de l’entente de principe par Blainville.

Consultez le dossier complet.