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Expropriés de Mirabel: des excuses sont réclamées

«On s’attendait à ce qu’ils (les libéraux) fassent preuve de sensibilité sur la question. On en avait bon espoir» de confier Rhéal Fortin.

Photo Claude Cormier

Expropriés de Mirabel: des excuses sont réclamées

Publié le 09/04/2019

«Justin Trudeau qui passe son temps à s’excuser à tort et à travers pour toutes sortes de choses devrait le faire. Mais, ça va être difficile de lui arracher des excuses, parce qu’il s’agit de son père…» note Rhéal Fortin.

Le député bloquiste de Rivière-du-Nord réagissait ainsi vendredi dernier, au cours d’une entrevue téléphonique avec Infos Laurentides, à une double démarche de la part de politiciens provinciaux et fédéraux d’exiger des excuses de la part du gouvernement fédéral à l’endroit des 10 000 expropriés de Mirabel.

Rappelons que c’est le 27 mars 1969 que le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau  annonçait qu’il expropriait 97 000 acres de terre dans 14 municipalités sur la Rive-Nord en vue de la construction d’un aéroport international. Dès 1996, les vols internationaux étaient cependant transférés de Mirabel à Dorval, puis, en 2002, la décision de transférer tous les vols de passagers à Dorval était prise. En 2014, Aéroports de Montréal (ADM) décidait de démolir l’aérogare de Mirabel, devenue trop coûteuse à ses yeux à entretenir.

Un baume

Dans un premier temps, une semaine après la commémoration des 50 ans de l’expropriation à Mirabel (27 mars dernier), les députés de l’Assemblée nationale ont adopté à l’unanimité, mercredi dernier, une motion demandant, au nom des expropriés, «des excuses officielles et formelles du gouvernement du Canada et un engagement ferme qu’une erreur historique d’une telle ampleur ne sera plus jamais commise».

La motion avait été présentée par le chef par intérim du Parti québécois et député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, pour qui «aujourd’hui, 50 ans plus tard, les familles expropriées et leur descendance demeurent profondément marquées par ces événements. Elles méritent de la considération, elles méritent que leurs dirigeants reconnaissent enfin le tort qui leur a été causé. À défaut de réparer, des excuses officielles viendraient mettre un baume sur une plaie qui peine à se refermer. Ce serait la moindre des choses enfin, ça et la rétrocession complète des terres une fois pour toutes».

M.Bérubé recevait, dans les minutes qui ont suivi, le soutien de la députée caquiste de Mirabel, Sylvie D’Amours, de la députée libérale de Notre-Dame-de-Grâce, Kathleen Weil, et de la députée de Québec solidaire de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé.

Refusée

En outre, une motion semblable, que souhaitait déposer le député bloquiste de Mirabel, Simon Marcil, n’a pas obtenu le consentement unanime des parlementaires de la Chambre des communes, à Ottawa, pour qu’elle soit débattue et fasse l’objet d’un vote.

«Ça ne réparera pas une erreur historique, mais 50 ans après avoir vu leurs maisons rasées par le gouvernement canadien, le moindre signe de considération serait le bienvenu pour les gens de la circonscription» évaluait le député Marcil.

Pour son collègue Rhéal Fortin, c’est désolant et peu surprenant à la fois.

«Nous jugions que c’était important de faire la démarche. On s’attendait à ce qu’ils (les libéraux) fassent preuve de sensibilité sur la question. On en avait bon espoir» de confier M.Fortin pour qui «on a dépensé des milliards pour construire cet aéroport et beaucoup d’argent pour la démolir par la suite. C’est assez scandaleux (ce qui est arrivé). Je n’ai jamais compris. Je nous trouve très pacifiques au Québec. (Il y a cinquante ans) on leur a demandé (les expropriés) de se sacrifier pour le pays… Aujourd’hui, je n’attends plus rien (en terme d’excuses)…».

Avec l’aide de Benoît Bilodeau

 

 

 

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