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Il a rencontré les manifestants de Saint-Lambert: «Il faut que les gens comprennent le véritable impact» -Denis Bisson

«Je pense que tu n’as pas le droit de bloquer une voie publique. Ça nuit à tellement de monde», considère Denis Bisson.

Photo Mychel Lapointe

Il a rencontré les manifestants de Saint-Lambert: «Il faut que les gens comprennent le véritable impact» -Denis Bisson

Publié le 27/02/2020

«Il y a certains moyens de pression qui sont inacceptables. Si je vais bloquer la 15 avec un de mes camions, je donne deux minutes et je ne suis plus là [parce qu’on l’en aura chassé]», lance Denis Bisson.
Propriétaire de L’Ardoisière de Prévost, M. Bisson est ce dirigeant d’entreprise qui s’est pointé jeudi et vendredi derniers à Saint-Lambert, pour aller faire part de ses doléances aux manifestants qui bloquaient la voie ferrée.
Considérant l’impact économique de ce blocus à Saint-Lambert comme ailleurs au pays, le commerçant prévostois a été surpris de se retrouver seul à faire part de son désaccord sur le moyen utilisé par les manifestants.
«Il faut que les gens comprennent le véritable impact que ça a sur l’économie.»
«Je pensais qu’on serait plusieurs à faire cela [rencontrer les manifestants sur le site]. J’étais seul. J’en ai conclu que les autres étaient trop occupés à faire marcher leur entreprise», souligne-t-il au cours d’une rencontre avec le Journal Infos Laurentides samedi.
Dépendant du CN
Le «campement» de Saint-Lambert, on le sait, a été levé en fin de soirée vendredi. Mais il subsiste toujours un doute que ça puisse reprendre ailleurs.
M. Bisson en est bien conscient.
«Dans l’Ouest, ça fait plus de 15 jours. Ils sont pacifiques en tabarnouche, les gens de l’Ouest.»
Car, il faut bien le dire, «je suis vraiment dépendant du CN (le Canadien National, avec qui il fait affaire pour la livraison de l’ardoise, matière première pour son entreprise). J’ai essayé par transport routier [il ne veut pas parler de chiffres, mais on parle d’une dépense beaucoup plus élevée]. Je l’ai fait pendant 20 ans par camion, mais, par souci écologique, le train c’est infiniment moins polluant [moins cher et plus sécuritaire pour ne pas endommager la marchandise, du fait qu’on peut arrimer les immenses plaques d’ardoise dans le conteneur].
D’ailleurs, à ses yeux, «c’est extrêmement important, le transport par train. Il y a plus d’économie qu’on pense qui passe sur les rails».
Pas le bon moyen
Par ailleurs, Denis Bisson dit ne pas avoir senti une réelle animosité de la part des manifestants. Qui plus est, il souligne comprendre leurs revendications écologiques, mais moins les moyens qu’ils prennent pour se faire entendre.
«Je leur ai dit: manifestez, vous avez le droit, mais ne mettez pas une partie de l’économie à terre avec des gens qui n’ont rien fait [pour mériter cela]. Vous prenez en otage des gens qui sont écologiques, qui prennent le train [comme moyen pour faire livrer leur marchandise]».
Car, dira-t-il, le problème est bien réel quand survient un blocus ferroviaire.
«J’ai parlé à la fille du CN le matin (vendredi). Elle ne pouvait pas me garantir de conteneurs, jusqu’à nouvel ordre. [La crise actuelle] ça m’affecte. Jusqu’à quel point, je ne peux pas l’évaluer avec justesse pour l’instant [parce qu’il est difficile de savoir combien de temps le conflit va perdurer].»
Et quant à lui, c’est justement ça, le problème.
«Pourquoi ça traîne comme ça? Pourquoi laisser monter la pression? Comment ça se fait que pour 30 personnes, tu peux faire perdre des centaines de millions?»
Solution?
«Quelle est la solution pour mettre fin à cet épisode?», avons-nous demandé à M. Bisson.
Par la négociation ou par la force?
«Un mélange des deux», évalue-t-il. «Je pense que tu n’as pas le droit de bloquer une voie publique. Ça nuit à tellement de monde. Il n’y a pas de tolérance pour ça […] Tu ne bloques pas de voies ferrées, tu ne bloques pas d’autoroutes, tu ne bloques pas quoi que ce soit qui a un ratio de pénalisation manifestants-subissants.»