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Il mise sur un projet «porteur: «Peut-on avoir une vision de ce que sera Saint-Jérôme dans 10 ans?» -Youri Chassin

Le député Youri Chassin.
Photo Claude Cormier

Il mise sur un projet «porteur: «Peut-on avoir une vision de ce que sera Saint-Jérôme dans 10 ans?» -Youri Chassin

Publié le 24/10/2019

«Il y a moyen d’être ambitieux et très concret pour améliorer les choses à Saint-Jérôme. Il y a des gens en situation d’itinérance et des gens vulnérables et on souhaite améliorer leur situation. Il faut éviter que ce phénomène-là devienne une problématique plus lourde. Même qu’elle soit moins lourde que présentement, parce qu’on va ainsi mieux travailler et offrir davantage d’opportunités à ces gens-là», note Youri Chassin, au cours d’une rencontre avec Infos Laurentides, jeudi dernier.
Le député de Saint-Jérôme a profité de l’été dernier pour, comme il se doit, se reposer, mais surtout pour donner suite à son grand projet de «Main tendue» à la pauvreté qu’il a lancé le 5 juin.
Pour ce faire, Youri Chassin a multiplié les rencontres et convié, jeudi dernier, une trentaine d’organismes à une conférence de Jean-Marie Lapointe, à qui l’on doit l’excellente série Face à la rue au cours de laquelle l’artiste et animateur nous offre un portrait très révélateur de l’itinérance.
Des pistes de solution
De son propre aveu, Youri Chassin s’est mis en mode écoute au cours de la saison estivale. Ce qui lui a permis de soupeser les avenues qui s’offrent pour mener à bien la mission qu’il s’est donnée.
La démarche, dira-t-il, lui a procuré l’occasion de rencontrer «certains groupes communautaires et certaines institutions pour connaître leur réalité», mais aussi «mettre en lumière certains organismes communautaires qui sont remarquables et peut-être pas assez connus du grand public». Tout cela pour «déboucher sur des constats et des pistes de solution».
Des pistes de solution, il en a présenté mercredi dernier après la conférence de Jean-Marie Lapointe, mais ajoute: «Je suis ouvert aux commentaires. Ce sont eux [les représentants d’organismes et institutions] les spécialistes qui ont les deux mains dedans.»
Un projet
Au cours de cette tournée estivale (qui se poursuivra, puisque le député souligne ne pas avoir fait le tour des intervenants utiles), a-t-il eu droit à des surprises?
Oui et non.
«Je savais que, dans le milieu communautaire, on tire le diable par la queue. C’est difficile avec le financement.»
Et encore?
Il faut voir, note-t-il, «le travail que fait la police [municipale de Saint-Jérôme]. Ce n’est pas uniquement de la sécurité publique ou de la judiciarisation».
D’un autre côté, la grosse surprise, quant à lui, c’est un projet «porteur» que sont à développer les gens de l’Office municipal d’habitation de Saint-Jérôme et ceux du Café de rue SOS.
En clair, on parle de logement social supervisé pour la clientèle des centres jeunesse des Laurentides «qui sont à risque quand ils sortent».
«Il y a un moment de vulnérabilité quand on sort, note Youri Chassin. On n’est probablement pas vraiment préparé à vivre de façon autonome. Après un environnement rigide et strict, on a plus de liberté. Est-ce qu’on peut leur offrir une voie de passage un peu plus encadrée? […] Je trouve ça très pertinent, parce que ce sont des jeunes qui se ramassent dans des situations très précaires.»
«Ç’a été une surprise pour moi quand Claire Léveillée (directrice du Café de rue SOS) m’a dit que 75 % des jeunes qui se retrouvent au café ont un dossier à la DPJ ou ont utilisé des services des centres jeunesse […] Clairement, les centres jeunesse ont besoin de moyens pour mieux préparer les jeunes à leur sortie. Voilà un moment de vulnérabilité. On ne veut pas que ces jeunes-là tombent en itinérance.»
Prise en main
Il en va des centres jeunesse comme d’autres secteurs, quant à lui.
«La sortie de services publics, c’est bien documenté qu’il y a des moments où on est particulièrement vulnérable. On sort de prison. On sort de maisons de transition. On sort de l’hôpital psychiatrique. On sort d’une cure de désintoxication. On se retrouve devant rien. À la fin des services, qu’est-ce qui arrive?»
C’est là-dessus, entre autres, que le député Chassin dit vouloir travailler, en concertation avec les intervenants.
Dans le cas du projet OMH-Café de rue, «ils peuvent évidemment compter sur l’appui de leur député pour faire des démarches et faire les pressions qu’il faut (lire auprès de certains cabinets ministériels) pour que ce projet porteur voie le jour».
Mais pour ça comme pour le reste, Youri Chassin se veut très clair:
«On n’est pas mobilisé si c’est uniquement le député qui décide d’y aller tout seul. Il faut vraiment qu’il y ait un travail d’équipe pour porter ces projets-là. Ce sont des pistes. Après, on va trouver des solutions et on va travailler ensemble. Il y a encore six mois de travail [à la «Main tendue»] pour que ce soit bien aligné et mobilisant.»
Centre de jour
D’ici là, le député entend continuer à œuvrer sur un projet très concret. Celui d’un centre de jour pour s’attaquer au double problème de l’itinérance et de la pauvreté à Saint-Jérôme.
«Il y a un besoin bien identifié. On a mis sur pied un centre de pilotage pour aider l’organisme à construire un centre de jour. On est tous partie prenante de ce projet-là. On a tous une volonté politique.»
Car, a constaté M. Chassin: «Il y a une itinérance qu’on voit au centre-ville et une itinérance cachée. Avec uniquement des solutions temporaires, c’est toujours précaire. Il y a une frange de la population qui est vulnérable, qui est à risque. Avant qu’ils tombent dans l’itinérance, il faut agir. Parce que c’est dur d’aller chercher des services une fois qu’on n’a plus d’adresse, plus de téléphone cellulaire. La communauté doit manifester son appui, sa solidarité.»
C’est aussi sans compter que (c’est le lot des grandes villes comme Saint-Jérôme) «on dessert plus que la population jérômienne. Des gens viennent de Montréal chercher des services. Ça met une pression sur les services publics. Ça interpelle les milieux communautaires. Ça démontre à quel point nos besoins sont plus élevés à Saint-Jérôme», évalue le député.
Dans 10 ans
En outre, Youri Chassin dit souhaiter des solutions pour l’immédiat et pour l’avenir.
«J’ai décidé de prendre ce dossier-là [la pauvreté et l’itinérance], parce que des gens sont plus vulnérables. C’est criant. On va de crise en crise.»
Et bien plus, «on n’arrive pas à lever les yeux les uns envers les autres et se dire: peut-on avoir une vision de ce que sera Saint-Jérôme dans 10 ans par rapport à l’itinérance et la vulnérabilité de certaines personnes».
Il y a actuellement à Saint-Jérôme «un taux de chômage historiquement très bas. Mais ceux qui sont éloignés du marché du travail, il faut s’en occuper. Il y aura encore des crises et des bris de services, mais on peut avoir un espoir qu’il y aura une lumière au bout du tunnel […] Il faut avoir la volonté de s’attaquer aux sources de cette vulnérabilité-là. On ne peut pas penser à un taux de succès de 100 %. Mais si on donne des services à ceux qui sont en situation d’itinérance, il y a de l’espoir».

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