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Insouciance, incompétence ou manque de jugement

Photo Mychel Lapointe

Insouciance, incompétence ou manque de jugement

Publié le 13/02/2020

Mathieu Locas
La Commission scolaire de la Rivière-du-Nord a trouvé le moyen de faire parler d’elle à travers la province la semaine dernière. Le sujet est cette histoire de deux enseignants d’une école secondaire de Saint-Jérôme, victime d’atteinte à leur réputation par des élèves qui ont fait imprimer des t-shirts, en apposant la photo de l’un d’eux et en inscrivant le nom de famille de l’autre, en plus d’y ajouter le mot: suce.
Et quand je dis faire le tour de la province, ce n’est pas exagéré. Le 98,5 FM à Montréal a traité la nouvelle et plusieurs stations régionales l’ont reprise. J’ai discuté du sujet avec Bernard Drainville en compagnie du président du syndicat Christian Aubin. Le lendemain matin, j’étais sur les ondes de Cogeco, à Trois-Rivières. Justine Vachon, de CIME, a fait une entrevue à Cogeco Gatineau.
D’ailleurs, les données de réécoute sur le Web sont spectaculaires. Évidemment, je ne peux vous les dévoiler. Mais pour vous donner un ordre de grandeur, dans les quatre marchés mentionnés ci-haut, on parle d’une réécoute dix fois supérieure aux moyennes habituelles.
Est-ce que ce battage médiatique est la faute de la commission scolaire?
Non
Est-ce que la commission scolaire aurait pu mieux agir?
Oui
Évidemment, la commission scolaire ne pouvait pas empêcher un jeune de poser un tel geste. Par contre, quand est venu le temps de commenter, elle s’est réfugiée, deux fois plutôt qu’une, derrière la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. Je l’ai déjà écrit dans cette page que la base de la gestion de crise est: Présence – Compassion – Action . Zéro en trois pour la CSRDN.
Ça aurait été facile de sortir sur la place publique et de dire. «La loi nous interdit de commenter. Par contre, nous prenons la situation au sérieux. Nous allons fournir l’accompagnement nécessaire à nos enseignants. Pour ce qui est des sanctions, nous allons gérer ça à l’interne».
Comment donc interpréter ce silence radio?
Insouciance, incompétence ou manque de jugement.
Je ne sais pas!
Cette suggestion vient-elle de la responsable des communications Nadyne Brochu?
Je ne sais pas!
Est-ce la DG Guylaine Desroches a comme philosophie de sortir sur la place publique seulement quand des nouvelles sont bonnes et de s’éloigner de la chaleur quand le feu est pris?
Je ne sais pas!
A-t-elle consulté ses adjoints Michaël Charrette, Sébastien Tardif et René Brisson?
Je ne sais pas!
Mais, je sais une chose, les enseignants sont noirs de colère. Ils se sentent abandonnés par leurs patrons. Et le personnel d’encadrement, des T.E.S. jusqu’aux concierges, n’est guère plus impressionné.
Et vous les élus, vous réagissez comment? À vous entendre, votre présence est essentielle à la réussite des élèves. En consultant le Facebook du président Jean-Pierre Joubert, un prof que j’ai tellement apprécié en 1983-84, ça m’a fait quelque chose qu’il n’ait pas exprimé publiquement son appui aux enseignants entachés. Jean-Pierre a plutôt pris le temps de dénoncer l’utilisation du bâillon par le gouvernement Legault.
Et vous, les commissaires Martine Renaud, Manon Villeneuve, Éric Filiatrault, Martin Reid, Lucie Gagnon, Serge Forget, Robert Fugère, Danielle Leblanc, Lison Girard, Linda Gagnon, Sylvain-Michel Paradis, Isabelle Viau, Marie-Claude Turcotte et Annie Taillon, vous en pensez quoi?
Comprenez-moi bien. Je ne joue pas dans le film des grandes centrales syndicales provinciales à l’effet que la situation est toujours catastrophique en éducation. Ça fait 28 ans que je fais ce métier. Ça fait 28 ans que j’entends dire que ça va mal. Et ça fait 28 ans que j’entends dire que ça allait mieux avant.
Je termine en m’adressant aux 20 personnes nommées dans cette chronique. Je ne vous attaquais pas personnellement. Je parle de vous en lien avec la fonction que vous occupez.
Avez-vous apprécié lire votre nom dans le journal?
En fait, aimez-vous mieux lire votre nom dans le journal, pour une raison professionnelle, ou encore, voir votre face sur un t-shirt, avec le nom d’un collègue et le mot SUCE… et ainsi voir votre réputation personnelle entachée.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.