MATHIEU LOCAS
J’ai assisté au spectacle hommage à Boule Noire le samedi 3 août dernier. Durant les enchaînements, on y voyait des extraits d’entrevues télévisées où Georges Thurston racontait sa jeunesse à Saint-Jérôme et ses débuts dans la musique. Il a fait mention de la salle Ratelle, où de nombreux groupes ont débuté leur carrière. Je me suis alors souvenu d’une conversation que j’avais eue avec Stéphane Ménard (celui qui a tout orchestré le spectacle hommage), dans son studio, chez lui à Lafontaine. Il ne s’en souvient possiblement pas, mais je devais enregistrer quelques messages qui passaient en boucle au Tournoi atome de Saint-Antoine (maintenant Saint-Jérôme) au début des années 90.
On avait discuté de l’histoire de la musique à Saint-Jérôme. Quelques années auparavant, je sortais du secondaire et à ce moment je me souvenais de l’engouement pour la musique de plusieurs jeunes de mon âge. Le but premier de plusieurs élèves de Frenette, Marchand ou Saint-Stanislas (ces trois écoles offraient le programme pour les secondaires I et II, tandis que la polyvalente Saint-Jérôme accueillait les élèves des secondaires III à V), était d’être recrutés par Alain Gravel, le chef d’orchestre du Triolet. Année après année, ce groupe remportait des prix nationaux et avait même performé aux États-Unis.
Des noms
De nombreux Jérômiens ont performé à l’extérieur des frontières jérômiennes depuis les années 70. En rafale, Michel Cyr avec Uzeb, Cirque du Soleil, etc. Richard Leduc, saxophoniste et arrangeur pour Gerry Boulet. Alain et Mario Labrosse, percussions. Georges et Alain Bertrand, batterie et guitare. Pascal Gauthier (père de Margau de La Voix), claviériste accompagnateur de quelques artistes. Christian-Marc Gendron, album et spectacles thématiques et, depuis plusieurs années, la voix masculine des Folies du vendrediavec Paul Arcand au 98,5 FM. Sébastien Fauvelle (fils de Yves, fondateur Ligue senior Saint-Jérôme), batterie pour Sylvain Cossette et quelques productions musicales.
Durant mes recherches, je suis par hasard tombé sur le CV de Patricia Deslauriers. Elle a débuté sa carrière à la poly avec Alain Gravel et depuis, elle a accompagné Claude Dubois, Gregory Charles, Céline Dion, Notre-Dame de Paris, en plus d’avoir pris part à des galas télévisés ou des spectacles comme Juste pour rire ou la Fête nationale à Québec et Montréal.
Je sais, j’en ai oublié ou encore je ne savais pas pour d’autres. Par contre, c’est vraiment impressionnant de voir qu’autant de musiciens ont débuté leur carrière à Saint-Jérôme.
1850
Avant de parler de l’explication de Stéphane Ménard, il est bon de rappeler que Saint-Jérôme avait sa fanfare dès 1850. Elle avait été mise sur pied par Jules-Édouard Prévost, dont le petit-fils André Prévost (salle de spectacle de la polyvalente Saint-Jérôme) a fait rayonner ses compositions musicales à travers le monde. Il a même reçu des décorations du Québec et d’Ottawa.
Pour revenir à Stéphane Ménard, le succès musical de Saint-Jérôme a un lien direct avec la Seconde Guerre mondiale. Notre camp militaire, dont le bâtiment se trouve toujours sur la rue Fournier, accueillait certains musiciens du Royal 22e Régiment. La plupart des musiciens se retrouvaient au Régiment de Saint-Hyacinthe, mais il y en avait un certain nombre à Saint-Jérôme. Pas surprenant que plusieurs groupes des années 60 et 70 provenaient de Saint-Jérôme et Saint-Hyacinthe.
La Musique du 6e Bataillon Royal 22e Régiment a été mise sur pied en 1871 à Saint-Hyacinthe et près de 150 ans plus tard, 25 musiciens présentent encore des spectacles régulièrement.
Donc pour Saint-Jérôme, la Deuxième Guerre, même si plusieurs hommes ont dû s’enrôler contre leur gré, aura laissé une marque dans notre culture qui demeure présente 80 ans après le début du conflit mondial.
Merci à Henri Prévost, président de la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord, pour son coup de pouce dans la nomenclature de certains artistes issus de Saint-Jérôme.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.