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La patience jérômienne

L’ex-ministre Gaétan Barrette.
Photo Claude Cormier, archives

La patience jérômienne

Publié le 05/02/2020

MATHIEU LOCAS
J’ai passé le temps des fêtes à Saint-Jérôme. À un moment donné, un membre de la famille devait voir un médecin. Rien de grave, mais une visite s’imposait.
Plan A, des cliniques publiques aux alentours. On oublie ça!
Plan B, les cliniques privées. Également toutes pleines.
Plan C, l’urgence de l’Hôpital Saint-Jérôme. Être entré là avec une barbe fraiche faite, j’aurais dû la refaire en sortant… et ce n’est pas parce qu’elle pousse vite.
Plan D, l’urgence de Hawkesbury. Celle qui a été agrandie, selon l’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette, aux frais des contribuables du Québec, grâce aux nombreuses visites des Québécois, payées par le gouvernement provincial.
Nous avons opté pour le Plan D, même si c’était une situation qui nécessitait davantage une visite dans une clinique.
En arrivant, la salle d’attente débordait. Une trentaine de patients appelés et trois heures plus tard, nous avions le derrière dans le char, sur le chemin du retour.
En novembre dernier, j’avais posé la question au député provincial de Saint-Jérôme, Youri Chassin, pour savoir s’il y avait un projet de super-clinique dans les cartons. J’ai senti le malaise et, après hésitation, il a laissé tomber un NON.
Et pourtant, il y a quelques années, il y avait deux projets sur la table pour Saint-Jérôme.
Pourquoi aucune super-clinique dans toutes les Laurentides? Youri Chassin n’avait aucune réponse à fournir. Faut dire que la ministre de la Santé Danielle McCann n’est pas en plein contrôle de son ministère. La période des fêtes a été épouvantable pour les urgences du Québec. Ses cliniques d’hiver roulent aussi bien qu’un pneu de secours à plat. Sans oublier sa dernière bourde sur l’aide médicale à mourir pour les personnes psychiatrisées.
Pour avoir l’heure juste, je me suis tourné, en début de semaine dernière, vers le père des super-cliniques, l’ancien ministre de la Santé, Gaétan Barrette.
Avant de me parler du cas «Saint-Jérôme», il m’a rappelé la genèse du projet. Le premier critère de sélection est d’avoir au moins 50 000 de population. Avec les autres villes de la MRC de la Rivière-du-Nord, la population dépasse les 100 000 citoyens. Nous pourrions donc avoir deux cliniques.
«Notre structure fait en sorte que le gouvernement peut proposer, mais pas imposer. Une fois que les médecins s’étaient entendus, nous pouvions subventionner. Parmi les critères, les établissements doivent être ouverts 7 jours sur 7 et 12 heures par jour, avec une partie sans rendez-vous. Il fallait aussi offrir le service de radiologie. Dans le cas de Saint-Jérôme, il y avait deux projets. Un près de l’autoroute 15, et l’autre près de l’hôpital. Dans le dernier cas, il y avait un “deal” avec un promoteur immobilier pour rénover le bâtiment. Finalement, ça n’a jamais abouti».
– Même si vous n’êtes plus ministre et même critique en santé, avez-vous vu passer un projet? Les besoins sont là, la population est en croissance et rien ne bouge.
«Non rien vu. Il y a les cliniques d’hiver de la ministre McCann. Mais ça, c’est une “JOKE”! Ça ne marche pas et ça ne marchera pas pour une question de rémunération. Pour les médecins, l’argent est important. Je répète ce que j’ai déjà dit: un étudiant en médecine d’une université québécoise est en train d’être formé pour décrocher la job à temps plein la plus payante au monde».
Pour ce qui est des villes en bordure de la rivière des Mille-Îles, comme Saint-Eustache, Boisbriand, Rosemère, etc., Gaétan Barrette ne se souvient pas d’avoir vu passer un projet sous ses yeux.
Au Québec, on retrouve 51 super-cliniques, réparties dans neuf régions du Québec. Plus de la moitié se trouve à Montréal. Plus près de chez nous, on en retrouve six à Laval et une dans Lanaudière. Pendant ce temps, la ministre de la Santé ne sait trop où donner de la tête et l’urgence de Saint-Jérôme se retrouve chaque année parmi les pires au Québec. Le mot «patient» prend tout son sens chez nous.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.