La poudre à pâte et le judo

MATHIEU LOCAS

Avez-vous déjà fait une recette de gâteau et oublié la poudre à pâte? Moi oui. Conséquence : le gâteau ne lève pas pantoute.

C’est exactement ce qui s’est passé pour les opposants au projet de construction du complexe sportif de 32,5M$. Sur les médias sociaux, ils tempêtaient très fort pour que les gens aillent signer le registre pour s’opposer à l’emprunt supplémentaire de 8,1M$. À un moment donné, j’ai même cru qu’ils arriveraient à atteindre les 4 119 signatures nécessaires pour faire dérailler le projet. À la fermeture du registre, le 11 septembre, 121 noms étaient inscrits mais 25 signatures ont été rejetées.

C’est donc dire que malgré tout ce battage, 96 personnes se sont opposées au projet. En tant qu’organisation politique, je suis obligé de dire : Grosse vitrine, petit magasin. Le registre était ouvert du 27 août 9 heures au 11 septembre 17 heures.

Faisons ensemble un peu de judo politique. Comme au judo, il faut parfois faire un peu de contorsion pour analyser la joute politique.

D’abord, rappelons les faits. Le maire, les conseillers de son parti et l’indépendant Benoit Beaulieu votent en faveur d’un règlement d’emprunt supplémentaire pour construire ce centre multifonctionnel, dont le coût de construction atteint maintenant 32.5M$.

L’ancien député Marc Bourcier a fait une sortie publique en informant la population qu’il y a eu des échanges entre la Ville et l’Académie Lafontaine pour agrandir le complexe de soccer de l’école privée. Cependant, la discussion se serait arrêtée aux portes du cabinet du maire.

Les conseillères indépendantes Nathalie Lasalle et Johanne Dicaire ont clairement signifié leur opposition au projet. Parallèlement, plusieurs internautes, ont invité la population à s’opposer au projet en signant le registre. Malgré tout ce battage, 96 personnes ont signé.

Pour les trois personnes mentionnées précédemment, il est facile de recueillir une trentaine de signatures en quelques coups de téléphones. Nul doute que les opposants Web en ont recueillies tout autant.

Sans forcer, nous sommes rendus à 60 signatures. Le dernier tiers des signatures pourrait, et j’insiste sur le mot pourrait, provenir des gens qui ont été convaincus par le battage d’opposition.

Et c’est ici que le judo politique arrive.

D’une part, si j’étais le futur candidat à la mairie des opposants à l’actuel maire (disons Marc Bourcier, un nom qui revient souvent), je serais très inquiet. Inquiet parce que j’aurais devant moi une organisation politique décousue et de piètre qualité. Au moins, s’il y avait eu 2000 signatures, on aurait pu sortir la cassette de la victoire morale. Mais avec 2.3% des votes nécessaires, on parle d’un knockout à 11 secondes du premier round d’un combat prévu pour 12 assauts. L’intention était de faire un gâteau. Le résultat ressemble plutôt à une galette.

D’autre part, si je suis Stéphane Maher, je m’use les genoux à prier pour avoir une victoire à mon procès cet automne. Je me dis que l’opposition a tenté, sans succès, de me déstabiliser avec la taxe police, l’illumination de la cathédrale et un emprunt supplémentaire de 8.1M$. Sans trop faire de vague, avec une bonne organisation, la victoire est quasi assurée.

Et si je suis une personne qui vise la mairie de Saint-Jérôme et que seule ma famille est au courant, je commence à m’organiser. Et moi aussi, je m’use les rotules à prier. Mais prier pour que Stéphane Maher se fasse débouter devant le juge à son procès. Le début de ce paragraphe pourrait aussi très bien s’appliquer à Benoit Beaulieu qui a claqué la porte du parti de Stéphane Maher. Très effacé entre sa démission en novembre dernier et le début de l’été, le conseiller a fait quelques solides sorties au cours des derniers mois. Mijote-t-il à l’idée de se lancer dans une course à la mairie si la place se libère? Je n’ai pas la réponse. Mais la question mérite certes d’être posée.

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com