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Le boomerang

Photo Mychel Lapointe La route 117 dans le secteur Lafontaine

Le boomerang

Publié le 12/11/2020

MATHIEU LOCAS

Les recensements au Canada se font toujours la deuxième année d’une nouvelle décennie. À tous les dix ans, depuis 1871, on recueille des données sur la population canadienne. La prochaine cueillette est donc prévue l’an prochain. Deux ou trois ans après le recensement, l’Institut de la statistique du Québec utilise ces données pour y aller de projections démographiques. Après le recensement de 2001, le groupe a estimé que la région des Laurentides connaîtrait la plus forte croissance démographique des 25 prochaines années. Dix ans plus tard, l’Institut de la statistique du Québec a récidivé en affirmant la même chose pour la période entre 2011 et 2036. Au deuxième et troisième rang, on retrouvait l’Outaouais et Lanaudière.

Quelles sont les deux régions qui ont le réseau de la santé le plus handicapé, le réseau routier le plus en regard et le plus gros manque criant d’écoles? Les Laurentides et l’Outaouais.

En près de 30 ans de carrière, j’ai pratiqué mon métier principalement dans ces deux régions du Québec, sauf un intermède de deux ans à Montréal. Et depuis trois ans, je le fais simultanément dans les deux régions. Les problèmes à l’urgence de Saint-Jérôme sont les mêmes qu’à ceux de Hull et Gatineau. Les retards dans la construction d’écoles sont similaires aussi.

Cette situation est clairement dûe au manque de vision du Parti libéral du Québec. Aujourd’hui, ces deux régions reçoivent le boomerang en pleine face. Plutôt que de gouverner en fonction de la croissance démographique et des besoins à venir, on ne se cassait pas trop la tête avec l’Outaouais qui représentait cinq comtés gagnés d’avance. À Saint-Jérôme, peu importe le nom du candidat, il était cuit d’avance.

À la fusion en 2001, Saint-Jérôme avait 57 000 citoyens. Elle en a maintenant 80 000. C’est une augmentation de 40%. Les villes limitrophes ont aussi progressé tout comme les dégâts.

D’abord, en transport. La 158, entre Saint-Jérôme et Sainte-Sophie, est une vraie farce. Le temps presse car Sainte-Sophie a un gros projet dans ses cartons qui devrait être éventuellement être annoncé. Ce n’est pas avec une «trail à beux» qu’on va attirer une entreprise majeure. La 117, dans les secteurs Saint-Antoine et Lafontaine, n’a pas changé d’un poil depuis des décennies. Les poutres de béton sur le pont Lapointe, présentes depuis des années, ne sont pas là pour la décoration mais pour signifier les faiblesses de la structure.

En santé maintenant. La lenteur dans la rénovation de l’hôpital et le fait que le centre d’Youville soit demeuré ouvert aussi longtemps représentent des inepties en soi.

Et en éducation, là, ça dépasse l’entendement. Mise à part l’agrandissement du Cégep St-Jérôme, y’a quelques années, Saint-Jérôme a passé dans la mite plus souvent qu’à son tour. Le manque d’écoles est criant et l’UQO ressemble à une école primaire. En fait, le pavillon de l’Université de Montréal à Laval est plus gros que tous les pavillons de l’UQO réunis.

Au milieu des années 2010, le recteur de l’UQO de l’époque Jean Vaillancourt, un résident d’Ottawa soit dit en passant, s’est assis avec les ministres Stéphanie Vallée (responsable de l’Outaouais) et Hélène David (l’Enseignement supérieur). Le recteur s’est fait demander de choisir SA priorité entre la fusion des pavillons à Gatineau ou un agrandissement de celui de Saint-Jérôme. Il a eu toutes les misères du monde à trancher. Même s’il a penché pour Gatineau, rien n’est encore fait de part et d’autre.

Deux constats.

Le premier, les députés du comté, ADQ, CAQ et PQ n’ont pas eu assez de poids dans la balance pour faire bouger les choses, même les vedettes comme Jacques Duchesneau et Pierre-Karl Péladeau.

Le second, ça piétine autant depuis deux ans. Les dossiers des routes, des écoles et de l’hôpital n’avancent nullement. En visite à Saint-Jérôme en juillet dernier, même François Legault ne comprenait pas pourquoi l’agrandissement de l’hôpital n’avait pas encore débuté.

On a souvent rappelé que Duplessis posait de l’asphalte devant les maisons de ceux qui votaient du bon bord. En rejetant les prévisions démographiques, les libéraux nous ont laissé une impression de déjà-vu.

 

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.