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Le Club Sexu promeut la santé sexuelle chez les jeunes

Photo Marie Pier Lafleur – Selon la sexologue Sarah-Mathieu Chartier, une enquête rapporte une baisse inquiétante de l’utilisation du condom. Entre 2014 et 2022, l’usage est passé de 70 % à 61 % chez les garçons et de 63 % à 57 % chez les filles.

Le Club Sexu promeut la santé sexuelle chez les jeunes

Publié le 17/10/2025

Le vaste projet de sensibilisation destiné aux jeunes adultes des cégeps du Québec lancé par le Club Sexu va bon train. La campagne « Oh ouiii » vise à promouvoir le port du condom et le dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS).

Les cas d’ITSS étant en augmentation au Québec, particulièrement chez les jeunes de 15 à 24 ans, et l’utilisation du condom en forte diminution dans cette tranche d’âge, le Club Sexu entend ramener le port du condom et le dépistage des ITSS au cœur des habitudes des étudiants au cégep.

Pour Sarah-Mathieu Chartier, sexologue chargée d’enseignement à l’Université Laval et affiliée au Club Sexu, le constat est alarmant. Elle avance les données de l’Institut national de santé publique du Québec démontrant une hausse significative des infections transmissibles sexuellement. Les cas de gonorrhée ont augmenté de 21 % entre 2021 et 2022, dont 25 % touchent des jeunes de 15 à 24 ans. La chlamydia a augmenté de 11 %, avec 52 % des cas déclarés dans cette même tranche d’âge. La syphilis infectieuse a connu un rebond important de 44 % en postpandémie, 12 % des cas concernant les jeunes adultes.

La sexologue mentionne une enquête rapportant une baisse inquiétante de l’utilisation du condom. Entre 2014 et 2022, l’usage est passé de 70 % à 61 % chez les garçons et de 63 % à 57 % chez les filles.

« Pour nous, tous les jeunes adultes qui ont eu un partenaire dans la dernière année devraient passer un test de dépistage, tout comme on irait chez le dentiste ou pour un changement d’huile. »

Sarah-Mathieu Chartier, sexologue

Une approche positive face aux discours négatifs

La responsable précise qu’il y a eu « depuis la pandémie, une prédominance des discours un petit peu plus négatifs, centrés sur la honte, une montée des discours un petit peu plus conservateurs entourant la sexualité des jeunes notamment ». Cela « fait en sorte qu’il y a moins d’espace pour des discussions plus ouvertes, décomplexées, entourant la santé sexuelle ».

Pour contrer cette tendance, le Club Sexu entend offrir une nouvelle perspective, « une autre vision et des ressources, basées sur la science, mais dans un format plus accessible », explique-t-elle.

L’organisation a choisi de « proposer une alternative d’agir directement dans les cégeps, et sur les réseaux sociaux, véhiculant un discours positif, drôle, afin d’attirer l’attention des jeunes notamment.

La campagne, précise la sexologue, mise sur des messages positifs plutôt que sur la peur. « On a fait le choix de proposer des messages positifs, de célébrer les bons coups, de mettre en lumière aussi que c’est tout le monde qui est gêné d’aller acheter un condom à la pharmacie, mais de dire qu’il faut prendre son courage à deux mains. »

Cette approche est « éclairée par les données probantes », avance la sexologue, soulignant que « du côté de la science, les stratégies plus inclusives, plus positives, en termes de représentations, sont définitivement plus efficaces. »

Des outils variés pour rejoindre les jeunes

La campagne « Oh ouiii » propose plusieurs formats d’intervention. Le projet comprend des contenus sur Instagram, TikTok et YouTube, un site web avec des ressources pratiques, et un jeu interactif de type « histoire dont tu es le héros », des procédés ludiques qui plaisent. « Ce n’est pas infantilisant, ça crée une porte d’entrée moins menaçante et moins paternalisante », assure la sexologue.

Le Club Sexu a plus de 60 000 abonnés sur Instagram. Les visuels sont rafraîchissants, le ton est drôle. C’est une belle porte d’entrée pour aborder des sujets plus difficiles, soutient-elle.

L’initiative s’appuie sur une « échelle d’implications » permettant aux cégeps du Québec de participer selon leurs capacités, allant de la simple promotion en ligne jusqu’à l’organisation d’activités et de kiosques sur campus.

Des défis persistants

La sexologue souligne que les défis vont au-delà de la simple information : « On a différents profils, en fait, de jeunes adultes qui sont éclairés, qui ont quand même un bon niveau de connaissance, mais qui, lorsqu’il est temps d’agir, il semble y avoir un écart. »

Elle mentionne aussi les lacunes dans l’éducation sexuelle, soulignant un problème d’accès à une éducation à la sexualité de qualité dans plusieurs établissements au secondaire.

« Le Québec a fait de grands pas dans ce sens-là, mais ça reste difficile à implanter. »

Madame Chartier souligne par ailleurs le caractère souvent asymptomatique des ITSS, un aspect préoccupant, soutient-elle. « Il y a beaucoup, encore une fois, d’adultes et de jeunes adultes et de jeunes et de moins jeunes qui ne sont pas au fait qu’on peut être porteur sans nécessairement avoir de symptômes et donc de ne pas avoir d’éléments déclencheurs qui font en sorte qu’on va aller consulter ».

Un partenariat gouvernemental

La campagne bénéficie du soutien du ministère de la Santé et des Services sociaux ainsi que du ministère de l’Enseignement supérieur. Elle s’inscrit dans le cadre de la Politique gouvernementale de prévention en santé du gouvernement du Québec.

Le projet se déploiera principalement à l’automne, profitant de la rentrée scolaire pour « mettre plus d’espace, pour renforcer nos messages, être sûr que ça fait écho, que ça se rend aux principaux intéressés ». Les ressources demeureront toutefois accessibles tout au long de l’année scolaire.