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Le deal de l’église Ste-Paule

Photo Mychel Lapointe

L’église Sainte-Paule dans son état actuel.

Le deal de l’église Ste-Paule

Publié le 08/07/2020

MATHIEU LOCAS

Depuis le début de la COVID, au lendemain des séances du conseil municipal, les cinq journalistes sont conviés à un point de presse téléphonique avec Stéphane Maher et des hauts fonctionnaires. Nous avons trois rondes de deux questions. Au dernier rendez-vous, j’avais les questions 9-10, 19-20 et 29-30. Mes collègues ont épuré le dossier de l’achat de l’église Ste-Paule, pour la somme de 1$, avant mon premier droit de parole.

Au dernier tour, j’avais encore trois questions sur ma feuille. Je devais en abandonner une, mais quelque chose me «gossait» au sujet de cette transaction. Je me voyais, quelques années en arrière, dans les allées du Dollarama en train d’acheter des bébelles pour que mes filles fassent des châteaux de sable. Je me disais : «C’est impossible que j’ai payé 1$ pour une chaudière en plastique pendant que la Ville se paie cinq cadastres pour le même prix».

-Monsieur le maire, je sais que mes collègues en ont parlé mais je veux revenir sur le dossier de l’église Ste-Paule. C’est quoi le deal. Vous achetez du terrain que vous pouvez revendre à un promoteur, et en échange l’Évêché, vous demande seulement 1$. Y’a quelque chose! Ça ne se peut pas!

Stéphane Maher et le DG Yvan Patenaude ont confirmé que si la Ville vient qu’à faire un quelconque profit, elle doit retourner 30% à l’Évêché. Voilà le deal!

Dans le milieu ecclésiastique, l’Évêque de Saint-Jérôme, et depuis peu de Mont-Laurier, est reconnu pour son sens des affaires. Raymond Poisson n’a pas nié ce qualificatif quand je lui ai parlé, quelques jours après le dernier conseil municipal. Son défi de gestionnaire était double. Se débarrasser d’une patate chaude en matière de responsabilités civiles (on ne peut plus sonner les cloches car les murs pourraient s’effondrer) et continuer à soutenir les démunis (200 familles reçoivent une aide alimentaire chaque semaine).

Deux options sur la table.

1- Se tourner vers un promoteur privé. Le changement de zonage se veut un obstacle et pour ce qui est de l’aide aux démunis, cette vocation pourrait prendre le bord.

2- Vente à Saint-Jérôme. Rappelez-vous l’an dernier, le retrait de l’Évêché dans l’œuvre de la soupe à la Cathédrale est devenu un problème municipal. La fermeture subite du comptoir d’aide aurait le même effet.

Même s’il a foi en Dieu, notre évêque n’a pas la foi que l’église Ste-Paule va tenir debout bien longtemps. C’est pourquoi l’entente prévoit aussi la construction d’un mémorial mettant en vedette les cloches, si l’église est rasée.

Pour le maire de Saint-Jérôme, le son de cloche est différent. Pas question de démolir. On se retrouve devant un bel exemple de différence entre une décision administrative et une décision politique. Il va de soi que toutes les décisions municipales sont votées. Souvent, le vote n’est qu’une formalité. Vous ne verrez jamais un conseiller s’opposer à l’achat d’un Ford F-150 pour favoriser un Ram1500, car c’est de la poutine interne. Dans le cas de l’église Ste-Paule, le maire a mis son pied à terre.

Les fonctionnaires salivaient à l’idée de démolir le bâtiment et vendre le terrain à gros prix à un promoteur. Stéphane Maher a pété leur balloune. Curieusement, la COVID-19 a eu un effet miracle sur l’église Ste-Paule, un peu comme l’huile de Saint-Joseph auprès des miraculés du Frère André. Au début du printemps, quand le maire s’est présenté à l’ancien aréna Melançon, visiter les installations temporaires pour accueillir les itinérants, il a eu un choc. Il savait que les besoins étaient grandissants mais jamais à ce point.

Ça faisait déjà quelques années que Mgr Poisson tâtait le pouls auprès de Saint-Jérôme pour acheter l’église Ste-Paule. Au début de février, Stéphane Maher m’a avoué la possibilité d’acheter le complexe pour 1$, sans trop savoir pour l’avenir du bâtiment. Le discours a changé depuis. Le maire veut sécuriser l’église, le temps d’aller chercher toutes les subventions nécessaires avant de débuter les travaux. Par la suite, ce secteur deviendra l’épicentre de l’aide communautaire de la Ville. Et pourquoi pas des travaux pour donner accès à la rivière afin de mieux l’exploiter tant qu’à y être…

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com