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Le Lac Jérôme

Photo Mychel Lapointe

Le Lac Jérôme

Publié le 11/03/2021

MATHIEU LOCAS

Regarder l’ordre du jour d’un conseil municipal, c’est comme regarder la description d’une émission de District 31, ça ne veut souvent rien dire. Lors de la séance du 19 janvier dernier, l’alinéa 7.9 n’y faisait pas exception :

Accord de principe concernant un projet d’écoquartier – 9067-3823 Québec inc., Trémä Signature inc. et Société en commandite Le Boisé- Développement dans le prolongement de la rue Ouimet

A la parole aux conseillers, le président du comité consultatif d’urbanisme François Poirier a dévoilé les grandes lignes de cet écoquartier d’une valeur de 1 milliard de dollars qui rapporterait 15M$ en taxes annuellement. En l’écoutant, j’ai quasiment tombé sur le derrière.

Je me suis dit : «Wow, quelle bonne nouvelle économique pour Saint-Jérôme!»

Quand les journalistes ont reçu les lignes de presse pour résumer la séance du conseil, là je suis tombé sur le derrière pour vrai.

On nous rappelait l’appui à Sainte-Sophie pour l’élargissement de la route 158, une quelconque entente avec les pompiers auxiliaires et d’autres babioles. Rien sur le projet de 1 000 000 000$.

En point de presse, j’ai questionné Sophie St-Gelais sur l’absence de souligner ce qui est peut-être la plus grande nouvelle économique de l’histoire de Saint-Jérôme.

Elle m’a répondu quelque chose comme : «Nous sommes à l’étape préliminaire».

Cette laconique réponse ouvrait toute grande la porte à une dérape sur les médias sociaux.

Malheureusement… j’avais raison. Un vieux principe dit que la nature a horreur du vide. Ça s’applique aussi en politique. Dans le cas du Lac Jérôme, le vide a été comblé par une série de spéculations à un point tel que certains affirmaient presque les bulldozers abattraient tous les arbres autour du Lac Jérôme.

A la séance du conseil municipal suivante, comme il fallait s’y attendre, nous avons assisté à la première édition du Festival des questions sur le Lac Jérôme.  Sophie St-Gelais a dû insister à plusieurs reprises pour dire que le projet de développement ne touchera pas à un pouce du parc de 10 millions de pieds carrés.

Je vous ai souvent dit qu’il manque de pif politique et de stratégie de communication à Saint-Jérôme, cet épisode en est un bel exemple. Si le travail de transmission de l’information avait été fait en amont, il n’y aurait pas eu de «spinnage dans la bouette»

Dès le lendemain de ce conseil municipal de janvier, la Ville aurait dû tenir un point de presse pour dire quelque chose comme:

«Le projet est à l’étape préliminaire, nous sommes limités dans l’information à divulguer pour le moment mais nous avons un projet d’écoquartier de 1 milliard, la construction de milliers de résidences. Et il n’est pas question de toucher au parc du Lac Jérôme».

Le parti Vision Saint-Jérôme oublie parfois qu’il est au pouvoir depuis près de huit ans. Ce n’est pas parce que les taxes ont été gelées pendant presque toute cette période que tous les citoyens adulent le parti. On appelle ça l’usure du pouvoir.

Les opposants cherchent la petite faille pour lui mettre les bâtons dans les roues. Ce projet va passer à travers de trois ou quatre élections municipales. Ce n’est pas un dossier de parti mais un dossier de ville. Si ça part tout croche dans l’opinion publique, ce sont les autres conseils municipaux qui seront pris avec la patate chaude.

Récemment, j’ai soulevé le fait qu’il est paradoxal pour un parti de s’appeler Avenir St-Jérôme si le candidat à la mairie ne veut faire qu’un seul mandat. Je commence à avoir le même doute pour le nom Vision Saint-Jérôme. Il ne fait pas juste l’inscrire sur une pancarte électorale, il faut en avoir.

Ceci dit, je suis en faveur de ce projet. Saint-Jérôme doit grandir. Ce n’est pas avec les simples revenus de taxes actuels et surtout le vieillissement de la population que la Ville s’en va sur le bon bord. J’en parlais la semaine dernière, Saint-Jérôme fait face à une gestion de la croissance. L’agrandissement de l’hôpital, la construction de la nouvelle usine d’Autobus Lion et d’autres projets attirent de nouveaux travailleurs. Il serait malheureux que tous ces nouveaux citoyens s’installent dans des villes limitrophes et ainsi accentuer le phénomène de trou de beigne.

 

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com