Mathieu Locas
Pourquoi les gens vont prendre une marche à Saint-Sauveur plutôt qu’à Saint-Calixte? Pour voir du monde. Pourquoi Harvey’s, Tim, Subway et McDo s’installent en troupeau? Parce qu’il y a du monde. La Ville de Saint-Jérôme a décidé d’attirer du monde dans son centre-ville. Pas seulement quand il fait chaud sur les terrasses ou pour un spectacle à la Place des festivités? On veut du monde tout le temps.
Avant d’expliquer le projet, un peu d’histoire et de géographie. Dans la seconde moitié du 19esiècle, des urbanistes ont créé plusieurs centres-villes à partir d’un carré, souvent occupé par un parc. Saint-Jérôme a hérité de ce modèle. Et pour la géographie, les spécialistes travaillent souvent avec des gradients. Un gradient est une sorte de lignée de bâtiments ou édifices provenant du même secteur d’activités, comme un parc industriel, des entreprises, des institutions scolaires ou des lieux culturels. Le croisement des gradients économique et culturel identifie généralement un centre-ville. À Montréal, la Place des Arts est voisine du Complexe Desjardins tandis qu’à Saint-Jérôme, la Caisse Desjardins se retrouve face à la Maison de la culture. Chez nous, en périphérie, on ajoute l’UQO, le cégep, la salle Gilles-Vigneault, l’hôtel de ville, des bâtiments gouvernementaux et des entreprises privées. La recette est donc parfaite pour avoir du succès. Le problème, comme un pâtissier qui oublie la poudre à pâte dans son gâteau, notre centre-ville ne lève pas. La poudre à pâte d’un centre-ville, c’est le monde.
Y’a peu de logements dans le quadrilatère Labelle, St-Georges, de Martigny et Latour. Et parmi ceux que l’on retrouve, disons…. qu’on est loin d’être dans le trèfle à quatre feuilles. Oui, il y a des gros projets (Station 7, Mueller, etc), mais ils sont en périphérie du centre-ville.
Pour s’assurer d’avoir des habitants dans son centre-ville, Saint-Jérôme prend le taureau par les cornes. Plutôt que d’attendre que le marché se développe, la Ville va le développer. Le projet s’appelle le Centre urbain innovant. Il sera présenté au conseil municipal de la fin août. Le but est de se servir des stationnements municipaux comme effet de levier. La recette est simple : par-dessus le stationnement, on construit des commerces et par-dessus les commerces, on construit des logements. Les deux stationnements visés, pour le moment, sont P7 et P1, situés entre près de la promenade et l’ancien hôtel de ville ainsi que celui sur De Villemure, derrière l’ancienne caserne de pompier.
Pas question pour Saint-Jérôme de jouer le rôle des développeurs. Est-ce que les terrains vont continuer à appartenir à la Ville? Seront-ils prêtés ou loués sur 99 ans. Trop tôt pour le dire. Tout comme il est trop tôt pour parler de congé ou de réduction de taxes pour les futurs développeurs. L’objectif est d’attirer des jeunes diplômés (20-40 ans) afin qu’ils vivent, travaillent et s’amusent au centre-ville. Certains des espaces commerciaux seront aménagés en restos ou boutiques alors que d’autres se transformeront en «hub». Ces espaces de travail existent partout dans le monde et permettent à des professionnels de se retrouver. On peut louer ces espaces selon les besoins comme à la semaine ou au mois.
Pour le stationnement derrière l’ancien hôtel de ville, on s’attend à un début de construction au printemps 2023.
Balado
Pour avoir une autre dimension du projet, je vous invite à écouter l’entrevue réalisée avec la mairesse Janice Bélair-Rolland sur la chaine YouTube d’InfosLaurentides.
Correctif
Vous avez été nombreux à apprécier ma dernière chronique «radio corridor», en provenance des coulisses de l’hôtel de ville de Saint-Jérôme. Permettez-moi un correctif concernant l’ancien DG Yvan Patenaude. Contrairement à ce qu’on m’avait dit, il n’a pas cellulaire fourni par la Ville durant son périple autour du monde. Il y aura donc un remboursement des dépenses de son cellulaire. Désolé!
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com
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Mathieu Locas