Le suicide chez les hommes et femmes d’affaires…elle a perdu son ami

« Il souffrait de maladie mentale et, accablé par le poids de cette maladie, il a posé le geste irréparable, en 2019. Depuis, j’ai décidé d’en faire mon cheval de bataille ! Aux yeux de tous il était un bon vivant, un papa aimant, un génie en affaires et un gars ‘’qui était capable d’en prendre’’…C’est à ce mythe du dirigeant ‘’capable d’en prendre’’ auquel je souhaite m’attaquer aujourd’hui », raconte avec émotion, Véronique Plessis Bélair, chef de l’exploitation chez Web-Cab.

Un départ soudain qui a laissé un grand vide. Mais qui a aussi redonné un second souffle à toute l’équipe. « C’est comme si après le choc, nous avons été insufflés d’une énergie qui nous a incités à nous dépasser pour faire rayonner l’entreprise en son honneur. L’équipe s’est serrée les coudes et l’entreprise a atteint de nouveaux sommets, trois fois notre chiffre d’affaires. Souvent, nous avons une douce pensée pour lui en nous disant où qu’il soit, il doit être fier de voir où en est rendue l’entreprise qu’il a fondée ».

Son ami, partenaire et brillant dirigeant d’entreprise n’était pas le seul à souffrir. Lui, il a malheureusement commis l’irréparable, laissant dans le deuil enfants et épouse.

D’autres hommes et femmes d’affaires ont mal, mais heureusement ne sont pas passé à l’acte. Beaucoup ne sont pas bien dans leur peau, mais peu n’ose le dire d’où le vrai problème.

Des sondages confirment cette souffrance cachée. En effet, la BDC, la FCEI et le Regroupement des chambres de commerce révèlent que plus de 50% des dirigeants d’entreprise au Canada connaissent ou ont connu un problème de santé mentale. Dans plusieurs cas, c’est la détresse psychologique qui frappe et laisse de lourdes traces.

Superhéros

« Les dirigeants d’entreprise ont (à tort) trop souvent l’étiquette du superhéros. Celui (ou celle) qui est en parfait contrôle, que rien ou presque n’affecte et qui gère le stress de façon olympienne. Être à la tête d’une entreprise ne signifie pas être insensible et à l’abri de tout. Bien au contraire », dit avec fermeté Mme Plessis Bélair, qui souhaite sensibiliser davantage les gens d’affaires en cette 33^e semaine de la prévention du suicide du 5 au 11 février.   

Elle reconnait que les gens peuvent se sentir très seuls à la tête d’une entreprise lorsqu’ils doivent prendre de grandes décisions, surtout si la personne est la seule dirigeante, car quiconque dit entrepreneuriat dit aussi « risques » et quand on prend des risques ça vient avec d’importantes réflexions et préoccupations.

« Un dirigeant sait que ses gestes et ses décisions ont un impact sur ses employés et leurs familles et cette responsabilité peut parfois représenter un poids très lourd à porter! Un entrepreneur porte également souvent de nombreux chapeaux selon la taille de l’entreprise (Finances, Ventes, RH, Marketing) et bien que cela soit très stimulant, ça peut vite devenir épuisant. Le but ici n’est pas de plaindre les entrepreneurs et dirigeants, mais simplement de montrer le côté humain et vulnérable derrière ceux-ci, car trop souvent on les classe dans le rôle du « boss » en se disant que c’est « facile », car ils gèrent leur horaire et n’ont de permission à demander à personne pour prendre congé ou faire ce dont ils ont envie ».

Cette dernière, qui a pignon sur rue à Mirabel avec des tentacules partout en Amérique du Nord, invite les entrepreneurs à ranger leur cape de superhéros et de la garder pour l’Halloween avec leurs enfants, « là où elle jouira de son plein potentiel! Prends soin de toi autant que tu prends soin de ton équipe et de ton entreprise, parle, accorde-toi de petits moments pour t’apaiser et recharger tes batteries pour que la passion qui t’anime continue de couler dans tes veines ».

Ces gens sont parfois vulnérables et ils ont le droit de l’être. Il faut simplement ne pas hésiter à demander de l’aide pour parler et se sentir écouter par d’excellents coachs d’entreprise, des psychologues travaillant spécialement avec des dirigeants d’entreprise, des regroupements de chefs d’entreprises, des consultants de diverses natures. Il y a toujours le Centre prévention du suicide, 24 heures sur 24 : 1 866 APPELLE (1 866 277-3553) ou encore plus près de chez-nous, le Centre prévention Faubourg : 450- 569- 0101. Un simple téléphone peut changer une vie!