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L’Église et le haut du village

L’église Sainte-Paule.
Photo Mychel Lapointe

L’Église et le haut du village

Publié le 27/02/2020

MATHIEU LOCAS
Les réactions ont été nombreuses à l’annonce de la fermeture de l’église Ste-Paule, publiée le 29 janvier dernier, dans Infos Laurentides. On a beau avoir mis la religion de côté, ça nous touche, car les églises font partie de nos racines. Que ce soit une première communion, un mariage, un baptême ou des funérailles, nous avons tous un souvenir. Les réactions ont aussi été nombreuses puisque c’est au sous-sol de cette église que 300 familles demandent un coup de pouce pour se nourrir toutes les semaines.
Dans la période industrielle de Saint-Jérôme, l’Église avait son nez dans tout ce qui touchait le quotidien des gens. Avant la naissance de la Fédération du hockey mineur, les paroisses organisaient les saisons de hockey. Au niveau économique, chaque quartier de Saint-Jérôme avait sa taverne et le curé devait approuver l’obtention du permis. C’est pour cette raison que la Taverne Le Baril a été l’une des dernières à voir le jour. Le curé Joseph Matte ne voulait rien savoir de donner son aval au projet. On était loin de la Régie des alcools, des courses et des jeux. Faut dire que Jos Matte était tout un personnage. En plus de faire peur à bien des enfants, il ne manquait pas d’être vu au volant de sa Cadillac, avec son gros berger allemand assis sur le siège avant. Pendant ce temps, la bonne n’avait pas d’autres choix que de prendre place sur le siège arrière.
Pour revenir à l’église Ste-Paule, elle représentait un point d’ancrage du haut du village. Ce quartier était le refuge des ouvriers de la Diva Shoes et de la Dominion Rubber. Bien que convenables, les propriétés et des logements ont souvent été plus modestes que dans certains autres secteurs de la ville. Curieusement, au moment où la richesse s’installe et que les investisseurs ont un engouement pour le quartier, l’église se retrouve face à un manque de liquidités pour survivre.
Et quand je parle d’engouement, c’est peu dire. La valeur des terrains et des propriétés est à la hausse. Je vous parlais récemment de la vente de l’ancien terrain de Casavant au coût de 750 000 $. Le terrain de l’ancien garage, au bout de Léopold-Nantel, sur Labelle, est sur le point de voir naître des immeubles à logements. Sur Saint-Georges, à la mi-février, il y avait un quadruplex à vendre pour 260 000 $ avec un terrain de moins de 5 000 pieds carrés. Dans sa publicité, le courtier affirme carrément que vous pouvez aussi acheter le voisin, tout sacrer à terre et y construire un 16 logements. Plus d’un quart de million pour un si petit terrain, ça vous donne une idée de l’engouement pour le secteur.
Via Messenger, j’ai eu une courte conversation avec Mario Leclair, propriétaire du terrain de l’ancienne Dominion-Rubber/Uniroyal. Peu bavard sur les projets, il a tout de même avoué que ça bougeait. En langage immobilier, bouger veut soit dire que des investisseurs ont de l’intérêt pour son terrain, ou qu’il est, lui-même, sur sa table à dessin.
Le développement industriel de Saint-Jérôme a été très nord-sud. Normal, les entreprises s’installaient le long de la rivière du Nord. C’est pourquoi, les quartiers Saint-Lucien, Sainte-Marcelle, centre-ville et Sainte-Paule représentent les plus vieux de la ville. Dans les années 50 et 60, les nouvelles résidences unifamiliales des quartiers Saint-Pierre et du Domaine Parent ont vu apparaître une nouvelle classe de gens plus aisés.
Depuis une dizaine d’années, nous avons assisté à une explosion des coûts des terrains dans la région de Montréal. Pour avoir des terrains le moindrement abordables, les développeurs se sont donc tournés vers Saint-Jérôme. Le développement des terrains des anciennes Mueller et MLViau en est une belle preuve.
Préparez-vous donc à voir un changement de look pour la nouvelle décennie dans le Haut du Village.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.