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Les élèves au cœur des priorités: pffff!

Jean-Pierre Joubert, président de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord.

Les élèves au cœur des priorités: pffff!

Publié le 15/10/2019

MATHIEU LOCAS

Jean-Pierre Joubert, président de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord, m’a enseigné en 6e année à l’école Saint-Joseph, en 1983-84. C’est un enseignant que j’ai beaucoup apprécié. On a tous eu des profs marquants dans notre cheminement scolaire et JP (parce qu’à l’époque, on tutoyait les enseignants et je m’étais permis ce surnom) fait partie de ceux-là. Aujourd’hui, je dois mettre mon admiration de côté pour faire mon travail.
Le 3 octobre dernier, vers 9 h 30, la direction de l’école primaire Val-des-Monts a fait évacuer ses élèves en raison d’une forte odeur de monoxyde de carbone. Justine Vachon, journaliste à CIME, a obtenu l’information grâce à ses contacts. En fait, elle a mis la main sur la note envoyée aux parents. Ne se contentant pas uniquement de diffuser cette note interne, Justine a communiqué avec le service d’incendie pour avoir plus de détails.
Les pompiers l’ont référée à la Commission scolaire et à la Ville de Prévost. Elle a donc fait une demande par courriel à la CSRDN en plus de vérifier le compte Facebook et le site Internet de l’organisation pour tenter d’en savoir plus. Malheureusement, il n’y avait aucune information sur le Web et le retour d’appel n’est survenu qu’en milieu d’après-midi.
Le même jour, la CSRDN semblait pourtant disponible à diffuser de l’information. En fait, elle était surtout disponible pour faire de la politique provinciale.
Ainsi, le 3 octobre dernier, le président Jean-Pierre Joubert publiait un communiqué de presse intitulé Modification à la gouvernance scolaire: le conseil des commissaires de la CSRDN inquiet. Dans le deuxième paragraphe, on écrit que «les décisions prises par le conseil des commissaires de la CSRDN sont d’ailleurs à la base de l’amélioration fulgurante des taux de réussite (…) (et que) le taux de diplomation et de qualification est passé de 72 % à 77 % au cours des cinq dernières années. Un peu plus loin, et j’ai d’ailleurs failli me cracher une rotule en m’étouffant, on lisait le sous-titre suivant: Les élèves au cœur des priorités.
En résumé, le 3 octobre dernier, la priorité de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord a été de faire de la politique. Entre la réalité et la perception, on se fie toujours à cette dernière. Cette journée-là, la CSRDN nous a démontré avoir mis l’emphase sur la communication pour sauver les fesses de commissaires scolaires, élus par 4 % de la population, au détriment de jeunes sortis d’une école en raison d’un taux de monoxyde de carbone trop élevé. Et la cerise sur le sundae, on affirme que les élèves sont au cœur des priorités.
Ensuite, ne se contentant pas de trouver un coupable à l’interne pour ce manque de communication aux parents, on me dit que la chasse aux sorcières a été entamée pour trouver la source qui avait informé la «méchante» journaliste.
Cet épisode me démontre que les commissions scolaires représentent une organisation d’une autre époque. Au début, le principe était: No taxation without representation. En d’autres mots, pour pouvoir taxer, il fallait des représentants élus par le peuple. Mais comme le peuple ne vote pas, à quoi bon garder des commissaires scolaires.
Déjà que la structure est lourde. Autour de votre enfant, on retrouve les enseignants, la direction d’école, le conseil d’établissement, le comité de parents de l’école, le comité de parents de la commission scolaire, le syndicat des enseignants, la direction régionale, la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement, l’Association des directions d’établissement d’enseignement des Laurentides, le ministère de l’Éducation et le ministre de l’Éducation. Et comme si ce n’était pas assez, il y a en plus les commissaires scolaires.
Vous vous doutez aussi bien que moi que toutes ces organisations ont à cœur la réussite des élèves… en autant que le gouvernement ne leur enlève pas de pouvoirs.
J’ai donc la profonde certitude que la fin des commissions scolaires ne fera pas augmenter la vente de papiers mouchoirs au Québec. Désolé Jean-Pierre, mais on doit tourner la page sur cette structure archaïque.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com