L’hiver dernier, j’ai fait quelques demandes d’accès à l’information à la défunte Commission scolaire de la Rivière-du-Nord. Avec la fermeture des écoles, j’ai simplement mis le dossier de côté. En cette rentrée scolaire, je vous présente les chiffres fournis le 20 mars dernier. Des chiffres toujours d’actualité car ça concerne les enseignants et les années «calendrier» entre 2017 et 2019.
J’ai demandé deux choses : le nombre d’enseignants victimes d’agressions par des élèves et le nombre d’enseignants en congé de maladie. La hausse du pourcentage est importante. Commenter des rendements boursiers avec de tels chiffres, je parlerais de hausses spectaculaires. Comme il s’agit d’humains, je parle d’une hausse catastrophique.
Débutons par les enseignants en congé de maladie avec le tableau ci-bas. Le nombre de profs en assurance salaire a plus que doublé, au primaire, entre 2017 et 2019. Ces enseignants sont au rencart pour plusieurs raisons : cheville brisée en raison des trottoirs «trop bien déneigés», maladies chroniques et surmenage. Impossible d’identifier le pourcentage de surmenage mais pour avoir parlé à plusieurs personnes dans le milieu de l’éducation, je vous confirme qu’il est en hausse. Au secondaire, la hausse est moins significative mais atteint tout de même de 12% en deux ans.
| 2017 | 2018 | 2019 | |
| Primaire | 60 | 85 | 121 |
| Secondaire | 50 | 47 | 56 |
L’autre demande concerne les agressions. On ne m’a pas fourni un tableau, comme pour les congés de maladie, mais j’ai obtenu les fiches écrites par les enseignants. En comptabilisant les fiches, on arrive à :
2017 : 38 dossiers
2018 : 55 dossiers
2019 : 70 dossiers.
Une hausse de 85% sur deux ans. Ces agressions ne concernent pas seulement les enseignants mais tout le personnel des écoles.
J’ai lu toutes les fiches replies par les personnes agressées. Voici donc, en rafale, quelques-uns des commentaires des victimes.
Il me prend les doigts, les tord et me donne des coups de pieds… Une élève m’a frappé deux fois au visage, elle m’a égratigné l’œil… Un élève m’a lancé une chaise sur la jambe droite… Il m’a frappé à deux reprises mes seins, il a pris ma chaine pour m’étrangler… Il me mord au sang à travers mon chandail…Elle a grafigné, laissant plusieurs égratignures saignantes… Il me donne un coup de plâtre, je suis à 14 semaines de grossesse… Il me mord à l’épaule gauche (…), l’infirmière de l’école me suggère fortement de consulter au CLSC pour une éventuelle injection pour TÉTANOS… Il me lance des punaises, un appel aux policiers a été fait… Maudite pute, je vais te tuer, je vais te rentrer mes ciseaux dans le corps… Il me donne un coup du ventre, j’ai quelques contractions par la suite…
Je vous rappelle que ces propos viennent d’élèves d’ici entre 2017 et 2019. Des solutions; je n’en ai pas! Et je n’endosse pas le discours des grandes centrales syndicales qui est : «donnez plus d’argent aux profs, comme ça, on va pouvoir récolter plus de cotisations syndicales et ainsi atteindre nos objectifs de rendement à l’échelle nationale». Je crois qu’on est davantage dans les ressources intermédiaires.
Jean Charest a passé près de dix ans à diriger la province. Il était le champion pour parler, pendant 15 minutes, sans ne rien dire. Une fois, dans un contexte qui m’échappe, il s’était adressé aux parents en disant. «Occupez-vous de vos enfants!» Il avait raison.
Ça fait près de 20 ans que je vais dans des rencontres de parents pour recueillir le bulletin de la première étape. Au primaire, c’est facile, le prof te donne un rendez-vous à une heure précise. En sec 1 et 2, on fait la file, parfois plus d’une heure pour avoir quelques minutes avec un prof. A partir du sec 3, tu peux rencontrer six enseignants en moins de deux heures. Plus l’élève monte, moins les parents suivent. Ça ne devrait pas être le cas.
Même si je n’ai pas de solutions, permettez-moi trois suggestions.
-L’enseignant a le droit d’avoir raison au détriment de votre «p’tit pou».
-Occupez-vous de vos enfants.
-Aimez vos enfants.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com
MOTS-CLÉS
Mathieu Locas