Vous l’avez sans doute entendu, le 12 mars dernier, le gouvernement du Québec a annoncé un budget déficitaire de 11 milliards de dollars, une situation que les municipalités n’entrevoient pas d’un bon œil. Qu’en pensent les maires de nos villes? Nous nous sommes entretenus avec Xavier-Antoine Lalande, préfet de la MRC de La Rivière-du-Nord et maire de Saint-Colomban, qui nous partage ses réflexions sur les implications de ce budget pour les municipalités.
« Ce n’est pas un budget très prometteur. Le gouvernement nous prépare depuis longtemps à travailler avec des ressources limitées. Un déficit de 11 milliards de dollars met encore plus en évidence la nécessité de s’affranchir un peu des programmes de subvention. »
Bien que ces programmes soient essentiels, M. Lalande croit que les municipalités doivent tenter de trouver d’autres alternatives pour garantir la fourniture des services et répondre aux attentes de la population.
« Les gens l’ignorent, mais le secteur municipal est responsable de 60% des infrastructures, mais il ne reçoit pas 60% des revenus. Nous représentons l’instance gouvernementale qui perçoit le moins de revenus comparativement aux niveaux provincial et fédéral, et pourtant, c’est nous qui avons le plus d’infrastructures à gérer, de l’entretien à leurs développements. L’accès à des fonds est limité, ce qui explique en partie le déficit d’infrastructures, l’état dégradé des routes, des écoles, etc. »
Selon le maire, chaque municipalité devrait bénéficier de plus d’infrastructures sportives sur son territoire pour le bien-être des citoyens.
« Nous sommes toujours en train d’évaluer quelle est la plus pertinente à construire ou à rénover en priorité, et ce budget ne répond pas à ces préoccupations. »
Par ailleurs, les municipalités souhaitent que les programmes gouvernementaux soient indexés.
« Les montants alloués restent inchangés d’une année à l’autre malgré l’augmentation des coûts. Cela fait diminuer la part assumée par les gouvernements dans le temps et augmente la charge pesant sur les municipalités », soutient M. Lalande.
L’Union des municipalités du Québec du même avis
D’ailleurs, le président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Martin Damphousse, a tenu a rappelé au gouvernement du Québec par voie de communiqué que le milieu municipal continue d’avoir des attentes ambitieuses, auxquelles le budget actuel ne répond pas, ou que partiellement.
Il a toutefois tenu à préciser que certaines mesures du présent budget répondent à des enjeux exprimés par le milieu municipal. Notamment, de nouvelles mesures pour appuyer le secteur forestier ont été annoncées, avec 347,5 millions de dollars sur cinq ans. De plus, l’appui à la desserte aérienne régionale bénéficiera de 27 millions de dollars sur trois ans.
Enfin, la protection de l’environnement et l’adaptation aux changements climatiques seront renforcées avec une enveloppe de 127,5 millions de dollars sur cinq ans, incluant une aide de 102 millions de dollars pour assurer la sécurité dans le contexte des changements climatiques et agir face à la hausse des sinistres majeurs. Cela inclut entre autres la mise en place d’une équipe d’intervention disponible en tout temps.
Or, le président de l’UMQ exprime sa grande préoccupation quant au manque d’investissements pour répondre aux besoins de la population en matière de transport collectif.
« Le budget ne prévoit aucune somme additionnelle pour le financement du transport collectif afin de répondre aux besoins de l’ensemble des régions du Québec. Il s’agit d’un moment crucial pour assurer son développement. Le transport collectif est un élément clé pour le succès des projets de développement économique, ainsi qu’un levier indispensable pour atteindre nos objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’aménagement durable du territoire. »
MOTS-CLÉS
Saint-Colomban
Xavier-Antoine Lalande
Union des municipalités du Québec (UMQ)