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Les policiers de Saint-Jérôme sont au bout du rouleau

Caroline Bernard, M.O.M directrice adjointe du Service de police de la Ville de Saint-Jérôme, Julien Heon, vice-président croissance et réussite client chez HALEO, Marie-Ève Isabelle, cheffe de division du Service du capital humain et le lieutenant Daniel Bourdon, représentant de l’exécutif de l’Association des policiers et policières Saint-Jérôme métropolitain.

Les policiers de Saint-Jérôme sont au bout du rouleau

Publié le 10/11/2022

Huit policiers sur 10 sont épuisés, voire « brûlés », au sein du corps de police de la Ville de Saint-Jérôme. Un inquiétant constat qui demande l’intervention d’une équipe externe pour remédier, du moins pallier, à la situation avant que le tout se transforme en une pathologie de la santé mentale.

« Nous voulons éviter les chocs post traumatiques. Nos policiers et policières éprouvent des troubles du sommeil. L’insomnie est reliée au stress. Les policiers sont cinq fois plus à risque d’avoir des troubles du sommeil que la population générale », affirme M.O.M la directrice adjointe du Service de police de Saint-Jérôme, Caroline Bernard, en entrevue téléphonique avec Infos Laurentides.     

Ce sont principalement des raisons d’horaires de travail atypiques avec quarts rotatifs et des situations de stress intenses au quotidien qui épuisent mentalement et physiquement les policiers.

Consciente qu’un policier en arrêt de travail risque de coûter cher aux contribuables avec une convention collective en béton, la direction a décidé de travailler en amont en premier avec les 150 agents, les civils, au nombre de 50, en bénéficieront par la suite. 

Clinique HALEO

C’est alors qu’arrivent en renfort des spécialistes des troubles du sommeil avec une gamme de services, notamment un accès illimité à des programmes novateurs pour ce traitement. 

Une thérapie de cinq semaines, à raison d’une rencontre virtuelle de 30 minutes, une fois par semaine, pour « donner des techniques et tactiques pour permettre aux policiers d’apprendre comment dormir le jour sans avoir d’impact sur la fatigue, par exemple », explique Julien Heon, vice-président croissance et réussite client chez HALEO. 

La thérapie cognitivo-comportementale de l’insomnie (TCCI) est un incontournable pour ces policiers anxieux ou dépressifs, ayant visiblement besoin de soins. « Les rencontres se passent avec des psychologues ou neuropsychologues et au lieu d’attendre 18 mois pour avoir un rendez-vous avec le système de santé, les gens reçoivent le service dans le confort de leur salon », enchaîne M. Heon, estimant les taux de réussite de la TCCI à 94%. 

Ce dernier s’est dit impressionné par le « côté innovateur et visionnaire de Saint-Jérôme ». Le premier service de police au Québec, à l’exception du SPVM, a emboîté le pas, signe que la direction se préoccupe de la santé mentale de ses hommes et ses femmes de Loi.

« La thérapie va peut-être permettre de découvrir pourquoi certains policiers font des cauchemars. Ils vivent peut-être des problèmes de santé plus difficiles à détecter. Nous voulons le mieux possible outiller nos policiers pour éviter des congés forcés », souligne Mme Bernard. 

Déjà certains sont en arrêt de travail n’étant plus capable de fonctionner normalement. Une problématique qui vient accentuer la pression sur les autres, car les effectifs sont réduits au minimum. Même avec les quatre nouveaux policiers qui sont arrivés en début de semaine, il manquerait une dizaine d’autres agents pour éviter de surcharger leurs confrères.

TSO

Le temps supplémentaire obligatoire, mieux connu dans le jargon policier sous l’acronyme TSO,  est aussi un élément qui déchargent les batteries des policiers. « Nous essayons de limiter le TSO au maximum, mais en 2022, une vingtaine de fois nous avons été obligés de l’imposer. Sans la participation incroyable des policiers qui se portaient volontaires pour rester et continuer un autre chiffre après leur chiffre régulier, le TSO aurait été beaucoup plus important, car nous avons eu un été mouvementé », conclut Caroline Bernard. 

Notons que le Sécurité publique de Saint-Jérôme s’accapare de près de 40 millions de dollars du budget municipal, soit 23% des 165M$.