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Les proches aidant« Il faut se déculpabiliser  »

Les proches aidant« Il faut se déculpabiliser »

Publié le 28/09/2022

 

Le moment le plus difficile est le placement de l’enfant, loin de ses parents. À la sortie de l’hôpital, le spécialiste avait fortement conseillé aux parents de ne pas garder leur fille avec eux à la maison et d’accepter que son état de santé nécessite probablement un placement à vie dans un centre adapté.  Il y a de ça 18 ans. 

Aujourd’hui, Claude Girard confime. Son épouse, Hélène renchérit.  « C’est normal que tous les parents refusent de placer leur enfant. Ils disent qu’ils seront capables de lui venir en aide. Pas une bonne idée, car vous n’aidez pas la personne malade, et c’est votre propre santé qui en souffrira. C’est trop demandé pour les proches qui ne peuvent offrir un traitement adéquat », livre M. Girard. 

« Le sentiment de culpabilité est énorme. Mais il faut trouver la meilleure place pour notre fille avec les meilleurs soignants. Pas facile à accepter, sauf c’est la meilleure chose pour tout le monde », confie sa conjointe, Hélène. 

Ces parents, aussi, ont attendu trop longtemps avant de demander de l’aide. En frappant à la porte du Centre d’aide pour personnes traumatisées crâniennes et handicapées physiques des Laurentides (CAPTCHPL), cinq ans après le drame, le long processus du deuil s’est accéléré.

« En échangeant avec d’autres familles qui vivent la même situation que toi, ça fait du bien. Il faut extérioriser notre douleur et cesser de se sentir coupable », lance l’homme de 79 ans.

Si reconnaissant envers le CAPTCHPL, Claude Girard s’impliquera au sein de l’organisme 

communautaire autonome, fondée en 1997, jusqu’à tout récemment, dont plusieurs  années à la présidence. 

« C’est la seule ressource spécialisée dans les Laurentides. Une région qui dénombre quelques 3000 personnes handicapées physiquement ou vivant avec un traumatisme crânien et leurs proches aidants », souligne M. Girard, ajoutant que le CAPTCHPL célébrera son 25e anniversaire de naissance, le 23 septembre, lors d’un cocktail, souper et soirée dansante au Grand Times Hôtel de Blainville.

Les Girard parlent de l’accident de leur fille aînée comme s’il était survenu, hier. Pourtant, le drame s’est produit en 2005. C’est qu’ils sont incapables d’oublier. « La vie de toute la famille a basculé en un instant, ce matin-là» .

Sauvée par un ambulancier

Au volant de sa voiture, Martine a frappé de plein fouet un mur de béton sur l’autoroute 640 à la hauteur de Bois-des-Fillions, le matin du 9 août 2005. Un ambulancier en civil qui passait par là, a vu de la boucane de la voiture en feu. « Il a rapidement secouru Martine, ce qui explique qu’elle n’a pas manqué longtemps d’oxygène au cerveau », mentionne le père, obligé de replonger dans ses douloureux souvenirs, le temps de l’entrevue.

Mais le mal étais déjà fait. Un traumatisme crânien avec les facultés cognitives touchées. Un mois de coma, trois mois à l’hôpital. 

« La première année de réhabilitation est très intense. Tu dois ressortir les photos et les vidéos pour rafraîchir la mémoire de la victime. Comme Martine a deux enfants, mais elle ne se souvient pas de les avoir mis au monde », cite en exemple le paternel qui a dû déménager à Saint-Jérôme pour se rapprocher de sa fille. 

« La deuxième année aussi, c’est très demandant. C’est à ce moment qu’il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à un organisme comme le CAPTCHPL. Ils sauront quoi faire, quoi dire et quand le faire, ça fait toute la différence ». 

« Placée » avec des personnes âgées

Incapable de retourner travailler comme gérante dans un magasin de vêtements et inapte à demeurer seule dans sa maison, à Boisbriand,  Martine sera alors hébergée dans une résidence pour personnes âgées autonomes et semi-autonomes. Elle a 36 ans. « Nous avons dû la sortir de là après six ans, car le personnel n’était pas formé pour ce genre de cas lourd. C’était dangereux pour elle ».

Un second endroit, mieux adapté, lui permettra alors de développer et de maintenir des habiletés. « Martine semble tout à fait normal les 5 premières minutes de la conversation, mais ensuite, plus rien ne se tient », explique son père.

Aujourd’hui, Martine a 53 ans et elle vit à la résidence Au cœur de la vie à Saint-Jérôme. Elle va faire son tour une fois par mois chez Walmart en transport adapté. Ses parents ont dû avec le temps limiter les appels et les visites à une fois par semaine, car Martine était souvent en crise et demandait énormément d’énergie à ses parents vieillissants.

Martine a maintenant trouvé son havre de paix, entourée de professionnels, au grand soulagement de ses parents.