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Mois du cancer du sein: Elle se livre à coeur ouvert

Mois du cancer du sein: Elle se livre à coeur ouvert

Publié le 27/10/2022

Atteinte du cancer du sein, Lynda Ouellet est passée par toute la gamme des émotions depuis quatre ans, de la tristesse à la joie, sans jamais abandonner, même si son corps est aujourd’hui meurtri.

Lynda Ouellet est une persévérante. Une femme qui dit et montre les vraies choses, sans pudeur. Sans sein, elle dit ne jamais avoir été aussi féminine. 

« Je n’ai jamais aimé mes seins (bonnet E). De ne plus en avoir, ça n’a pas été un deuil. Le plus important, c’est que je sois encore en vie », lance la sympathique et attachante Lynda, dans une longue entrevue en personne avec Infos Laurentides. 

« Je porte plus de vêtements fleuris, du blanc, du rose. Je vais chercher ma féminité par la tenue vestimentaire, notamment ».

Si la femme de 49 ans parle de son cancer avec une facilité déconcertante, trouvant les bons mots et les phrases sensées pour dédramatiser la maladie, c’est qu’elle est toujours restée les deux pieds sur terre. « J’ai pleuré. J’ai crié ma rage. J’ai voulu tout sacrer là, j’avais trop mal ».

La mammographie lui a sauvé la vie

Née d’une famille avec un lourd héritage de cancers du sein, Lynda Ouellet était étroitement surveillée par son médecin de famille depuis l’âge de 39 ans. C’est à la suite d’une mammographie suivie d’une échographie qu’une « petite bosse » est découverte. 

« Je ne suis pas tombée sur le cul car je m’en doutais. Je me dis un petit cancer, on enlève le sein, peut-être un peu de radiothérapie, pas de chimio, et le tour est joué », croit alors la résidente de Mirabel. 

Deux semaines plus tard, le « petit cancer » s’est transformé en une « tumeur agressive ». Il est passé d’un seul ganglion à huit, d’une tumeur de 1 cm à 6 cm et demi et d’un stade 2 à un stade 3. « Si je ne fais rien, je vais mourir », livre avec une grande sagesse celle qui avait perdu sa belle-mère l’année précédente, morte du cancer. 

Le dur combat

Avant de débuter le souffrante chimiothérapie, une batterie de tests est nécessaire pour savoir, entre autres, si le cœur va tenir le coup. Les résultats sont positifs. La chimio est lancée, un mois après avoir reçu le troublant diagnostic. Perte de poids de 30 livres, contracte la C. Difficile, hospitalisation d’urgence. Ça ne va pas bien.

Le pire est passé. Elle reprend des forces, mais la chimio poursuit ses ravages. Les effets secondaires demeurent et sont de plus en plus douloureux. 

« Les cheveux tombent avec tous les poils du corps, comme des feuilles qui tombent de l’arbre à l’automne. Le plus difficile, les sourcils, car là tu as l’air vraiment malade. La physionomie n’a plus d’émotion. Tu n’as plus d’expression faciale. Ça été dur moralement », confie cette agente des services correctionnels à l’établissement de Saint-Jérôme, présentement en arrêt de travail.

La plus grande décision

Remise d’une épilation complète et gratuite, elle doit faire un choix déchirant : mastectomie avec ou sans reconstruction des seins. 

Malgré qu’elle prendra quatre longs mois de réflexion, qu’elle rencontrera un psychologue et qu’elle décidera après en avoir longuement parlé avec son conjoint et sa famille, son choix ne sera pas respecté…par la chirurgienne. Elle a déposé une plainte au Collège des médecins, en 2019. (Texte à venir).

En fait, sa décision éclairée est la mastectomie bilatérale sans reconstruction. Elle aura ce qu’elle a demandé au niveau chirurgical, mais pas le reste, encore moins du point de vue esthétique. 

Sa reconstruction à plat avait été décidé pour éviter le nombre possible d’infections. « Un de mes deux seins n’était pas malade, mais je ne voulais pas revivre pareil calvaire trois ans plus tard alors qu’on aurait pu découvrir une tumeur », explique celle qui est diabétique.

La famille derrière elle

Mère de famille de deux enfants, elle se souvient que sa fille, âgée de 18 ans en 2018,  avait encaissé la nouvelle plus difficilement. « Elle a eu peur de l’avoir elle aussi plus tard, mais lorsque nous avons appris que mon cancer n’était pas génétique, elle était soulagée. Mon gars, lui, a réagi comme un ado de 15 ans, mais il est plus près de moi, toujours prêt à me rendre service ».

« Mon mari, lui, dit que tant qu’il reste des fesses, il est bien content », dit-elle en ricanant. 

Quant à ses cicatrices longues de 20 cm, sur sa poitrine, pas question de les cacher ou de les faire tatouer « Ce sont des signes que je suis en vie », livre cette femme d’une grande résilience avec beaucoup d’humour. 

Consciente que la fatalité la guette chaque jour, puisqu’elle sera en rémission le reste de sa vie, elle souhaite seulement mordre dans la vie à pleines dents. La décision finale ne lui appartient pas. Et elle le sait.