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Oui à une Cathédrale brillante

Oui à une Cathédrale brillante

Publié le 26/11/2019

MATHIEU LOCAS

Cette chronique traine dans mon ordinateur depuis des semaines. J’ai aussi reçu plusieurs courriels sur le sujet et vous avez été nombreux à commenter sur les médias sociaux. J’ai mis le texte à jour, mais mon opinion n’a pas changé depuis l’été dernier.
Le 9 juillet, la Ville de Saint-Jérôme a accordé un contrat de 1 043 899,47 $ pour l’illumination de la Cathédrale. Le contrat est de 15 ans, renouvelable pour un autre 15 ans. Même si je ne réussirai pas à convaincre les irréductibles, qui affirment que cette dépense est inutile, permettez-moi un peu de mathématiques.
Si le contrat ne dure que 15 ans, ça représente un coût annuel de 69 600 $, auquel on doit ajouter 6 000 $ d’électricité annuellement. Si le contrat s’étire sur 30 ans, c’est 34 800 $ par année, plus l’Hydro. Disons que sur une période de 30 ans, le budget de Saint-Jérôme est d’en moyenne de 200 millions de dollars. Ça sera plus, mais on se contente de ça. On parle d’un total de 6 milliards de budget sur trois décennies. Mettons que la moyenne annuelle de l’électricité est de 7 500 $. On parle alors de 225 000 $ sur 30 ans. Le coût total sera donc de 1 268 899,47 $. Vous me suivez toujours? Ainsi, sur une période de 30 ans, ça représente 0,0211 % du budget de la Ville de Saint-Jérôme, si bien sûr le budget est d’en moyenne 200 millions (présentement c’est 140 M$).
L’argument le plus utilisé pour s’opposer à l’investissement était: «Nos routes font assez dur, on devrait investir ce million dans l’asphalte».
À Montréal, les routes font encore plus dur qu’à Saint-Jérôme. S’empêche-t-on d’illuminer le pont Jacques-Cartier? La Ville de Québec n’a pas effacé sa dette municipale. Coupe-t-elle les lumières autour du Château Frontenac? La province de Québec est dans le rouge. Coupe-t-on les lumières autour du parlement? Le Canada, surtout depuis l’arrivée de Justin, roule sur la Mastercard. Y’a-t-il seulement des spectacles de mimes le 1er juillet sur la Colline parlementaire?
Chez nous, les Jérômiens qui n’ont pas de voiture peuvent s’en ficher d’investir un million dans l’asphalte. Certains pourraient vouloir couper le million au budget du Quartier 50+. Ils pourraient dire que les vieux aillent sucer leurs «paparmanes» au Carrefour du Nord; pourquoi payer pour des activités à bas prix. Et pis les jeunes morveux, c’est encore pire. Pourquoi faire rouler un aréna pour le hockey et le patinage artistique? Qu’ils fassent comme dans notre temps, qu’ils aillent à la patinoire du coin. Ah, pis les familles qui sont allées voir Loud et Patrice Michaud l’été dernier; ben qu’elles écoutent leur radio sur leur perron comme dans le temps. De la culture gratuite, voilà une belle dépense inutile. Vous aviez compris que je faisais «un peu» de dérision.
La Cathédrale, c’est notre oratoire Saint-Joseph. Je sais que pour certains, il n’y a que deux importances dans une ville, leurs acquis (loisirs à bas prix, Internet gratuit à la bibliothèque, etc.) et le compte de taxes. Dans le cas de la Cathédrale, il faut parler de carte postale et de fierté. Il faut sortir de la ville pour réaliser à quel point la Cathédrale représente l’emblème de Saint-Jérôme.
J’ai chez moi la photo de famille de ma grand-mère avec ses cinq sœurs, son frère et ses parents. Le photographe était Georges Allaire, père de Gonzague, celui qui arrêtait le trafic sur Saint-Georges, pour prendre une photo de mariage à la Cathédrale. Nous étions au tournant des années 40. Ce n’était pas une famille riche. Mais tout le monde était tiré à quatre épingles pour la photo. Pas riche, mais une famille fière.
Saint-Jérôme n’est pas une ville riche. Pour générer de la richesse et attirer des entreprises, on a plus que des croutes à manger, on a le pain au complet. Il y a encore un peu de calcaire au service d’urbanisme qui nous empêche une certaine souplesse. Par contre, Saint-Jérôme a le droit d’être fière. Et plus on est fiers, plus on pourrait attirer la richesse. Illuminer la cathédrale, c’est mettre Saint-Jérôme sous les réflecteurs.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.