Épuisés, des médecins de famille et des médecins spécialistes dénoncent que les Laurentides soient les hôpitaux pauvres de la province.
Avec une population de 640 000 citoyens, l’une des plus fortes croissances démographiques sur « stéroïdes » depuis plus de 20 ans (encore plus accélérée depuis la pandémie), la région reçoit 30% moins de financement que la moyenne provinciale et doit composer avec une réduction, également de 30%, au niveau des ressources humaines qui sont allouées par Québec.
Résultat : les urgences débordent, les patients s’ajoutent à une liste d’attente déjà longue et les personnes âgées sont confinées à leurs civières dans les corridors, le jour comme la nuit, en attente qu’une place se libère dans une chambre déjà occupée par trois autres patients.
« Québec doit revoir sa façon de calculer. Non seulement, nous sommes sous-financés, mais les immeubles se détériorent toujours plus chaque année. Nous ne parvenons pas à maintenir le niveau. C’est de pire en pire et de plus en plus décourageant », lance le Dr Simon-Pierre Landry, médecin dans les Laurentides depuis 12 ans.
Un alarmant taux d’occupation
Les Laurentides enregistrent un taux d’occupation des urgences de 150% à 220%, la moyenne provinciale tournait aux alentours de 110% au moment d’écrire ces lignes.
Pour l’instant, la différence entre les ressources disponibles par rapport aux ressources qui seraient nécessaires pour offrir un service acceptable avec le nombre de lits adéquat en soins de santé en néonatalogie est de 207%. En gériatrie, 203%, psychiatrie 103%, physique 79%, psychologie 75%. Seul les places en santé mentale, ressources intermédiaires, se sont améliorées passant d’une tension de 170% en 2018 à 66% en 2020.
En comparaison avec le reste du Québec, les Laurentides sont derniers ou font piètre figure, peu importe le secteur.
Québec reconnaît, mais ne bouge pas
En 2021 et en 2022, les médecins de la région sont allés frapper à la porte du ministre de la Santé, Christian Dubé, lui signifiant avec chiffres révélateurs à l’appui où ça « saignait le plus ».
« À la suite de pressions exercées par la Coalition Santé Laurentides et la mobilisation des médecins du CISSS des Laurentides, l’Assemblée nationale a voté unanimement pour reconnaître cette situation inéquitable, mais les engagements concrets manquent à l’appel », déplore le Dr Landry, l’un des signataires d’une lettre comptant 180 noms de médecins des Laurentides, récoltés en moins de 48 heures.
Tous demandent de nouveau au gouvernement « des engagements fermes en faveur de l’urgente modernisation de l’hôpital régional de Saint-Jérôme, de celui de Mont-Laurier, et des quatre autres centres hospitaliers de la région ».
Ces professionnels de la santé mentionnent que les infrastructures hospitalières existantes peinent à offrir des services adéquats dans une région qui fait face à l’arrivée massive de jeunes familles, au vieillissement de la population résidente et à la croissance du tourisme et de la villégiature.
Finalement, ils souhaitent un réel rattrapage financier avec un budget similaire au reste du Québec, question de mettre un diachylon sur une plaie qui coule.
MOTS-CLÉS
CISSS des Laurentides
Coalition avenir Québec
ministère de la Santé et des Services sociaux
Coalition Santé Laurentides