Lors d’une entrevue, Rita Léonard-Lafond nous a dévoilé ses expériences et ses pensées sur l’expropriation de 1969. « Les femmes, on n’avait pas le temps de s’apitoyer sur nous-mêmes », se souvient-elle. En effet, elles devaient soutenir leurs maris qui s’étaient fait retirer leur métier d’agriculteur et qui ne savaient que faire d’autres.
Il s’agit là d’un événement qui a profondément bouleversé sa vie, l’obligeant à se déraciner et à suivre son mari à Bellefeuille. « Mon mari est tombé en dépression. Il était habité par un grand silence », confirme-t-elle de manière poétique.
Une grande communicatrice est née
Dans les mois suivants, Denis Lauzon, mari de sa sœur, est venu recruter M. Roméo Léonard dans la cause des expropriés, mais ce dernier restait incertain, vu les compétences requises. « Je lui ai dit de prendre l’emploi et que j’écrirais pour lui », explique-t-elle.
Lorsque M. Lauzon a quitté le domicile du couple, c’est finalement Mme Léonard-Lafond qui a été embauchée. Elle a d’ailleurs commencé dès le lundi suivant.
Rita Léonard-Lafond a ainsi pris une place importante dans la défense des droits des expropriés. Jean-Paul Raymond, André Bouvette et elle formaient un trio fort et complémentaire. « Je n’avais pas de titre officiel, mais j’organisais les réunions. Je n’avais jamais parlé en public », mentionne-t-elle quant à son rôle.
Parmi tout le mouvement, elle était la seule femme impliquée de la sorte. Une autre était présente, mais davantage comme secrétaire. Rapidement, Mme Léonard-Lafond a pris la parole devant les expropriés. « Ça a l’air que quand je parlais, les gens écoutaient. C’est peut-être pour ça que j’étais la porte-parole », résonne-t-elle, soulignant l’importance pour elle de rassembler les gens autour de la cause.
Écrire l’histoire, mais trop tard…
« Ma mémoire me fait défaut. Je regrette qu’on n’ait pas écrit l’histoire à l’époque », s’attriste l’octogénaire, soulignant qu’un historien associé au comité devait le faire avec son aide. Tous deux s’entendaient sur le fait qu’il fallait écrire les événements pour les commémorer. « Malheureusement, deux semaines plus tard, il est décédé », dit-elle.
Aujourd’hui, des gens reconnaissent Mme Léonard-Lafond comme une pionnière et souhaitent qu’elle garde une place importante dans la communauté. La bibliothèque de Sainte-Scholastique porte désormais son nom et un livre a été écrit pour garder sa mémoire. Il y avait là l’importance de préserver et de partager ces souvenirs pour enrichir l’héritage commun.
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Mirabel