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Subventionner une épicerie au centre-ville: non merci 

Subventionner une épicerie au centre-ville: non merci 

Publié le 04/08/2020

MATHIEU LOCAS

Curieusement, lorsque je vous présente une chronique enfouie dans mon ordinateur depuis plusieurs semaines, les réactions sont plus vives. C’était le cas y’a deux ans pour la voie de contournement au Domaine Parent, via le secteur de l’aréna et la 158 et plus récemment pour le développement de la rivière du Nord.

Au fil du temps, quelques-uns m’ont écrit pour dénoncer l’absence d’épicerie dans le centre-ville de Saint-Jérôme. Depuis la disparition du IGA Lord, au milieu des années 2000, les options se limitent au Tigre Géant et à une fruiterie AMR aux limites du quartier St-Lucien.

Parmi les solutions avancées, il y a une intervention municipale afin d’attirer un gros joueur dans le centre-ville. Ce genre de situation se traduit nécessairement par un allégement fiscal.

Sans tourner autour du pot, je suis totalement contre que nos taxes servent à subventionner une multinationale dans le but d’établir une épicerie dans un secteur précis.

Si l’arrivée d’une épicerie au centre-ville est socialement logique, elle est aussi économiquement illogique.

Illogique puisque les familles Lord (IGA), Thibeault (Métro) et Tellier (IGA) paient des taxes municipales à Saint-Jérôme depuis respectivement 50 ans, 40 ans et 30 ans. Ça serait un pied de nez à ces entreprises qui ont créé des emplois, passé à travers des défis, en plus d’être impliquées socialement depuis des décennies.

Le succès des épiciers, outre une gestion serrée car le pourcentage de profit sur la canne de bines est faible, se résume à deux choses : volume et espace. C’est pourquoi je doute de la rentabilité d’un supermarché dans le centre-ville de Saint-Jérôme.

Je me souviens de mes six années travaillées chez Métro Élite (maintenant Thibeault). Nelson et Louise achetaient des vans complètes de caisses de papier de toilette quand il y avait un gros spécial dans la circulaire. Quand la semaine finissait, on les écoulait en «spécial du gérant», et c’est là que le profit se faisait. Une année, les boss en avaient tellement achetées, qu’ils les entreposaient par-dessus les frigos. Comme nous étions au temps des fêtes, ils avaient mis du papier brique, pour imiter la cheminée du Père Noël et les clients n’y voyaient que du feu.

Vous savez sans doute que, l’espace est payante dans les épiceries. Quand vous entrez dans le frigo à bière, dites-vous que Molson, Labatt ou Sleeman a payé pour être le premier dans votre champ de vision en ouvrant la porte. Ces exemples ne tiennent évidemment pas compte des espaces de stationnement. Désolé pour les écolos, mais la majorité des gens utilisent la bagnole pour faire leur épicerie.

Comme solution à l’automobile, pourquoi ne pas commander en ligne et faire livrer?

C’est effectivement une solution mais ce l’est aussi pour éviter de subventionner une épicerie au centre-ville. Depuis la crise de la COVID-19, les épiciers ont bonifié l’offre d’achat en ligne. Profitons-en alors.

Vacances

C’est l’heure des vacances. La prochaine édition sera publiée le 12 août. J’en profite pour y aller de remerciements. D’abord, vous les lecteurs. Vous êtes nombreux à m’écrire. Je réponds à la très grande majorité d’entre vous et vos commentaires nourrissent mes chroniques et mes réflexions. Un merci spécial aux gouvernements provincial et municipaux. Ce n’est pas compliqué, sans le placement publicitaire public, depuis le début de la crise, peu de médias, à part Radio-Canada (payé via nos impôts) aurait survécu au Québec. Merci aussi aux commerçants de la région de croire en Infos Laurentides. Notre journal va célébrer ses trois ans à la mi-octobre et nous sommes maintenant le média écrit numéro UN de Saint-Jérôme. Sans vous également, nous ne serions pas là.

Un dernier merci à mes patrons André Juteau et Christine Thibault. Ça prend du courage pour être entrepreneur et ça en prend davantage pour nager dans un marché à contrecourant. Fini l’époque des éditions de 100 pages par semaine où les patrons empilaient les profits. Mais il y a un marché pour l’information régionale; André et Christine l’ont compris.

 

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com

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