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Un budget qui sera révélateur: «On veut des preuves…» -Dre Maria Penaloza

«On n’arrêtera pas tant que la pelle ne sera pas dans le stationnement» de déclarer le Dr Marc Belliveau. À ses côtés, la nouvelle présidente de l’AMPAHRSJ, Dre Maria Penaloza.
Photo Mychel Lapointe

Un budget qui sera révélateur: «On veut des preuves…» -Dre Maria Penaloza

Publié le 19/03/2019

Vendredi 10 août 2018, Gaétan Barrette, le ministre de la Santé et des Services sociaux de l’époque, est de passage dans la région pour annoncer une première phase des travaux de modernisation de l’hôpital régional de Saint-Jérôme.

Selon ce qu’annonce alors M.Barrette, Québec investira 200 M$ pour cette première étape (le projet global de modernisation est de l’ordre de 450 M$). On parle d’au moins six ans de délai pour un projet qui prévoit l’ajout de quatre salles d’opération et de huit civières en salle de réveil, en plus des 22 civières additionnelles pour la chirurgie d’un jour.

On ajoutera également trois lits aux soins coronariens, et huit aux soins intensifs. Le nombre de salles vouées à la chirurgie ophtalmologique passera d’une à deux, et les salles d’endoscopie, de quatre à six.

L’annonce est assortie d’un montant de 2 M$ immédiatement pour la réalisation des études requises et l’élaboration du dossier d’opportunité.

Depuis, plus rien, ou presque.

Les dirigeants de l’Association des médecins et professionnels pour l’avancement de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme (formée il y a environ deux ans pour pousser sur le dossier) sont inquiets.

Pas de nouvelles

«On a eu des bonnes nouvelles, mais on ne lâche pas parce qu’on n’est pas encore au PQI (Programme québécois des infrastructures). On a eu beaucoup de promesses, mais ce n’est pas encore officiellement sur papier. On n’arrêtera pas tant que la pelle ne sera pas dans le stationnement. Avec les 2 millions $ qui ont été donnés pour le dossier d’opportunité, depuis le mois d’août, y-a-t-il des plans concrets qui ont été faits? Personnellement, je n’ai pas de nouvelles. Pas de nouvelles d’avancement sur quoi que ce soit. Pour moi, c’est un retard sur l’échéancier prévu» indique le Dr Marc Belliveau, président sortant (le Dre Maria Penaloza, pédiatre, lui a succédé récemment à la présidence), au cours d’une rencontre avec Infos Laurentides vendredi dernier.

Pour le Dre Penaloza, c’est aussi inconcevable.

«On est un peu comme des bouledogues. Les rumeurs de couloirs sont dans notre sens. Les promesses ont été faites dans notre sens. On nous dit que ça va se passer. On veut des preuves… (en tapant sur la table). On veut quelque chose de concret et pas juste sur papier. On sait que ça va être fait. Mais on veut que ce soit fait maintenant… On va rester là tant qu’il n’y aura pas une pelle pour débuter les travaux. (Au niveau des délais) On veut raccourcir cela le plus possible. On regarde les installations, la mise à niveau aurait dû avoir été faite depuis longtemps».

Une lettre

En outre, dans un élan d’optimisme, le Dr Belliveau formule en quelque sorte un souhait.

«Si c’est parce, soudainement, ils veulent prendre le projet de 450 M$ dans son ensemble, c’est correct. Mais on n’a pas entendu parler de cela (que c’est là-dessus que les gens du CISSS des Laurentides travaillent)».

Car il faut bien dire que la possibilité qu’au lieu d’une portion des travaux nécessaires (avec les 200 M$ dévoilés par le Dr Barrette en août dernier), on s’enclenche sur la totalité du projet (450 M$), est là.

Une réunion avec des intervenants a eu lieu (Infos Laurentides en avait fait état dans son édition du 30 janvier dernier) à cet effet.

Une réunion sans doute motivée par une lettre (dont Infos Laurentides a pu prendre connaissance) adressée en janvier dernier par la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle Mc Cann, au PDG du CISSS des Laurentides, Jean-François Foisy, à l’effet d’intégrer dans les demandes l’ensemble des phases du projet global (soit l’ajout, à ce qui a été annoncé en août, d’unités de soins, d’un centre mère-enfant ainsi que le rehaussement de différents services de support).

À l’AMPAHRSJ, on attribue entre autres cette prise de position de la ministre Mc Cann au travail du député de Saint-Jérôme, Youri Chassin.

«Youri Chassin, il sait (qu’avec un projet de 450 M$ dans son ensemble) on va sauver de l’argent. Le gars est intelligent. C’est lui-même qui nous dit: on est six mois en retard, je veux le projet au complet, avez-vous réfléchi aux besoins futurs de la population? Il le veut pour ses citoyens. C’est le fun de s’asseoir devant quelqu’un qui comprend. C’est la première fois, depuis sept ans que je suis ici, qu’il y a quelqu’un qui pense à l’importance de ce qu’on va construire ne soit pas désuet dans 20 ans … Quand le député, qui est un économiste, nous dit que du retard ça coûte plus cher, je ne suis pas un gestionnaire, je ne suis pas un fonctionnaire qui monte des projets, mais à un moment donné il faut commencer… Il faut mettre les priorités sur le projet» note Marc Belliveau.

Les patients

D’autre part, la présidente Maria Penaloza est motivée; surtout pour les patients.

«On va continuer à pousser. On a eu la moitié du projet (200 M$ sur 450 M$). Ça fait huit mois que l’annonce a été faite et on est déjà en retard … Notre but ultime, c’est de mieux desservir la population et à tous les niveaux. Il y un exode vers les centres tertiaires à Montréal (pour des soins spécialisés non offerts à l’hôpital de Saint-Jérôme). On est aussi en retard, parce que les bâtiments n’ont pas été entretenus. Dans les 20 dernières années, la population des Laurentides a explosé. On n’est plus dotés des plateaux techniques et de l’espace nécessaires pour une population de cette taille. C’est notre mandat d’offrir les meilleurs soins possibles. Et, si accessoirement, à travers cela, on travaille dans un endroit qui est plus joli, tant mieux. Mais ce n’est pas ça le but premier. On veut être efficaces pour le bien du patient. On veut être efficaces pour en voir davantage et faire les choses selon les règles. Idéalement pour les 20-30 prochaines années … Sur papier, quand on regarde l’état des choses objectivement, il n’y a personne qui va dire que ce n’est pas un besoin. On ne veut pas que ça se retrouve tabletté. Ça va se faire, mais quand?» souligne-t-elle.

Des ministres

On aura également compris que les gens de l’association sont aussi intéressés à voir quelle part le projet de modernisation de l’hôpital régional pourrait occuper dans le budget qui sera déposé demain (jeudi) par le ministre des Finances, Éric Girard.

Ils disent d’ailleurs avoir sensibilisé le ministre (également député de Groulx) à l’importance d’inclure les sommes nécessaires à l’accomplissement du projet dans son entier.

À l’association, on est également conscient que le momentum est à son mieux, avec dix (sur 10 comtés) députés caquistes et cinq ministres (Éric Girard, Marguerite Blais, Benoît Charette, Sylvie D’Amours et Nadine Girault).

«On veut profiter de ce momentum-là. C’est une réalité depuis quelques mois seulement. On veut surfer sur la vague et faire avancer les dossiers qui sont non seulement prioritaires, mais essentiels. C’est la base…» indique Maria Penaloza.

Alors que, pour le Dr Belliveau, l’appui au projet va de soi.

«Tous les députés des Laurentides sont caquistes. S’ils veulent montrer à tous ces gens-là (les résidents des Laurentides) qui ont voté pour eux qu’ils représentent vraiment le changement, c’est le moment. M.Legault (François), il a une opportunité là. Va-t-il le faire? … On va voir le 21 mars. Le peuple a voté pour eux. Ils ont fait la promesse (pour la modernisation de l’hôpital), il faut qu’ils livrent … Veulent-ils attendre un autre quatre ans? Vont-ils démontrer qu’ils ont entendu?» opine-t-il.