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X suce Y… la suite

X suce Y… la suite

Publié le 02/04/2020

MATHIEU LOCAS

Du développement dans le dossier de ces deux enseignants masculins d’une école secondaire de Saint-Jérôme qui ont vu leur réputation et leur intégrité entachées par des élèves qui arboraient un chandail pour le moins douteux.
Pour ceux qui ont manqué l’histoire, rappelons d’abord les faits. Peu avant les fêtes, un élève de 18 ans se rend au Carrefour du Nord, dans un kiosque d’impression de vêtements. Il fait apposer la photo d’un de ses enseignants sur le devant d’un t-shirt. Au-dessus de la photo, il fait inscrire le nom de famille d’un autre prof masculin ainsi que le mot «suce».
Un des enseignants impliqués se rend compte de la situation et fout immédiatement le jeune adulte à la porte de sa classe. Trois autres jeunes de 15 ans ont aussi un exemplaire de ce chef-d’œuvre de haute couture. Tout ce beau monde est suspendu pour trois jours. Comme je l’avais écrit le 15 janvier dernier, l’élève de 18 ans était un bon client en termes de mesures disciplinaires.
Les enseignants voulaient qu’il termine son cheminement secondaire à la formation aux adultes. La direction de la Commission scolaire en a décidé autrement.
Le président du syndicat Christian Aubin estimait que ce refus de l’envoyer terminer son secondaire aux adultes a un lien direct avec l’objectif plus qu’insistant de la Commission scolaire de diplômer des élèves à tout prix.
Vers la fin janvier, les deux enseignants impliqués ont envoyé des mises en demeure aux parents des élèves de 15 ans ainsi qu’à l’élève de 18 ans. Ils demandaient une modique somme d’argent en guise de compensation.
Aux dernières nouvelles, les parents des trois jeunes mineurs n’auraient pas répondu à la mise en demeure (information datant du week-end dernier et mon heure de tombée était largement dépassée). Si les parents ne bronchent pas, les enseignants auront une décision à prendre. Abandonner les démarches ou se tourner vers les tribunaux. Cette dernière décision ne ressemblera toutefois pas à une balade dans le parc.
Les profs devront démontrer au juge que les parents n’ont pas offert une bonne éducation à leurs enfants. Et selon les jurisprudences, plus les enfants se rapprochent de l’âge adulte, plus il est difficile de prouver que les parents n’ont pas fait leur job, car les enfants sont de moins en moins avec eux. Les tribunaux ont démontré, par le passé, que la présence des parents diminue à mesure que leur progéniture vieillit. C’est pourquoi la tâche s’annonce colossale.
De son côté, l’élève de 18 ans a payé la somme demandée dans les semaines qui ont suivi la mise en demeure. Un de ses parents se serait même rendu au bureau de la direction de l’école impliquée. La famille n’a visiblement pas apprécié que l’histoire fasse le tour de la province. La direction leur a fait comprendre que, mis à part eux, les élèves et enseignants, personne ne connaît le jeune. Évidemment, ça n’a pas dû être évident de lire et entendre une histoire qui le concerne directement.
Personnellement, je souhaite à ce jeune que cet événement devienne un point tournant dans sa vie. Ça n’effacera pas toutes ces années de secondaire où il a mené la vie dure à ses enseignants. Mais s’il possède un niveau d’intelligence assez élevé pour trouver des moyens de faire suer ses profs, peut-être qu’il possède l’intelligence de se lancer en affaires ou être un gestionnaire d’une entreprise déjà en opération.
Peut-être que l’école n’était tout simplement pas faite pour lui. Ça ne serait pas le premier gars à ne pas se sentir à sa place dans une école du Québec.
Peut-être qu’il a eu des difficultés d’apprentissage au primaire, difficultés qu’il n’a jamais pu rattraper. Ça va vous paraître curieux, mais j’aimerais rencontrer ce jeune ainsi que ses parents. J’aimerais savoir comment ils ont vécu ça et comment ils comptent rebondir. Si c’est le cas un jour, son identité sera évidemment préservée.
Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.

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