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Youri Chassin, le caillou dans le soulier de la CAQ

Photo : L’équipe du bureau de circonscription de Youri Chassin –

Le dissident de la CAQ, Youri Chassin, appelle à un changement radical au Québec.

Youri Chassin, le caillou dans le soulier de la CAQ

Publié le 19/06/2025

En 2024, le député Youri Chassin quittait les rangs de la CAQ, en profond désaccord avec la gestion de l’État.

Confortablement installé sur les banquettes indépendantes, il multiplie les critiques contre le gouvernement Legault, s’attaquant notamment à la dégradation des services publics et à l’augmentation des déficits.

Dans une entrevue accordée à notre rédaction, le député dresse un portrait alarmant de l’état des services publics québécois. La situation qu’il qualifie de « faillite tranquille » dépasse largement, dit-il, les difficultés habituelles d’un gouvernement.

« On dirait que c’est problématique parce que ça va de mal en pis », explique-t-il, soulignant que les solutions prônées actuellement par le gouvernement sont des pastiches de celles d’administrations précédentes, mais qui ne fonctionnent toujours pas. Il en veut pour preuve l’hôpital de Mont-Laurier qui, malgré des fonds annoncés, demeure dans l’incertitude, laissant les élus locaux sans réponses claires.

Chassin note qu’en raison du déclin des services publics, de plus en plus de Québécois optent pour des cliniques privées ou des services d’aide à domicile payants.

Le recours croissant aux banques alimentaires constitue pour le député un autre indicateur préoccupant. Il dit observer que même des couples travaillants tous deux au salaire minimum avec des enfants, peinent à joindre les deux bouts, malgré les allocations familiales et les crédits d’impôt. L’utilisation des banques alimentaires par les étudiants, phénomène autrefois marginal, est devenue plus importante que jamais.

Rupture

Par ses critiques, le député indépendant Youri Chassin acte une rupture profonde avec la CAQ. Il décrit un système en déclin et une société en décrépitude, attaquant la CAQ sur chacune des décisions prises, et exprimant un sérieux doute quant à l’avenir des services publics.

« On va tranquillement et tout doucement, puis à la limite, confortablement, voir ce qui nous réunit comme société s’effriter doucement au fil des générations. » – Youri Chassin, député indépendant

Que ce soit en santé, en éducation, « dans toutes les sphères de nos vies », rien ne semble fonctionner au Québec, déplore Chassin, estimant que « la CAQ est devenue un vieux gouvernement où rien ne marche. » Il déplore que le gouvernement, face aux difficultés du système de santé, choisisse de « blâmer les médecins » plutôt que de s’attaquer aux causes profondes des problèmes.

Le député indépendant raconte avoir proposé plusieurs amendements et pistes de solution rejetés d’un revers de main, pour ensuite être intégrés sous d’autres formes dans des projets de loi gouvernementaux, sans les nuances et le soutien nécessaires à leur mise en œuvre efficace.

Il exprime son inquiétude pour la jeunesse québécoise, évoquant la lettre d’un jeune de 18 ans qui envisageait la politique et malheureusement il cagole l’idée de partir ailleurs et peut-être étudier en affaire, percevant la province comme « une chimère gavée d’immobilisme qui ne bouge plus. »

Youri Chassin se place comme un « brasseur » nécessaire au débat démocratique, précisant qu’il y a « des gens qui me détestent maintenant pour ça, mais justement, c’est mon rôle de brassiste », assure-t-il.

Des pistes de solution existent

La décentralisation est, de l’avis de M. Chassin, l’une des solutions au sombre portrait que présente la CAQ.  « Il faut que les décisions soient prises, le plus possible, par ceux qui connaissent les élèves par leur nom », plaide-t-il pour l’éducation. Il estime que cette approche pourrait s’appliquer à d’autres secteurs où les instances locales connaissent mieux les réalités terrain que les « bureaucrates » de Québec.

Il suggère également de recentrer l’action gouvernementale sur les missions essentielles : santé, éducation, sécurité. « On ne peut pas essayer de tout faire », affirme-t-il, comparant la situation à celle d’une famille qui doit faire des choix budgétaires difficiles. Pour Chassin, le temps des demi-mesures est révolu. Il faut, croit-il, que le Québec prenne une autre direction.

« Je dois croire qu’il y a des possibilités, mais pas nécessairement avec la CAQ »

Pour lui, ce changement peut venir d’un parti politique, d’un leader charismatique ou d’un mouvement citoyen, mais il demeure convaincu qu’une transformation profonde est nécessaire.