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COVID-19: comment trouver la paix en ces temps incertains?

Marie Elaine Girard, thérapeute en relation d’aide.

COVID-19: comment trouver la paix en ces temps incertains?

Publié le 24/03/2020

Nos vies filaient à toute allure et, en l’espace de quelques semaines, quelques jours, quelques heures, nous voilà dans une situation qui nous échappe. Tout est paralysé ou presque. Un virus se tient en embuscade. L’avenir, tout à coup, n’est guère plus envisageable que dans un horizon de 24 heures. D’un décompte à l’autre. Combien de cas? Combien de morts? Nous sommes dans cette réalité-là. Normal d’avoir peur.
«Il y a beaucoup d’anxiété dans l’air. On fait face à l’inconnu, on se sent impuissant, on a peur de manquer de l’essentiel. C’est une situation qui réveille plusieurs peurs. Toutes ces peurs exacerbent notre état intérieur. Ça nous rend inconfortables et ça peut même nous conduire à la panique», nous dit Marie Elaine Girard, thérapeute en relation d’aide, qui relève au passage que nous sommes présentement en réaction : ce qui nous semblait bien loin vient de traverser les océans. Le virus suscite suffisamment d’inquiétude pour que les autorités civiles imposent des règles strictes qui viennent chambouler nos habitudes. Des gens sont mis au chômage. Pour combien de temps? Nul ne le sait. Les sources de notre anxiété sont désormais multiples. Comment faire face à tout cela? Comment peut-on se comporter pour gérer cette anxiété-là et retrouver une forme de paix intérieure?
«On a un premier ministre et un directeur de la santé publique qui savent où ils s’en vont. Dans le bateau dans lequel on est, j’aurais d’abord envie de dire aux gens : faites confiance au capitaine, suggère d’abord Mme Girard. Dans un deuxième temps, il faut arrêter de porter des jugements sur tout un chacun. Ce n’est pas en dégainant des reproches à nos amis ou en insultant les gens sur Facebook qu’on va diminuer notre anxiété.»
Libérer la tension
Ensuite, de poursuivre la thérapeute, il faut éviter d’ignorer nos peurs, de se dire que tout va bien. «C’est une fausse croyance de dire que, si on parle de nos peurs, on aura encore plus peur», affirme-t-elle. En fait, c’est plutôt le contraire. Si on les enfouit à l’intérieur de nous, elles vont assurément grandir. «C’est important de leur donner de la place. D’en parler avec nos proches. Occupons-nous de nous», insiste-t-elle. Concrètement, ça veut dire exprimer nos peurs et écouter celles des autres. Les valider, également. Il se peut que nous ne sachions pas quoi faire ou quoi dire en présence d’une personne qui, par exemple, a peur de mourir. «Il faut savoir aussi gérer cette impuissance-là. Mais le seul fait d’écouter la personne, de lui dire qu’on la comprend et qu’on est avec elle, qu’on a peur, nous aussi, lui permet déjà de libérer une certaine tension», poursuit Marie Elaine Girard.
Et que fait-on, une fois qu’on a identifié nos peurs et qu’on les a exprimées, qu’on les a partagées avec notre entourage? «Il faut se demander : qu’est-ce que qui me ferait du bien, là, en ce moment?», répond tout simplement la thérapeute. Et là, toutes les réponses sont bonnes : par exemple, éviter de se brancher 24 heures sur 24 sur les réseaux de nouvelles. Une fois qu’on sait ce qu’on avait à savoir (pour certains, la mise à jour quotidienne du premier ministre suffira), changeons-nous les idées. À titre d’exemple, tout le monde a été séduit, jeudi dernier, par cette déclaration à première vue candide du Docteur Arruda qui annonçait son intention de profiter du week-end pour se cuisiner des tartelettes portugaises. Pour d’autres, ce sera un bain chaud avec de la mousse et une bougie. «Des choses qui font du bien au corps, au cœur et à l’âme, dans le moment présent», de dire Mme Girard. Écouter de la musique. Prier. Méditer. Lire un bon livre. Se masser les pieds. À chacun son outil.
Ça peut aussi vouloir dire pleurer un bon coup dans les bras d’un proche. «Ça aussi, ça fait du bien, pour autant qu’on évite de sombrer dans le chaos de l’émotion, prévient-elle. Prenons exemple sur les enfants. Quand ils ont de la peine, quand ils ont peur, ils pleurent intensément et, une fois que c’est fait, ils retournent jouer.»
Un temps pour la réflexion
Autre suggestion de la thérapeute : cesser de s’identifier comme une victime. «C’est vrai que ce qui arrive est déroutant, convient-elle. Mais si on réagit en se lamentant, on ne se donne pas de pouvoir sur la situation. Dans l’acceptation du chaos, dans ma petite vie, chez moi, qu’est-ce que je peux faire pour récupérer un certain pouvoir? Qu’est-ce que je peux faire pour que ça se passe mieux?»
D’aucuns suggèrent par ailleurs que cette pause forcée pourrait être une belle occasion de réfléchir sur soi. «Ça peut amener des conversations, des prises de conscience, nous faire réaliser des choses auxquelles on ne prend jamais le temps de réfléchir dans le brouhaha de la vie quotidienne. Ce sera une chance, pour certains, de faire une mise au point sur leur vie», soumet la thérapeute, quand on lui demande si l’on peut anticiper quelque chose de positif dans l’après-pandémie. Parce qu’il y aura un après.
Thérapeute en relation d’aide par l’approche non directive créatrice (ANDC), conférencière, auteure et ex-infirmière, Marie-Élaine Girard est rattachée au Centre de relation d’aide de Montréal (CRAM). Elle habite à Saint-Jérôme.

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