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Infections en CHSLD: «Nous devrions investir dans la prévention»-Éric Tchouaket 

«Selon la littérature, la prévention permet de sauver 1,6 million de dollars (en raison d’infections sauvées)» fait valoir Éric Tchouaket.

Infections en CHSLD: «Nous devrions investir dans la prévention»-Éric Tchouaket 

Publié le 20/05/2020

«Nous sommes prêts à payer pour des soins curatifs, alors que nous devrions investir dans la prévention pour éviter la maladie. Selon la littérature, la prévention permet de sauver 1,6 million de dollars (en raison d’infections sauvées). Cette somme pourrait être réinvestie en sensibilisation et en achat de matériels et produits relatifs à la prévention» évalue Éric Tchouaket.

Spécialiste de la prévention et du contrôle des infections et professeur-chercheur en sciences infirmières à l’Université du Québec en Outaouais Campus de Saint-Jérôme, Éric Tchouaket s’intéresse au sujet de l’heure: les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) où la COVID-19 fait la très large majorité des victimes au Québec.

Peu d’habitudes en prévention

Après avoir effectué des recherches sur l’impact économique de la prévention et contrôle des infections (PCI) dans les centres hospitaliers, M. Tchouaket consacre maintenant ses énergies aux CHLSD, où les nombreuses éclosions donnent des maux de tête aux autorités gouvernementales qui multiplient, depuis quelques semaines déjà, les demandes d’aide de toutes sortes.

Dans la mission qu’il s’est donné, le professeur Tchouaket travaille en collaboration avec Sandra Boivin (celle qu’il surnomme «son œil de terrain») elle-même  infirmière en prévention et contrôle des infections à la direction de la santé publique du Centre intégré de la santé et des services sociaux (CISSS) des Laurentides et coordonnatrice à son projet de recherche.

Du fait,  Éric Tchouaket analyse les différentes situations pour apporter des recommandations.

La toile de fond est simple: «avec une gestion centralisée du réseau de la santé, et surtout une vision axée sur les soins, on observe très peu d’habitudes en matière de prévention. Dans un centre hospitalier, selon le rapport Aucoin (2005), une infirmière spécialisée en PCI doit être disponible pour 133 lits de courte durée, et dans un CHSLD, une infirmière de PCI doit assurer le suivi pour 250 lits. On constate que plus il y a de patients à traiter, plus les mesures d’hygiène (lavage de main et pratiques de base) s’additionnent et moins le personnel a le temps de consacrer du temps à effectuer ces bonnes habitudes. C’est à ce moment que l’on veut démontrer les coûts de la prévention, et l’importance de cette dernière pour réduire le nombre d’éclosions d’infection, comme la COVID-19».

Développer une culture préventive
En outre,pour le professeur Tchouaket, un constat s’impose d’emblée: «il faut renforcer les pratiques de base auprès des résidents, mais aussi auprès des visiteurs».

Ces mesures, explique-t-il, sont entre autres (on reconnaîtra là des mesures prônées depuis quelques semaines par les autorités gouvernementales) l’éternuement dans le pli du coude, le lavage de mains, l’importance d’avoir les propres produits de soins pour chaque patient, un environnement et des occupants propres ainsi que des tests de dépistage.

«On devra apprendre à vivre avec les différentes infections et développer une culture préventive» considère le professeur  dont l’équipe recueillera les données pour savoir si les intervenants de la santé et la population poursuivent leurs bonnes habitudes.