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Tempête immobilière

Tempête immobilière

Publié le 21/01/2021

MATHIEU LOCAS

Ce texte n’a ni conclusion, ni solution et se veut seulement une présentation de la situation. Sans vouloir imiter Jojo Savard, j’ai l’impression qu’une tempête immobilière envahit Saint-Jérôme et les environs. Contrairement à la blonde et plantureuse astrologue, je ne fais pas qu’utiliser une carte du ciel pour en arriver à mes fins.

Je consulte régulièrement les analyses de la firme JLR, une division d’Équifax. Elle produit des données plus fiables que les chambres immobilières du Québec car ces dernières compilent uniquement les transactions réalisées par des courtiers. JLR analyse toutes les transactions à partir du registre foncier; celles des courtiers, du groupe Du Proprio et de gré à gré entre deux individus.

En cette fin d’année 2020, JLR a publié deux études. La première sur les ventes dans la région de Montréal et la seconde sur les reprises de maison. Dans la première étude, Saint-Jérôme se retrouve avec les villes situées au Nord de la rivière des Mille-Iles. En 2020, pendant que Montréal a subi une baisse de 4% des transactions des résidences unifamiliales, la Rive-Nord a connu une croissance de 10%. Ce chiffre grimpe à 16% pour les co-propriétés. Pour les prix, c’est la même chose. Les maisons seules se sont vendues, en moyenne, 12% de plus l’an dernier par rapport à 2019. Pour les condos, la hausse est de 10%. Des maisons affichées à 289 000$ qui ont fini en surenchère à 312 000$, il y en a eu plusieurs ces derniers mois.

La deuxième étude concerne les reprises de finances. En 2020, le nombre de maisons saisies par les institutions financières a chuté de 43%. Cette baisse aurait de quoi nous réjouir. Mais elle rappelle que les propriétaires, en difficultés financières, étaient soutenus artificiellement par un coup de pouce des gouvernements et des institutions financières.

Pour 2021, JLR prévoit la poursuite de la croissance des prix de vente et combiné à une croissance des maisons saisies. Situation paradoxale qui risque de marquer Saint-Jérôme cette année.

Plusieurs phénomènes avantagent notre secteur. D’abord, les gens cherchent à fuir Montréal, pour des questions de coûts, d’espaces et la facilité à travailler à partir de la maison. Ensuite, les terrains demeurent abordables comparativement à des villes comme Laval et Longueuil. Enfin, l’agrandissement de l’hôpital (si ça peut commencer) et  l’éventuel agrandissement de l’entreprise Lion (contrat pour construire des milliers de camions électriques pour Amazon) vont amener de nouveaux citoyens, créer une rareté de propriétés disponibles et une hausse des prix.

Au même moment, Saint-Jérôme vit les mêmes problèmes que dans plusieurs régions, soit rareté de la main d’œuvre, hausse du prix du bois et rupture de stock de certains matériaux. Ces problèmes créent des retards dans la livraison des maisons neuves et aussi une pression sur la maison existante et le marché locatif. Cette pression amène aussi une hausse du coût des maisons et des coûts de loyers.

Et quand les coûts des loyers ou des résidences augmentent, les gens se déplacent. Ils ont quitté Montréal et dans certains cas ont abouti chez nous. Certains diront : «Wow, une hausse de la population, c’est bon pour la ville, bon pour l’activité économique». En effet, c’est bon pour nos entreprises.  Mais au même moment, le trou de beigne grossit. Les jeunes familles qui recherchent la banlieue ne peuvent pas toujours s’offrir un bungalow 24X36 à 400 000$ à Laval. Comme ils aiment souvent les maisons neuves avec des grands terrains, ils misent sur Saint-Colomban, Sainte-Sophie, Prévost, Saint-Hippolyte et Saint-Canut.

Et plus la banlieue grossit, plus ça créé de la pression sur la ville centre qui, elle, en offrant plusieurs services comme la santé, se retrouve avec des défis de circulation et de problèmes sociaux. Le nombre de personnes en situation d’itinérance est en explosion depuis les deux dernières années.

Comme je le disais au départ, pas de solution, pas de conclusion. Juste une exposition des faits et des défis à venir.

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com