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Saint-Colomban : il donne 10 000$ en garantie pour louer un taudis

Photo Stéphane Tremblay
Le sous-sol est dans un état lamentable.

Saint-Colomban : il donne 10 000$ en garantie pour louer un taudis

Publié le 18/08/2022

Pour mettre toutes les chances de son côté, M. Koulia met sur la table toutes ses économies, un 5000$ pour deux mois de logements en avance et un autre 5000$ en garantie advenant un défaut de paiement. Total : 10 000$ sous forme de garantie.

De l’extérieur, c’est un château, de la cour arrière, une maison abandonnée et de l’intérieur un dégueulasse taudis. Prix de la location : 2 500$ par mois, rien d’inclus…pas sur le plateau Mont-Royal, mais à Saint-Colomban.

Sylvain Koulia loue cette maison, située au 154, chemin Bonniebrook, avec son épouse malade, sa belle-mère âgée de 77 ans et ses six enfants âgés de 8 à 22 ans à l’été 2020 pour deux ans avec possibilité de renouveler.

Dès la première visite, il constate que les photos sur le web pour annoncer la maison sont bien différentes de la réalité. « C’est le bordel ». La propriétaire s’excuse pour le ménage pas fait à l’intérieur. « Pas grave, nous allons le faire. Nous avons embauché une compagnie pour ramasser les ordures qui a fait deux voyages ».

Il remarque des fissures au plafond signe qu’il y a déjà eu des dégâts d’eau, mais n’en fait pas un cas outre mesure.   

Avant même d’avoir signé le bail, M. Koulia achète un tracteur à gazon pour « couper la broussaille. Le garage puait et impossible d’y mettre une boîte de carton au sol. J’ai dû louer une machine à pression ».

Du racisme 

Craintif de ne pas trouver une autre demeure pour loger sa grande famille et ayant été victime dans le passé de racisme par d’anciens propriétaires étant un noir d’Afrique, il supplie le propriétaire de lui louer la maison luxueuse… en apparence.

Pour mettre toutes les chances de son côté, M. Koulia met sur la table toutes ses économies, un 5000$ pour deux mois de logements en avance et un autre 5000$ en garantie advenant un défaut de paiement. Total : 10 000$ sous forme de garantie.

« C’est moi qui ai insisté voulant démontrer mon grand intérêt pour un bail de trois ans », dit celui qui est travailleur autonome achetant des voitures au Québec pour les revendre dans son pays d’origine. 

La première année tout roule, le locataire paye son logement de 2500$, plus 900$ en électricité et chauffage mensuellement. Le propriétaire, Habul Hassan, n’a pas besoin de réparer quoi que ce soit. C’est la parfaite harmonie.

Complètement démolie

À l’été 2021, la relation est moins harmonieuse. Le bris d’une pompe du puits artésien obligera le locataire à payer de ses frais la réparation. « Mes enfants devaient se laver avec l’eau de la rivière derrière la maison », raconte le père de famille, encore bouleversé.

Automne 2021, la chicane pointe à l’horizon. Le chauffage cesse de fonctionner. « On se réchauffait avec des petites fournaises que nous avions. Il faisait froid dans la maison ».

Hiver 2022, les premières fuites d’eau causent des dommages, principalement aux murs et planchers. Le propriétaire ne bouge toujours pas. 

Printemps 2022, c’est le déluge, les fuites sont devenues des ruisseaux qui brisent tout sur leur passage. 

« Chaque fois, j’ai envoyé des photos et contacté le propriétaire, sans réponse. Nous étions dans la merde jusqu’au cou, Lui, il s’en foutait », dénonce vigoureusement M. Koulia. 

Le plafond est tombé

Plus le temps passe, plus la maison se détériore. Lors de notre visite cette semaine, le constat était épouvantable : Un plancher est tombé au sous-sol, les plafonds sont abîmés et troués, les murs avec les fils électriques imbibés d’eau, les champignons tapissent le bas de murs, la moisissure est imprégnée dans les fenêtres, les toilettes sont condamnées et une odeur nauséabonde traverse la maison d’est en ouest. Pas surprenant que la maison ait été classée insalubre par une firme indépendante qui l’a inspectée.

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