Celle qui reçoit les plus grands de la culture québécoise au Quartier 50+ depuis six ans maintenant a toutefois accepté d’inverser les rôles et se raconter le temps d’une discussion sur la terrasse de L’Usine à Saint-Jérôme, dans le cadre du Balado de l’été.
Comédienne, infirmière, clown thérapeutique, intervieweuse… son parcours est tout sauf linéaire. Une chose demeure : la volonté d’aller vers l’autre. « Ce que je cherche, c’est d’entrer en relation, de créer un vrai contact humain. »
Un parcours qui se répond
Avant d’être connue comme animatrice et comédienne, Michèle Sirois avait choisi la voie des soins. « J’ai fait un cours d’infirmière, et j’ai travaillé comme infirmière presque deux ans en Suisse, et quelques années à temps partiel au Québec, en salle d’urgence. J’aimais le contact, mais il me manquait quelque chose », confie-t-elle.
Inspirée plus qu’impulsive, elle ose faire les auditions du Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Acceptée, elle se retrouve dans la cohorte de Guylaine Tremblay et amorce une nouvelle vie sur scène et à la télévision.
Mais c’est une rencontre en Suisse, dans un petit hôpital, qui donnera un nouveau sens à son parcours. Invitée à observer deux clowns auprès de pensionnaires âgés, elle est renversée : « Je suis restée cinq heures, bouleversée par leur façon d’entrer en contact vrai, avec légèreté et bienveillance. » De retour au Québec, elle découvre la Fondation Dr. Clown. « Le clown, ce n’est jamais lui qui a la solution, c’est toujours l’autre. On redonne du pouvoir à des gens qui en ont peu, à l’hôpital comme en CHSLD. »
Cette philosophie, Michèle l’a transposée dans son rôle d’intervieweuse. Depuis plusieurs années, elle est la voix des grandes entrevues au Salon des aînés de Saint-Jérôme, de Jeannette Bertrand à Yvon Deschamps. « Pour moi, interviewer, c’est un mélange de préparation et de lâcher-prise. Tu peux arriver avec tes cartons, mais il faut être prête à tout laisser tomber si la conversation prend une autre direction. » Comme clown thérapeutique ou comme intervieweuse, la posture reste la même : créer l’espace pour que l’autre mène la danse.
Vieillir et transmettre
À 66 ans, Michèle Sirois parle du vieillissement avec lucidité. « Vieillir, c’est choisir tes guerres, choisir tes amis, choisir tes activités, choisir où tu vas te battre et apprécier. » Elle avoue penser souvent à la mort, non pas avec peur, mais avec un sens accru de l’urgence. « Quand mon chum a réparé le plancher de la cabane, je lui ai dit : tu sais que tu ne le referas plus jamais de ton vivant. Ça me ramène à la rapidité de la vie. »
À la veille de recevoir Diane Dufresne pour une entrevue mémorable, Michèle garde les yeux tournés vers l’avenir. « Je veux encore interviewer, je veux encore rencontrer des gens, je veux encore jouer. Et qui sait, peut-être faire quelque chose de nouveau que je n’ai jamais fait. »
Et si vieillir, c’était finalement apprendre à simplifier? « Je me suis rendue compte dernièrement qu’il y avait un pouvoir qui nous restait jusqu’à la fin : le pouvoir de respirer. »
MOTS-CLÉS
Salon des aînés de Saint-Jérôme
L'Usine Restaurant Bar Saint-Jérôme
Balado de l'été
Michèle Sirois