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Ajout de 57 lits à l’hôpital régional, mais… l’agrandissement, c’est pour quand?

Stéphane Maher en a ras-le-bol des installations temporaires à Saint-Jérôme.
Photo Claude Cormier

Ajout de 57 lits à l’hôpital régional, mais… l’agrandissement, c’est pour quand?

Publié le 30/09/2020

«Je n’accepte pas que notre capitale régionale se retrouve avec une vingtaine de modulaires pour nos écoles primaires et secondaires, des bâtiments temporaires pour l’université (UQO), des tentes de luxe pour notre hôpital et un sous-investissement chronique de la part du MTQ (ministère des Transports du Québec)»lance Stéphane Maher, dans un échange de textos avec le Journal Infos Laurentides au cours du week-end.

Concrètement, le maire de Saint-Jérôme réagissait, en partie, à la nouvelle annoncée vendredi matin par le député Youri Chassin, au nom de son collègue ministre de la Santé et des services sociaux, Christian Dubé, à l’effet que l’hôpital régional de Saint-Jérôme se voit octroyer, au coût de 19 M$, un complexe (à assemblage rapide; donc fonctionnel à compter de décembre, estime-t-on) de 57 lits supplémentaires.

Complexe qui, viendra, considère-t-on, pallier pour «le manque d’espaces disponibles dans cet hôpital, notamment en prévision de mieux répondre aux besoins qui découleront de la deuxième vague de la COVID-19 au cours des prochains mois, en permettant de libérer des espaces au sein même de l’Hôpital».

«Ce projet de construction temporaire témoigne des efforts qui sont faits pour adapter notre réseau à la réalité concrète de chaque communauté, dans un souci d’optimisation et d’efficience. Il reflète aussi notre désir d’améliorer très rapidement l’accès aux services du réseau, dans un contexte inédit où les besoins ne peuvent que s’accroître»a réagi, par voie de communiqué de presse, Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux.

Alors que pour Youri Chassin «il s’agit d’une initiative essentielle pour s’adapter aux besoins actuels et à venir du secteur sud des Laurentides. Un des principaux enjeux de notre région est la hausse de la demande de services de santé, et je me réjouis qu’une construction temporaire vienne nous aider à relever ce défi de manière concrète et efficace, en ce temps de crise sanitaire et après».

Projet de loi 66

L’annonce des installations temporaires survient deux jours après le dépôt, par la présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel, du projet de loi 66 (Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure) qui vient remplacer le projet de loi 61 que le Gouvernement Legault n’a pu faire accepter par l’opposition avant le congé estival.

La mauvaise surprise, c’est que le projet de modernisation et d’agrandissement de l’hôpital régional de Saint-Jérôme n’y figure pas, alors que celui de l’hôpital de Saint-Eustache y est.

Appelé par le Journal à commenter cet état de fait, Youri Chassin a justifié la chose par le fait que le projet de Saint-Jérôme n’était pas suffisamment avancé pour être inclus dans le projet de loi 66.

Aussi, l’ajout d’installations temporaires ne serait pas de nature à retarder la modernisation et l’agrandissement de l’hôpital régional, a tenu à assurer le député Chassin qui dit «partager l’impatience des gens» de voir décoller le projet.

Une excuse qui passe mal

Les réponses ne satisfont pas le maire Maher.

«Concernant l’annonce sur l’hôpital je me réjouis. Cependant, et malgré cette bonne nouvelle, les enjeux d’accès et d’offre de services demeurent entiers (…) Nous devons comprendre que les investissements à venir de plusieurs centaines de millions pour l’agrandissement de l’hôpital ne concernent pas seulement l’ajout de nouveaux lits et la mise à jour des équipements mais, encore plus important, la consolidation d’offre de services; à titre d’exemple la radio- oncologie, la dialyse et j’en passe»de noter le maire.

Bien plus, «j’accepte difficilement l’excuse que le PFT(plan fonctionnel technique) n’est évidemment pas encore complété pour un projet si imposant, explique que le projet ne se retrouve pas dans le projet de loi 66. Il y a pourtant plusieurs projets qui se retrouvent sur la liste et qui j’en suis convaincu n’ont toujours pas de PFT de complété. Comme par exemple, les maisons des aînés dans plusieurs villes des Laurentides, sûrement l’agrandissement de l’urgence de Saint-Eustache et j’en passe (…) Ces projets sont évidemment très importants et doivent aller de l’avant. Je vais cependant demander des précisions aux différents ministères et certainement une mise à jour des échéanciers sur ce projet».

Et encore: «Pendant ce temps, pour installer les nouvelles infrastructures à l’hôpital, le CISSS (des Laurentides) doit retrancher 200 cases de stationnement pour ses employés qui avaient déjà un problème chronique d’accessibilité».

Infirmières

En outre, l’annonce gouvernementale de vendredi matin dernier a suscité des interrogations de la part des membres du FIQ-Syndicat des professionnelles en soins des Laurentides (FIQ-SPSL) qui étaient réunis virtuellement en conseil national extraordinaire jeudi dernier. Conseil au cours duquel, nous dit-on, l’offre du gouvernement a été rejeté à l’unanimité.

«Le gouvernement ne répond pas aux problèmes vécus par les professionnelles en soins. Alors qu’on annonce en parallèle l’ajout de lits dans la région, on ne met pas en place les mesures pour attirer des professionnelles en soins» souligne-t-on du côté du FIQ-SPSL.

«Qui s’occupera des nouveaux lits annoncés? Les professionnelles en soins des Laurentides sont épuisées, et la pandémie n’a fait qu’augmenter la détresse vécue, il y a une limite à tout. C’est un manque de respect et de considération pour les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes qui se donnent cœur et âme afin d’offrir des soins de qualité à la population. Si le gouvernement veut régler la négociation nationale, il se doit de réviser rapidement sa position» d’exprimer Julie Daigneault, présidente du FIQ-SPSL.

«Du gros patchage»…

Du côté des médecins, on accueille également la nouvelle avec joie, à condition que ça ne mette pas en péril le projet de modernisation et d’agrandissement.

C’est ce qu’on perçoit dans les propos du Dr Daniel Picard, chef du service de médecine nucléaire au CISSS des Laurentides, en entrevue avec le Journal Infos Laurentides, vendredi dernier en après-midi.

«C’est une bonne nouvelle. C’est quand même 57 lits pour recevoir des patients. (Mais ça) demeure une solution temporaire en attendant d’avoir de nouvelles installations permanentes. C’est beau faire des installations (temporaires), mais à condition que ça n’empêche pas de faire avancer le dossier de l’agrandissement. Sinon, ça demeure du gros patchage. Je sais qu’actuellement, ils sont encore dans les plans. Vont-ils vouloir accélérer le processus? Pour cela, il va falloir qu’ils mettent les ressources nécessaires»de commenter le Dr Picard.

Il faut dire que le Dr Picard s’y connaît question délais pour voir l’achèvement d’un projet, du fait que, dira-t-il avec un brin d’humour, «je viens du CHUM»… 

Environ 6 M$ 

Dans un autre d’idée, les dernières journées de la semaine dernière ont apporté leur lot de bonnes nouvelles pour Saint-Jérôme.

Outre l’annonce pour l’hôpital, on a appris que le gouvernement débloquait 2,3 milliards $ en 2020-2021pour soutenir les municipalités du Québec dans les relances économiques des villes et mieux les appuyer en cette période de deuxième vague de la pandémie.

Le premier magistrat jérômien en est, on s’en doute bien, fort heureux.

«Je me réjouis évidemment du nouveau financement à venir pour supporter les municipalités. Même si nous n’avons pas encore les données précises nous pouvons anticiper des revenus de 6 millions de dollars pour Saint Jérôme, sur deux ans. Dans tous les cas cela sera largement suffisant pour assurer un gel de taxes pour l’année 2021» d’indiquer Stéphane Maher.