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Au plancher

Marc Bourcier.
Photo Mychel Lapointe

Au plancher

Publié le 10/12/2020

MATHIEU LOCAS

Stéphane Maher est au plancher. Même s’il souhaite demeurer en poste. Même s’il va en appel et que la décision est renversée, il ressort affaibli de ce combat.  S’il se relève, aura-t-il assez accumulé des points dans l’opinion publique pour remporter le prochain combat électoral?

Certains trouvent son geste (offrir un emploi pour se débarrasser de conseillers) scandaleux, pendant que d’autres estiment qu’il a commis un impair excusable. Pour eux, le repositionnement de carrière est courant en politique.  Dans la biographie posthume de Jean Lapierre, l’ancien ministre des Transports André Fortin se souvient que lors de son retrait politique, l’ancien député d’Outremont avait demandé à sa défunte conjointe Nicole de lui trouver un emploi à Loto-Québec. Fortin avait finalement refusé.  Souvenez-vous aussi de Pauline Marois qui, une fois au pouvoir en 2012, avait dégommé le PDG de l’Agence métropolitaine de transport pour y nommer son candidat défait, Nicolas Girard. Il était tellement incompétent qu’on avait réembauché le PDG congédié pour lui montrer le travail.

Les opposants à Maher sont les plus visibles dans l’opinion publique. Mais un pourcentage silencieux lui pardonne, notamment en raison de ses gels de taxes. Ils se disent aussi que le maire ne s’est pas rempli les poches.

Ma relation avec Stéphane Maher, contrairement à ce que certains croient, a eu des épisodes musclés. Lors du point de presse, suivant la présentation du budget 2020,  je lui avais demandé :

-Monsieur le maire, est-ce votre dernier budget?

«Non, pas du tout. Il nous reste une autre année au mandat»

-Avec votre procès en 2020, croyez-vous que c’est votre dernier budget?»

Il ne l’avait pas trouvé drôle.

A la fin de l’hiver dernier, j’avais aussi chèrement payé mes demandes d’accès à l’information concernant les plaintes sur le déneigement et la gestion des matières résiduelles.

Mais Stéphane Maher finissait par passer par-dessus la discorde. La langue de bois n’était pas sa tasse de thé. Quand un projet se tramait, il en parlait, même si ses fonctionnaires préféraient le contraire.

Le principal problème de Stéphane Maher aura été son entourage et particulièrement son chef de cabinet Simon Geraghty. Gars très travaillant qui n’a jamais compté ses heures. Il n’a cependant pas le pif politique pour gérer un maire d’une ville comme Saint-Jérôme. Trop souvent, il a exposé Maher dans des situations où les conseillers auraient dû jouer le rôle de pare-feu. Je reviens à Jean Lapierre. Regardez sa dernière longue entrevue avant sa mort, accordée à Esther Bégin. Il avoue, comme ministre, s’être mis devant Paul Martin pour prendre des balles dans des dossiers épineux. Le dossier du déneigement est le meilleur exemple. Geraghty aurait dû mandater un conseiller pour manger la bouette et non exposer le maire au grand vent. Je n’ai jamais vu un maire à Gatineau se faire autant brasser sur le déneigement.

Succession

Et comme il a eu les deux mains dans l’épisode Fauteux-Marion, il aura à répondre à des questions, s’il souhaite faire le saut.

Sophie St-Gelais pourrait briguer la mairie en 2021.  Contrairement à Stéphane Maher, elle aime la langue de bois. Elle s’y est prise par trois fois pour me dire le fond de sa pensée sur la suite de sa carrière politique.

Mario Fauteux : Il a avoué à sa sortie du tribunal que la politique était un hobby. Un hobby à 70 heures par semaine….

Nathalie Lasalle : Difficile de ne pas fermer les lumières à la Cathédrale et de ne pas mettre la hache dans le soccerplex quand elle les a tellement critiqués. Si elle ne le fait pas, elle devra remettre la pâte à dents dans le tube.

Johanne Dicaire : Les séances Web du conseil municipal démontrent clairement qu’elle ne comprend pas les mécanismes politique et administratif d’une ville.

Martin Pigeon : Certains de ses anciens élèves parlent de lui comme leur meilleur prof à vie. Mais s’il revient en politique, il devra expliquer pourquoi il a passé la majorité de sa carrière à suivre le sillon de Marc Gascon et à voter aveuglément pour des hausses de taxes faramineuses sans penser aux poches des contribuables.

Marc Bourcier : Se faire battre par un gars qui ne connaissait pas deux noms de rues à Saint-Jérôme a fait mal. Va-t-il s’embarquer dans une campagne à 3 ou 4 candidats?

Benoit Beaulieu : Ses sautes d’humeur ne plaisent pas aux hauts fonctionnaires qui ne l’ont jamais endormi avec de belles phrases creuses servies habituellement pour remplir un conseiller ignorant de l’appareil municipal. Est-ce que les recrues de Vision St-Jérôme voudraient encore de lui ou il devrait y aller comme indépendant? L’autre question, veut-il y aller?

 

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com