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Business et pas dans ma cour

Photo Claude Cormier
Le PDG de Lion, Marc Bédard.

Business et pas dans ma cour

Publié le 26/11/2020

MATHIEU LOCAS

J’ai souvent décrié dans cet espace que Saint-Jérôme faisait plus que dur en matière de développement économique. Mirabel faisait la barbe à la capitale des Laurentides sans même utiliser un rasoir quand venait le temps d’attirer des entreprises sur son territoire. Et que dire du service d’urbanisme jérômien. Encrouté comme ce n’était pas permis. C’est bien juste si les employés n’enfilaient pas leurs pantoufles en Phentex en arrivant au bureau. Des gens d’affaires m’ont confirmé qu’on se serait cru dans la Maison des fous d’Astérix avec le Laisser passer A-38.

Mais les choses tendent à changer. La Ville a posé un geste majeur pour s’assurer de garder La Compagnie Électrique Lion sur son territoire. Installée dans les anciens locaux de Bauer, presqu’en face de l’usine de traitement des eaux, en bordure de la 15, Lion a besoin d’espace. Avec la demande mondiale en matière de véhicules électriques, plusieurs villes sont prêtes à faire des pieds et des mains pour attirer ce genre d’entreprise car on parle ici d’emplois durables.

Saint-Jérôme a bougé rapidement. Elle prête un terrain 450 000 pieds carrés, près du cimetière et de l’autoroute 15 pour une période de 25 ans. La Ville a aussi offert un congé de taxes de cinq années. Le tout, bien sûr, si Lion réussit à obtenir le financement pour sa nouvelle usine, un investissement de 180M$.

En raison de la COVID, la conjoncture économique est épouvantable. Nous vivons et vivrons pendant encore plusieurs mois une période de chômage structurel. Plusieurs emplois d’aujourd’hui n’existeront plus demain. De s’assurer la présence de Lion sur notre territoire était la chose à faire. On appelle ça faire de la business. En point de presse jeudi dernier, le maire soulignait que Lion aurait très bien pu déménager ses pénates aux États-Unis. Là-bas, certains gouverneurs sont prêts à construire des usines pour attirer des entreprises.

Ça me rappelle le tournant des années 90 avec l’ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick Frank McKenna. Il n’hésitait jamais à sauter dans un avion pour aller directement convaincre des chefs d’entreprise pour les déraciner et les attirer dans sa province. Les centres d’appels ont poussé comme des pissenlits au printemps à coup de subventions. Mais 30 ans plus tard, l’impact de ces investissements se font encore sentir au Nouveau-Brunswick.

Parlant de business, la présence d’une entreprise amène souvent le syndrome du «pas dans ma cour». L’arrivée d’une usine de production de pot médical à l’entrée Ouest de Sainte-Sophie en est un bel exemple. Il y en aura toujours qui vont s’opposer à tout, dès qu’une virgule chamboule leur quotidien.

L’autre réaction du genre est l’augmentation de la capacité d’enfouissement au dépotoir de Sainte-Sophie. Je ne gagnerai pas un concours de popularité, mais les puristes doivent arrêter de jouer à l’autruche. Nous avons un système de gestion des déchets qui ne nous permet pas de tout recycler ou réutiliser. Les dépotoirs sont là depuis longtemps et encore pour un bon nombre d’années.

La compagnie Waste Management est un joueur économique important pour la région. Les villes de la MRC de la Rivière-du-Nord bénéficient de sa présence et particulièrement la municipalité de Sainte-Sophie.

J’en entends dire:

-On n’a pas d’affaires à recevoir les vidanges des autres. Ce n’est pas une question du «pas dans ma cour» mais une question de gros bon sens.

À ça, je réponds :

«Très bien, avez-vous déjà milité contre la présence des dépotoirs de Saint-Thomas dans Lanaudière, Sainte-Cécile-de-Milton en Montégérie, Drummondville, Saint-Étienne-des-Grès en Mauricie et Saint-Joachin près de Québec? Parce que ces dépotoirs accueillent plus de déchets que Sainte-Sophie».

Dans plus de 99% des cas la réponse est non. D’où l’application du principe «pas dans ma cour»

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com