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Des condos endommagés…Qui doit payer?

Des condos endommagés…Qui doit payer?

Publié le 06/10/2022

Des copropriétaires de trois immeubles se retrouvent dans un cul de sac à Saint-Jérôme. Seule une aide gouvernementale pourrait leur permettre de retrouver leur chemin, car ils sont vraiment perdus, sans issue.

Ces trois édifices situés sur la rue Castonguay tombent en ruine depuis des années, encore plus en décrépitude depuis un an. Une situation devenue alarmante en raison des importantes infiltrations d’eau à la moindre ouverture : portes, fenêtres, toits… 

Une batterie d’experts dresse un portrait peu positif, voire décourageant de ces immeubles, 600, 620 et 640, vieux de 30 ans. 

« Il y a un scénario optimiste et un autre pessimiste, dépendamment de plusieurs facteurs, tels une rénovation, une démolition ou une reconstruction, été ou hiver, pas le même prix », lance l’estimateur indépendant des coûts, Jessy Dallaire. 

Le scénario optimiste parle de travaux de rénovation de 4,1M$ pour le 640. Une fois divisé par les 16 copropriétaires de l’immeuble, la facture s’élève entre 205 000$ et 257 000$ pour chacun des copropriétaires.

Celui du 620, une somme similaire de 4,2M$, soit de nouvelles dépenses non budgétées de 207 000$ à 259 000$. 

Le 3e, le 600 est le moins endommagé des trois, les rénovations sont évaluées à 3,3M$. Une somme répartie en 16 unités pour la somme de 166 000$ à 208 000$.

Des chiffres qui a jeté une douche glaciale dans la salle. Certains laissant aller à voix basse quelques mots d’église, d’autres se sont levés debout pour se rassoir aussi rapidement avec un long soupire, d’autres se pognant la tête à deux mains. « Nous n’avons pas les moyens. Quelle banque va nous passer, aucune », a résonné à travers les murs de la salle, mercredi soir.

Les gens craignent de ne pas être en mesure de recevoir une deuxième hypothèque, surtout qu’elle sera plus élevée que celle initiale. « Ça n’a pas de bon sens », lance Éric, bourrassant sa chaise avant de la laisser traîner sur le plancher causant un bruit stridant. 

Construction neuve

Toujours en colère et sous le choc, les 48 copropriétaires ne ferment pas la porte à une reconstruction. L’estimation des coûts est de 5,3M$ pour un bâtiment neuf. La dernière évaluation marchande tournait autour de 2,5M$.

Démolition complète, le ton monte

Tous les scénarios sont sur la table. Les copropriétaires ont également soulevé l’idée de raser les bâtiments et de ne vendre que les terrains. 

L’ambiance est devenue très tendue. Le ton a monté. Les bénévoles du syndic ont été la cible de méchancetés. La porte-parole, Marie Lahiton a même dû interrompre la rencontre le temps de dénoncer qu’elle recevait en direct des menaces via textos d’un père d’une jeune copropriétaire assise dans la première rangée. À la fin de la rencontre, plusieurs sont venus supporter Mme Lahiton pour sa grande implication. 

Des intervenants du CISSS s’étaient déplacés pour répondre aux besoins des gens plus troublés. Ils les ont informés qu’il existait différentes ressources advenant qu’ils soient obligés de quitter de force leur logement. 

C’est que la Ville de Saint-Jérôme a donné un ultimatum, le 2e. En mars dernier, lors de la découverte de la première poutre avec de la pourriture, des travaux de sécurisation des édifices ont dû être réalisés en urgence, les gens ayant reçu un avis d’éviction. 

« Les travaux ont été réalisés et les structures sont solides. Mais la situation ne pourra rester temporaire », mentionne Luc Gauthier, ingénieur chez Artimon Consultants.

Le juridique 

Certaines personnes dans la salle ont quitté déçus estimant ne pas avoir eu réponse à leurs questions. Ils souhaitent passer à l’étape de la justice rapidement. Ils sont toutefois conscients que les procédures judiciaires seront longues et coûteuses. 

C’est que la preuve démontre que les bâtiments n’ont pas été construits selon les règles de l’art d’il y a 30 ans.  

Un avocat, Me Jean-François Gilbert, a été embauché par les syndicats des condos dans le but d’envoyer une dénonciation à tous les anciens propriétaires de même qu’aux anciens administrateurs.

Un recours collectif est également envisagé. Encore-là, un des trois contracteurs de l’époque est décédé, l’autre a déclaré faillite et le 3e semble introuvable. 

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