Le film raconte l’histoire du Frère Marie-Victorin, campé par Alexandre Goyette, et de son étudiante, Marcelle Gauvreau (Mylène Mackay), qui développent une amitié profonde après avoir tous deux frôlé la mort. Unis par leur amour pour Dieu et la nature, Marcelle devient la collaboratrice de Marie-Victorin. Leur relation, marquée par une correspondance épistolaire intime et audacieuse, se poursuit jusqu’à la mort de Marie-Victorin. Les lettres échangées, publiées respectivement en 2018 et 2019 chez Boréal, révèlent une histoire d’amour chaste mais intense, offrant un éclairage inédit sur l’histoire érotique et religieuse du Québec.
En entrevue avec Infos Laurentides, la comédienne Sylvie Moreau et la réalisatrice Lyne Charlebois ont partagé leurs réflexions sur le film.
« Ça fait seulement quelques années que les lettres sont devenues publiques. La congrégation des frères avait tout détruit, mais Marcelle Gauvreau avait fait des copies de ses propres lettres et de celles de frère Marie-Victorin. Elles ont donc été retrouvées dans les archives de sa famille », nous explique Sylvie Moreau.
La comédienne joue la sœur du frère Marie-Victorin, qui est mère supérieure pour une congrégation à Québec. « Elle a toujours été protectrice pour son frère. Elle n’approuve pas la relation entre Marie-Victorin et Marcelle Gauvreau. Elle la juge dangereuse, surtout pour Marcelle puisqu’elle est une femme. On comprend qu’à cette époque, les femmes émancipées faisaient face à des conséquences bien plus graves que les hommes émancipés. »
« Avec les comédiens qu’on retrouve aussi dans le présent, Lyne voulait qu’on puisse voir en parallèle la beauté de cet amour-là, leur maturité, et notre vision de l’amour aujourd’hui, qui n’est en fin de compte pas tellement plus évoluée qu’il y a presque cent ans », ajoute Mme Moreau.
« En lisant la longue correspondance de ces deux personnages, j’ai été complétement transportée et j’ai appris plein de choses sur l’amour, nous confie la réalisatrice, Lyne Charlebois. En amitié comme en amour, c’est important d’aller dans la réciprocité. L’intimité, c’est avoir confiance. Leur relation m’a apaisée. »
La beauté des mots et de la nature au cœur du film
« Tout le visuel et le travail sur la beauté, notamment la manière dont la nature a été filmée, vient énormément enrichir ce qu’on est en train d’entendre. La nature devient comme un dialogue! C’était très habile de la part de Lyne. Le rythme du film est assez lent et c’est voulu, car les textes sont d’une telle densité, les mots si beaux, qu’il faut du temps pour les intégrer, les digérer », soutient la comédienne.
« C’était un beau tournage ! raconte Charlebois. Pour filmer la nature, l’équipe s’est rendue notamment en Minganie où nous avons tourné pendant trois jours. C’est d’ailleurs Marie-Victorin qui a inventé le mot « Minganie », il a beaucoup herborisé là-bas. Donc, c’était important de tourner là. Nous avons fait beaucoup de gros plans sur l’île Anticosti. Nous avons également tourné dans les Cantons-de-l’Est, sur le mont Royal, dans les Laurentides et même à Cuba. »
Quand on a demandé à la productrice ce qu’elle aimerait que l’on retienne du film, elle a répondu : « Je souhaite que les mots reviennent, que les gens s’écrivent des lettres d’amour, qu’il y ait cette compréhension de l’autre, cette patience dans l’amour… et que nous soyons moins absorbés par nos téléphones. »
Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles promet donc de marquer les esprits par sa beauté visuelle et émotionnelle, tout en offrant une perspective nouvelle sur des figures historiques qui ont façonné notre Québec.
Le film, produit par Roger Frappier et d’une durée de 99 minutes, a pris l’affiche le 21 juin
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