Le 21 février dernier, le Service de police de la Ville de Saint-Jérôme a nommé Caroline Bernard en tant que nouvelle directrice, faisant d’elle la première femme à occuper ce poste après ses 25 prédécesseurs depuis 1856.
Nous avons profité de cette occasion pour visiter le poste de police et discuter avec elle de son nouveau rôle, des défis et des projets à venir pour la police de Saint-Jérôme.
La nouvelle directrice, spécialisée tout au long de sa carrière dans les enquêtes sur les agressions sexuelles et les crimes contre les enfants a tout d’abord exprimé sa fierté quant à son parcours professionnel.
« Oui, je suis très fière d’être la première femme, mais je suis surtout fière d’avoir gravi les échelons. J’ai commencé en juin 1993 comme policière temporaire sur appel. À cette époque, je n’avais pas pour objectif de devenir cheffe de police, mais j’avais pour but d’être la meilleure policière et de protéger les plus vulnérables. Je voulais laisser ma marque. »
« À peine trois semaines après mon entrée dans la police, j’ai dû couvrir un homicide. Un homme avait tué sa conjointe. On n’est jamais préparé à cela. Aujourd’hui, je réalise que c’est probablement ce qui a influencé mes actions et mon engagement, je voulais vraiment faire une différence. »
Sa vision : un service engagé et innovant
Mme Bernard décrit le service de police à Saint-Jérôme comme une organisation à taille humaine. Une équipe soudée qui s’efforce de rendre la ville sécuritaire et accueillante pour les citoyens, avec l’intégration des meilleures pratiques nationales et internationales.
« Nous avons toujours été présents dans tous les comités, tant nationaux que provinciaux. Par exemple, nous nous sommes rendus à Québec récemment pour visiter le service de police de la ville de Québec, car nous savions qu’il adoptait une approche novatrice en matière d’itinérance et de santé mentale. »
« Mon objectif est de faire de notre service de police le meilleur au Québec! Avec les moyens dont nous disposons, qui ne sont pas ceux de Montréal. »
Défis et préoccupations à Saint-Jérôme
Avec son hôpital régional, son centre de détention et son palais de justice, Saint-Jérôme est une ville centre qui offre des services aux populations environnantes, ce qui crée des défis en raison de la population flottante.
La directrice exprime ses préoccupations concernant l’augmentation des problèmes sociaux et, par extension, la santé mentale des policiers.
« Nous sommes un service qui fonctionne 7 jours sur 7, 24 h sur 24, tandis que les organismes gouvernementaux qui soutiennent la santé mentale, l’itinérance, le vieillissement et d’autres enjeux, ne sont ouverts qu’en semaine et de jour. Il y a un manque à combler à ce niveau, car la police ne peut pas remplacer certains services et c’est pourtant nous qu’on appelle, par exemple la fin de semaine. »
« Nous demandons à nos policiers d’être parfaits, alors même qu’il y a une augmentation des cas liés à ces problématiques dans la population. Nous voulons prendre soin de notre personnel, leur fournir les outils nécessaires et du soutien. »
Elle souligne également le défi de la relève au sein de l’organisation, avec un nombre croissant de départs à la retraite. « Il y a une pénurie de main-d’œuvre, l’école de police ne suffit pas actuellement. C’est un enjeu crucial d’attirer et de garder les jeunes dans le métier. L’année prochaine, 40 % de l’équipe de direction sera éligible à la retraite. »
Initiatives et projets pilotes
Le Service de police de Saint-Jérôme développe plusieurs initiatives et projets pilotes pour améliorer la sécurité et le bien-être des citoyens.
« Nous avons mis en place une équipe dédiée à la violence conjugale, composée de quatre enquêteurs pour encourager les victimes à signaler les incidents et leur offrir un soutien approprié. C’est une première pour nous », explique la directrice.
Parmi les autres projets pilotes mentionnés, figure l’équipe « Pacifique » qui se promène lors d’événements et de festivals pour renforcer le sentiment de sécurité ; et l’équipe « Espoir » pour les personnes en situation d’itinérance.
En collaboration avec des travailleurs sociaux soutenus par le CISSS, un projet est aussi en cours pour traiter les cas récurrents d’appels de personnes prises avec un trouble de la santé mental et les diriger vers un suivi adapté.
« Nous sommes également au tout début d’un projet pilote avec la direction de la protection de la jeunesse, visant à prendre en charge les dossiers concernant les jeunes victimes d’agressions sexuelles et d’abus physiques. »
Par ailleurs, une consultation est actuellement menée sur le sentiment de sécurité, avec le souhait de mettre sur pied un forum pour entendre les préoccupations des citoyens, des groupes corporatifs et communautaires.
Parmi les initiatives qui rencontrent du succès, le programme « Un Café avec un Policier » vise à instaurer une proximité avec les citoyens. De plus, le programme « Sexto » a été récompensé par un prix national pour son approche novatrice dans le traitement des cas de sextorsion.
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