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Grève des CPE : les négociations piétinent malgré la pression

Photo : Marie Pier Lafleur –

Plus d’une centaine de travailleuses en CPE se sont rassemblées à Saint-Jérôme pour manifester.

Grève des CPE : les négociations piétinent malgré la pression

Publié le 27/03/2025

Toutes les travailleuses en CPE syndiquées à la CSN ont déclenché une grève générale le 18 mars à travers le Québec.

Dans les Laurentides, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées à Saint-Jérôme, entre la 103e et la 104e avenue du boulevard Curé-Labelle, pour manifester et former une chaîne humaine en signe de solidarité.

Chantal Harrison, présidente du syndicat des CPE de la région, explique que cela fait vingt mois que les éducatrices sont sans convention collective. Les négociations ont commencé avec le ministère de la Famille, mais elles sont maintenant rendues à l’étape monétaire avec le Conseil du trésor. Les revendications portent notamment sur les salaires, les assurances collectives et l’allocation de fonds pour les enfants aux besoins particuliers, dont le nombre est en augmentation dans les centres.

Parmi les demandes figure également le temps nécessaire pour remplir les portraits d’enfants, une tâche obligatoire que plusieurs font actuellement effectuer à la maison. « Ces portraits sont essentiels pour l’école et pour la suite des choses. Nous revendiquons du temps pour les faire correctement », souligne Mme Harrison.

Des éducatrices préoccupées

Sur le terrain, plusieurs éducatrices affirment que leurs conditions de travail se sont détériorées. Stéphanie Crête, éducatrice depuis 2003, parle d’une dégradation du métier, notamment en ce qui concerne la stabilité des groupes et le respect des ratios. « Quand j’ai commencé, j’avais mon groupe d’enfants pour la journée entière. Maintenant, si une collègue est absente, les enfants sont répartis dans d’autres groupes, souvent mélangés d’âge. » Elle souligne la difficulté à planifier des activités adaptées et la perte de repères pour les enfants : « Parfois, je ne sais même pas qui sera dans mon groupe le matin. Ça peut prendre une heure avant que tout se stabilise. »

Elle ajoute que cette instabilité, combinée à une pénurie de personnel, rend le travail plus lourd. « On a plus d’enfants aux besoins particuliers, plus de problématiques à gérer. Et il y a peu de relève : les stagiaires ne restent pas. »

Pour Chantal Harrison, il est essentiel de rappeler le rôle fondamental des éducatrices : « Ce ne sont pas de simples gardiennes. Ce sont des professionnelles formées. »

Négociations toujours en cours

Rappelons qu’en janvier dernier, une entente de principe a été réglée avec la CSQ et en février avec la FTQ. Ces ententes prévoient entre autres de faire passer le salaire au premier échelon d’une éducatrice qualifiée en CPE de 21,60 $ à 25,15 $ l’heure. Elles prévoient également des primes pour celles qui acceptent de travailler au-delà de 35 heures par semaine. Ces ententes prévoient les mêmes augmentations de salaire que celles qu’ont obtenues les employés de l’État, soit 17,4 % sur cinq ans. Elles ont été entérinées par leurs membres, dans des proportions de 66 %, 88 % et 100 %.

« Les négociations avec la FSSS-CSN se sont intensifiées et une entente est possible rapidement. Or, le cadre établi lors de cette ronde de négociations ne sera pas remis en question : c’est une question d’équité envers tous les autres syndicats qui ont déjà conclu des ententes », insiste Sonia LeBel, ministre responsable de l’Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.

Sur le terrain, toutefois, le son de cloche est tout autre. Josée Constantineau, éducatrice spécialisée, justifie sa participation à la grève : « Les négociations n’avancent pas. Malheureusement, si rien ne se passe, il y aura plus de journées de grève consécutives. Ce n’est pas ce que je souhaite, mais c’est notre seul moyen d’être entendues. »

Cependant, après une fin de semaine de négociations infructueuses pour la FSSS-CSN, qui représente le plus grand nombre de ces travailleuses, l’impasse perdure.

Pour l’instant, les parents devront continuer à s’armer de patience, alors que d’autres journées de grève sont envisagées.