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Je démissionne

Je démissionne

Publié le 27/08/2019

MATHIEU LOCAS

Je démissionne comme chroniqueur du Journal Infos Laurentides. Une situation de conflit d’intérêts me force à agir ainsi. Par contre, je démissionne seulement pour une semaine. Au moment où vous lisez ces lignes, j’ai déjà fait don de mon cachet à la Fondation de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme pour confirmer que le texte que vous lisez n’est pas celui du chroniqueur habituel, mais plutôt de Mathieu Locas à titre personnel.

Le 5 juillet dernier, Le Devoirtitrait: Menace du patrimoine bâti de Saint-Jérôme. L’auteur faisait référence à la compagnie Bon-Apparte qui achète massivement des résidences des quartiers Saint-Lucien et Sainte-Marcelle. Plusieurs se scandalisent de la situation et prédisent la quasi-démolition du quartier.

Si je suis en conflit d’intérêts, c’est parce que Bon-Apparte nous a appelés pour nous faire une offre sur un de nos immeubles. Nous avons négocié et sommes passés chez le notaire la semaine dernière. Aucun secret via le Registre foncier du Québec. Moyennant 1 $, vous avez accès aux détails de la transaction.

Loi et règlements

Je connais le quartier Saint-Lucien. J’y ai vécu ma jeunesse et, jusqu’à jeudi dernier, j’y possédais trois immeubles. Quand je lisais les commentaires sur les médias sociaux, je n’en revenais pas de l’ignorance de certains.

Il y avait ceux qui varlopaient Bon-Apparte. Nous devrions nous réjouir qu’une entreprise investisse dans notre ville. Je vous rappelle que c’est cette même entreprise qui a décidé d’investir des centaines de milliers de dollars pour retaper l’Hôtel Plouffe. Oui, une entreprise privée est là pour faire du profit, sinon elle ferme. Oui, un propriétaire d’immeubles cherche la rentabilité, mais il ne peut pas faire ce qu’il veut avec ses logements et ses locataires. Il y a des règlements municipaux et la Loi sur la Régie du logement.

L’immeuble vendu à Bon-Apparte a des exigences patrimoniales. En 2016, j’ai dû payer 50 $ et attendu trois mois pour obtenir un permis pour peinturer de vulgaires barreaux de fer forgé. Changer les galeries et les rampes m’a coûté trois fois le prix, puisque j’utilisais des matériaux qui respectaient un cachet historique. Que ce soit pour Mathieu Locas, Bon-Apparte ou les Immeubles XYZ, les normes sont les mêmes pour tout le monde.

Certains craignent que le prix des loyers explose. Au Québec, les propriétaires ne peuvent augmenter les prix à leur guise. Une augmentation annuelle tourne autour de 0,7 %. On y ajoute un pourcentage pour la hausse des taxes municipales et scolaire, et des assurances. Dernier facteur de hausse: les rénovations majeures. Pour chaque 1 000 $ investi dans un logement, la hausse mensuelle n’est que de 3 $.

Autre chose, il y a la loi du marché. Si le prix est trop élevé, les gens ne loueront pas. C’est aussi simple que ça.

Où êtes-vous?

Là, je m’adresse aux défenseurs du patrimoine. Vous êtes où quand vient le temps de louer dans Saint-Lucien? Cherchez-vous les appartements récents de Saint-Antoine, Bellefeuille et Lafontaine? Pas sûr que le patrimoine devient votre premier critère de sélection.

En 2011, si j’ai décidé d’investir dans Saint-Lucien, c’est parce que le train de banlieue est tout près, l’UQO et le cégep débordaient et parce que l’hôpital et la Rolland attirent des locataires. Qu’est-ce qui a changé depuis? Le développement du Quartier des Arts et du Savoir et l’investissement de plusieurs centaines de millions de dollars à l’hôpital.

Il y a huit ans, je visais du long terme au détriment d’une rentabilité immédiate, car les premières années j’ai mangé de l’argent. Pour certains, ça leur passe 500 pieds par-dessus la tête qu’un propriétaire mange de l’argent. Pour eux, nous sommes synonymes de «riches propriétaires, un peu crosseurs sur les bords». Pour louer, j’ai même baissé des prix, refait des cuisines, changé des portes et fenêtres.

Maintenant, l’avenir s’annonce prometteur. C’est pour cette raison que des investisseurs, comme Bon-Apparte, cognent aux portes pour acheter. On appelle ça la liberté d’entreprise. La Ville de Saint-Jérôme ne peut interdire une transaction entre deux propriétaires, car nous sommes en situation de libre marché.

 

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.