Le temps supplémentaire obligatoire (TSO), censé être une mesure de dernier recours, s’est banalisé au fil des mois. En théorie, selon l’Ordre des infirmières du Québec, un employé peut refuser le TSO s’il se sent trop fatigué pour assurer sa sécurité, celle de ses collègues et des patients. Toutefois, refuser cette mesure entraîne souvent des sanctions, car il est impossible de laisser un département à découvert. Pris dans cette impasse, le personnel médical n’a souvent d’autre choix que de continuer à accepter, au détriment de sa santé.
Avec des journées qui s’étendent bien au-delà de l’horaire prévu, Jonathan et ses collègues sont confrontés à une fatigue chronique qui érode peu à peu leur bien-être mental et physique. Le personnel médical se sent épuisé, souvent pris dans une spirale où chaque jour ressemble au précédent.
Des salaires insuffisants pour des responsabilités vitales
Malgré les responsabilités cruciales qu’ils assument, le personnel de la santé continue de travailler avec des salaires jugés insuffisants, explique M. Boucher. Selon l’échelle salariale de la convention collective d’octobre 2021 à mars 2023, une infirmière auxiliaire commence avec un salaire de 24,21 $ de l’heure. Ce niveau de rémunération ne reflète pas la complexité et la pression que subissent les soignants au quotidien et cette situation contribue au sentiment de démotivation et de frustration au sein des équipes, qui se sentent peu reconnues pour leur travail indispensable.
Des conditions de travail de plus en plus risquées
D’après Jonathan Boucher, le manque de personnel pousse régulièrement les soignants à être déplacés d’un département à l’autre, parfois sans même avoir la formation ou l’expérience nécessaire pour s’adapter immédiatement. Ces déplacements obligatoires créent une situation risquée, tant pour les employés que pour les patients. Le temps perdu à chercher du matériel ou à se familiariser avec de nouvelles procédures peut ralentir les soins, mettant parfois la sécurité des patients en danger.
Les soignants, contraints de s’adapter rapidement à ces nouveaux environnements, ressentent une pression accrue, ce qui accroît leur stress et leur fatigue. Dans certains cas, ces déplacements sont également géographiques, éloignant les travailleurs de leur lieu de pratique habituel. Ce cumul de facteurs contribue à l’épuisement généralisé du personnel.
Un manque criant de valorisation
Les déplacements obligatoires et le temps supplémentaire imposé aggravent des conditions de travail déjà difficiles. Jonathan Boucher souligne que la faible reconnaissance du personnel de santé, malgré leur engagement envers le bien-être des patients, rend le métier de moins en moins attractif. « Le personnel de la santé a à cœur le bien-être de ses patients. On ne peut pas en dire autant de nos gestionnaires. Il manque d’altruisme, et il y a le volet humain qu’on ne doit pas oublier », observe Jonathan Boucher.
Un appel à l’implication syndicale
En terminant, Jonathan Boucher invite ses collègues à s’impliquer davantage dans la vie syndicale, que ce soit en se présentant à des postes ou en exerçant leur droit de vote. Il rappelle que lors de la dernière entente de principe, c’est la mobilisation des membres qui a permis de la rejeter, malgré la recommandation de la FIQ de l’accepter. En effet, 61 % des membres ont voté contre l’entente.
Jonathan Boucher lui-même envisage de se présenter au poste de vice-président des relations de travail pour apporter des changements et améliorer la situation.
Interrogé sur le dossier, le ministère de la Santé et des Services sociaux nous a redirigés vers le Secrétariat du Conseil du trésor, responsable des négociations. Le gouvernement a refusé de commenter, en raison du processus en cours.
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