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Les conseils se suivent et ne se ressemblent pas

Photo Bruno Cloutier – La foule était plus calme lors du Conseil de Ville de Saint-Jérôme le 19 Mars dernier. Un pas de franchi pour assainir le climat et rétablir un dialogue constructif entre élus et citoyens.

Les conseils se suivent et ne se ressemblent pas

Publié le 29/03/2024

Mardi 19 mars, les curieux étaient nombreux au Conseil de Ville de Saint-Jérôme. Médias et blogueurs voulaient être sûrs d’avoir des images si le scénario du mois précédent venait à se répéter. Rappel – Le 19 février dernier le maire Bourcier avait eu à interrompre la séance du conseil à deux reprises suite à des pluies d’invectives, œuvre d’une assistance particulièrement agressive. Or, le conseil du 20 mars était tout autre, c’est sans doute pourquoi les curieux ont quittés après la première période de question, manquant malheureusement les vrais débats qui se déroulèrent cette fois entre conseillers.

Arrivé plus tôt (mais trop tard tout de même) pour voir le convoi annoncé dans un vidéo ayant obtenu plus de 800 vues sur la page facebook de Qdee freedom complotiste, les klaxons et embouteillages anticipés étaient déjà partis. Le véritable embouteillage se constatait plutôt en entrant dans la salle du conseil, où force était de constater que la foule record du mois dernier paraissait petite en comparaison, tout comme le nombre de policiers et médias présents. 

En effet, les kodaks étaient légion, tout comme les chandails Freedom Fighter et Frontline Québec, mais les curieux seront restés sur leur faim, car, malgré la densité de la foule, qui s’était traduite 30 jours plus tôt par de l’agressivité, les citoyens présents ont fait preuve d’un grand contrôle, ce que les élus ont souligné en grande partie à la fin du conseil. 

Dès les premiers mots, le maire a tenu à renforcer le lien avec ses concitoyens en soulignant quelques projets phares de la Ville comme la patinoire Bleu-Blanc-Bouge et les 75 ans de la bibliothèque municipale célébrés récemment. L’annonce du programme TAPAJ (programme offrant des opportunités d’emploi rémunérées aux personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir) dévoilé en grande pompe la semaine précédente, permis au maire Bourcier de citer Félix Leclerc pour imager sa pensée sur ce nouveau programme : « La meilleure façon de tuer un homme c’est de la payer pour être chômeur », notons que certaines personnes dans la salle ne semblaient pas d’accord avec le poète. 

Des changements qui font la différence

Quelques changements doivent être soulevés si on cherche à comprendre ce revirement de situation. Premièrement, la présidence de l’assemblée n’était pas assurée par le maire Marc Bourcier, mais plutôt par le conseiller municipal Stéphane Joyal, qui malgré sa première expérience dans ce siège, est parvenu à établir et maintenir le décorum dans la salle. Notons aussi la présence très visible des forces de l’ordre tant à l’entrée de l’hôtel de ville que dans la salle du conseil. Mais surtout, disons-le, la foule semblait préparée à bien se tenir et se faire entendre par les canaux conventionnels. Lorsque le ton montait, certains militants semblaient ramener l’ordre d’un simple geste. Bien qu’il soit trop tôt pour parler d’un rétablissement durable de dialogue constructif, c’est certainement un pas en ce sens qui fut franchi mardi dernier. 

En effet, outre de petits débordements (négligeable tant en quantité qu’en intensité si on compare au mois précédent), les citoyens ont eu la chance de poser leur question au micro, et d’obtenir des réponses. 

Implication ou instrumentalisation?

Fait inusité, la période de questions fut ouverte par un groupe de sept enfants réclamant des installations multisports adaptées aux besoins du plus grand nombre, notamment au terrain La Salette, une pétition fut d’ailleurs déposée à cet effet. L’intervention suivie de celles de plusieurs citoyens concernés par les millions qui seront déboursées pour l’aménagement de terrains de balle a donné le ton à ce qui allait être le thème dominant de la soirée. Certains virent cette prise de parole comme un symbole d’engagement citoyen précoce, alors que d’autres y virent plutôt quelque chose s’apparentant à de l’instrumentalisation. 

Le conseil a été également l’occasion de soulever des questions plus larges sur l’itinérance, avec la proposition de kiosques accessibles 24 h/24 et 7 j/7, et sur le financement des projets d’infrastructure, soulignant la complexité des choix budgétaires dans un contexte économique difficile. 

Autre fait marquant de cette soirée déjà bien chargée, la conseillère Carla Pierre-Paul fut nommée mairesse suppléante et succède ainsi à Michel Gagnon qui occupait ces fonctions le dernier. Le maire Bourcier a tenu à souligner le plafond de verre qui se brisait avec cette nomination puisque Mme Pierre-Paul devient la première femme d’héritage afro-américain à occuper ce poste qu’elle occupera du 20 mars au 2 juillet 2024 pour la ville de Saint-Jérôme.

Les longs débats, ainsi que le langage choisi par certains élus a fait naître les premières accusations d’électoralisme de part et d’autre du conseil, pavant ainsi la voie à une année électorale 2025 qui s’annonce déjà bien relevée. 

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