Dernier acte ? Une seconde manifestation organisée par Uni-es pour l’école en cinq mois, tenue cette fois à Prévost le 8 novembre.
Samedi dernier, les manifestants brandissaient un message bien clair du haut de leur pancarte, à Prévost, devant l’école Val-des-Monts, partiellement détruite récemment par un incendie.
« La ministre Sonia LeBel nous dit que les plafonds d’embauche ont été assouplis. Mais soyons clairs : assouplis, ça ne veut pas dire qu’ils ont disparu. Et surtout, aucun budget supplémentaire n’a été offert aux centres de services scolaires, alors quand les ressources financières ne suivent pas, que les plafonds soient rigides ou souples, ça ne change rien sur le terrain ; les besoins restent les mêmes et les élèves continuent d’attendre et le personnel s’épuise », affirme Nancy Aubry, technicienne en éducation spécialisée à l’école secondaire Cap Jeunesse.
Impacts et détresse humaine
Impact. C’est le terme qui revient le plus souvent dans le discours des professionnels, qu’ils soient enseignants, orthopédagogues, techniciens en éducation spécialisés, lorsque que l’on aborde les coupures en milieu scolaire.
« Ce que l’on vit dans nos écoles, ce n’est pas de la gestion budgétaire, c’est de la détresse humaine, signale Josée Éthier, technicienne en éducation spécialisée à l’école secondaire Cap Jeunesse. Dans notre école, plusieurs élèves d’adaptation scolaire ne peuvent plus participer aux activités sportives du midi, parce qu’il n’y a plus assez d’adultes pour les accompagner. Ces jeunes, qui auraient tellement besoin d’être inclus, se retrouvent encore une fois mis à l’écart. C’est ça la réalité des coupures. »
Mais il y a pire. Le manque de techniciennes en éducation a ses conséquences : prévention réduite, suivis en moins et courses d’une urgence à l’autre. « Les crises explosent, les suivis s’effritent et les élèves les plus vulnérables perdent leurs repères. Et comme si ce n’était pas assez, les formations SACCADE sur le langage conceptuel essentielles pour mieux accompagner les élèves autistes ont été mises sur pause, sauf pour les nouveaux employés.
Sans parler des élèves qui doivent fréquenter l’école à temps partiel en raison de leur besoin de soutien constant. « Les employés de soutien ne semblent pas être une priorité pour le gouvernement Legault », clame Mme Éthier.

Plusieurs professionnels du milieu scolaire prendront part à la grande manifestation qui se déroulera à Montréal, le 29 novembre prochain, contre les coupures du ministère de l’Éducation.
Violence en hausse
Enseignante en adaptation scolaire à l’école Jean-Moreau, de Sainte-Sophie, Dominique Lévesque fait un retour progressif au travail, à la suite d’un arrêt forcé dû à une vilaine chute sur un plancher mouillé. Or, on ne l’avait pas remplacée, faute de budget. Mais bien avant de prendre ce congé forcé, elle subissait déjà les impacts des coupures. « J’ai eu beaucoup de coups de pied et de coups de poings au cours des dernières années », confiait-elle à Infos Laurentides, peu avant la manifestation.
Le manque de personnes encadrantes impacte les élèves, indique-t-elle. « La violence a énormément augmenté. On se retrouve avec des élèves qui n’ont pas de soutien pour maîtriser leur impulsivité. La violence a même augmenté du côté des classes régulières, ajoute Mme Lévesque, qui relate l’exemple d’un jeune de 12 ans ayant été battu par des élèves près de la polyvalente de Saint-Jérôme. Elle affirme également que six policiers ont dû intervenir à l’école Cap Jeunesse pour un enfant en très grande détresse.
Non seulement on embauche moins, signale Mme Lévesque, mais le personnel de soutien qui s’absente n’est pas remplacé, une situation causant un retard d’apprentissage pour les élèves en difficultés d’apprentissage et qui élargira l’écart au fil du temps avec les élèves réguliers. Et qui amènera de possibles échecs et redoublements. Certains perdent aussi la motivation dans leurs études puisque les activités parascolaires et sociales sont touchées par le manque de personnel.
« On demande au gouvernement Legault des investissements, à partir des Centres de la petite enfance jusqu’à l’université », dit Mme Lévesque en soulignant que les stagiaires en éducation ne sont pas rémunérés et qu’il y a des coupures dans les bourses dédiées aux étudiants en enseignement, secteur où l’on fait face à une pénurie récurrente de candidats.
« Aujourd’hui, on le dit haut et fort : on ne peut pas continuer à faire plus avec moins, martèle Josée Éthier. L’éducation n’est pas une dépense, c’est un investissement. Parce qu’à force de couper, ce ne sont pas des budgets qu’on ampute, ce sont des destins. »

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