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L’étoffe d’un maire

Benoit Beaulieu

L’étoffe d’un maire

Publié le 28/01/2021

MATHIEU LOCAS

En 2013, quand Benoit Beaulieu a mis sa face sur un poteau pour tenter de se faire élire dans le district 1 à Saint-Jérôme, il ne l’a pas fait pour arrondir ses fins de mois. Il était déjà autonome financièrement. Beaulieu voulait servir. Au cours des deux dernières décennies, j’ai croisé entre 70 et 80 conseillers municipaux (Gatineau, Saint-Jérôme et même quelques-uns à Ottawa). Benoit Beaulieu se retrouve sans contredit dans mon top 3 des meilleurs à ce poste.

Avec sa culture d’homme d’affaires, il a martelé les fonctionnaires avec les mêmes questions :

-Pourquoi on agit de la sorte?

-Quels sont les objectifs?

-Quels sont nos critères pour évaluer notre rendement et notre efficacité?

Les mêmes questions utilisées par François Legault, auprès de ses ministres, pour s’assurer qu’ils livrent la marchandise. Pour avoir parlé à quelques ministres, croyez-moi que le PM met beaucoup de pression.

Ce genre de questions a tendance à égratigner des fonctionnaires. Pour vivre avec une fonctionnaire depuis 20 ans et moi qui travaille dans le privé depuis plus de 30 ans, je connais très bien la différence de culture.

En tant qu’homme d’affaires, qui bosse depuis des décennies, Benoit Beaulieu est arrivé à l’hôtel de ville avec une attitude qui détonnait avec celle du monde municipal. Parfois, sa voix raisonnait à travers les murs, ce qui ne plaisait pas à tous. Le genre de ton qui ne passe plus du tout en 2021, même dans le milieu des affaires.

Mardi de la semaine dernière, quand Benoit Beaulieu a invité les médias à une conférence de presse virtuelle, pour commenter ses mises en demeure expédiées à Mario Fauteux, Nathalie Lasalle et Johanne Dicaire, je m’attendais à le voir les baguettes en l’air.

Durant les 10-12 premières minutes de son discours, j’étais certain qu’il se mettait les pieds dans les plats, surtout quand il a expliqué la jalousie qui s’était installée à l’intérieur du parti. Il a rappelé que Mario Fauteux et Nathalie Lasalle, entre autres, étaient jaloux de lui et Gilles Robert car ils siégeaient en permanence au sein du comité exécutif. Plus il parlait, plus j’avais l’impression qu’il nous donnait des munitions pour le ramasser à la période de questions. Finalement, son discours était prêt, bien ficelé et quasi impossible à démolir.

Parmi les questions qu’il a facilement contournées, celles sur son avenir politique. Sollicitera-t-il un troisième mandat? Si oui, comme indépendant ou avec Vision, le parti qu’il a fondé en 2010? Impossible de le savoir.

Saint-Jérôme a une culture de partis politiques. Au Canada, seuls le Québec et la Colombie-Britannique permettent la présence de partis au pallier municipal. À Saint-Jérôme, ils envahissent l’hôtel de ville depuis plus de 30 ans. On suit la ligne de parti, on vote en gang (certains votent sans connaître le véritable impact) et surtout, on s’assure de prendre la parole uniquement pour des belles phrases écrites à l’avance.

Depuis qu’il siège comme indépendant, Benoit Beaulieu est le meilleur conseiller autour de la table. Il agit comme un véritable indépendant. Il ne se gêne pas pour ouvrir son micro pour appuyer ou critiquer le parti au pouvoir. Son intervention sur la gestion de l’eau potable le printemps dernier était éloquente.

Benoit Beaulieu n’a plus de temps à perdre comme conseiller municipal. Il a l’étoffe d’un maire. Je le verrais très bien comme candidat indépendant à la mairie. Certains diront : «s’il n’a pas la majorité, il ne pourra rien faire»

Ce qui est totalement faux.

Comment croyez-vous que ça fonctionne dans les villes des huit autres provinces canadiennes? Le lendemain de l’élection, les conseillers s’assoient ensemble pour établir un programme du conseil. Ensuite, ils suivent ce programme pour la durée du mandat.

Avec les développements à venir (un projet de 1 milliard a été annoncé dans le secteur du Lac Jérôme le 19 janvier dernier), Saint-Jérôme a besoin d’un leader. Jusqu’ici, et j’insiste sur le jusqu’ici, Benoit Beaulieu est le seul qui présente l’étoffe d’un maire.

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com