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L’UPAC interroge des témoins de l’ère Gascon

L’Unité permanente anticorruption enquête présentement sur le travail de l’administration de Marc Gascon.

L’UPAC interroge des témoins de l’ère Gascon

Publié le 21/11/2018

Mathieu Locas

Rédaction@bn.journalinfoslaurentides.com

L’Unité permanente anticorruption enquête présentement sur le travail de l’administration de Marc Gascon. Selon Infos Laurentides, les enquêteurs orientent principalement leur recherche à partir de la fusion municipale en 2001 jusqu’à son départ en 2013. Le journal a discuté avec deux des témoins rencontrés récemment. Des rencontres de plusieurs heures où de nombreux sujets sont abordés.

Ce n’est pas la première fois que l’UPAC débarque à Saint-Jérôme. En mai 2012, des enquêteurs avaient, entre autres, interrogé l’ancien conseiller municipal Alain Langlois. Au printemps 2013, Marc Gascon et l’ancien DG Éric Lachapelle avaient communiqué avec l’UPAC afin de faire la lumière dans un dossier impliquant l’ancien directeur général adjoint Pierre Ratté. L’escouade a aussi rencontré des personnes qui ont directement communiqué avec elle. À la différence que cette fois, c’est l’UPAC qui a demandé ces rencontres.

«Les enquêteurs fouillent partout, affirme l’une des sources d’Infos Laurentides.J’en ai rencontré deux. Ils m’ont questionné tant sur les élus que l’administration de l’époque. Il est normal qu’après Laval, Terrebonne et Mascouche, que Saint-Jérôme y passe.»

Faut dire que Saint-Jérôme a fait les manchettes à de nombreuses reprises depuis huit ans (voir plus bas). Radio-Canada et son journaliste Pierre Duchesne ont ouvert le bal, en juin 2010, en parlant des élections clés en main. Une source avait alors dévoilé à la société d’État que feu Bernard Trépanier, alias Monsieur 3 %, organisait les campagnes électorales de Marc Gascon depuis 1995. Le reportage présentait le stratagème de partage de contrats et financement des campagnes électorales.

D’ailleurs, six ans plus tard, soit en décembre 2016, Érick Frigon avouait, au syndic l’Ordre des ingénieurs, avoir été passif devant un système de partage de contrats bien rodé à Saint-Jérôme. Celui qui a déjà occupé le poste de directeur de l’ingénierie et directeur général de la Ville a écopé de 30 000 $ d’amende après avoir avoué que les firmes Dessau, Tecsult, CIMA+ et LBHA s’étaient partagé plus de 28 millions de dollars de contrats de 2002 à 2010.

La maison et l’aréna

«De mon côté, les enquêteurs m’ont demandé ce que je savais de ces soirées bien arrosées au Centre Bell, où des conseillers municipaux étaient invités sur le bras par des firmes professionnelles. Il a aussi été question d’un voyage à Las Vegas. Les deux enquêteurs me questionnaient sur l’ancien projet d’aréna impliquant la firme L’Archevêque & Rivest. Ils voulaient connaître les liens entre l’ancien maire et cette firme, car c’est elle qui a réalisé les travaux de rénovation de la résidence de Marc Gascon», raconte ce deuxième témoin interrogé par l’UPAC.

D’ailleurs, un reportage intitulé: Le maire de Saint-Jérôme dans l’embarras, publié le 10 novembre 2010 dans La Presse, soulignait que L’Archevêque & Rivest et une autre firme, avaient obtenu pour 25 millions de dollars de contrats avec la Ville de 2002 à 2010. Quelques jours après ce reportage, Marc Gascon a remis sa démission à titre de président de l’Union des municipalités du Québec.

Allégations

Malgré les nombreux reportages sur l’ère Marc Gascon, aucune accusation criminelle n’a encore été déposée contre quiconque. Fait à noter, il n’y a pas de délai de prescription pour ce type d’enquête. C’est-à-dire que si l’UPAC venait qu’à déposer des accusations, elle pourrait présenter des preuves qui pourraient remonter jusqu’à son arrivée à la mairie en 1995.

Saint-Jérôme dans l’œil des médias nationaux

Saint-Jérôme a fait l’objet d’au moins une vingtaine de reportages à partir de 2010 sur l’époque de l’administration de Marc Gascon. Sans tous les présenter, en voici quelques-uns qui ont sans doute motivé les enquêteurs de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) à regarder de plus près le fonctionnement de l’administration municipale.

– 29 juin 2010: Radio-Canada rapporte le stratagème des élections clés en main.

– 10 novembre 2010:La Presseparle de la rénovation de la résidence de Marc Gascon par trois firmes qui ont obtenu beaucoup de contrats par la Ville de Saint-Jérôme. Le maire de Québec Régis Labeaume se retire de l’UMQ face aux allégations contre Marc Gascon, alors président de l’UMQ.

– 30 mars 2011: TVA Nouvelles met au jour la vente d’un terrain appartenant à Saint-Jérôme et vendu au fils de l’ancien conseiller Guy Lalande. Le terrain a été vendu 24 000 $ à Claude Lalande en 2005 et revendu par ce dernier, quatre ans plus tard, 145 000 $. Le titre était: Transaction discutable?

– 14 juin 2011: Radio-Canada dévoile que le restaurateur Daniel Picotte, propriétaire de La Caravelle, a rencontré l’escouade Marteau de la Sûreté du Québec parce qu’il a dû commanditer un souper du parti du maire Gascon en échange d’un permis pour la construction d’une terrasse.

– 10 novembre 2011: TVA Nouvelles souligne que le contrat du directeur général Éric Lachapelle est renouvelé dans la controverse. Les élus ayant voté 7 contre 7, c’est Marc Gascon qui a tranché pour donner un nouveau contrat de travail à Éric Lachapelle.

– 15 mai 2012: TVA Nouvelles révèle que depuis plusieurs mois, l’Unité permanente anticorruption examine un dossier contre l’administration municipale. Marc Gascon affirme qu’il s’agit d’un dossier d’urbanisme.

– 2 février 2017: Le Journal de Montréal met la main sur la transcription de l’interrogatoire de l’ancien DG et ancien directeur de l’ingénierie Érick Frigon. Ce dernier affirme que quatre firmes de génie-conseil se sont partagé des contrats d’une valeur de plus de 28 M$ pendant près de dix ans à Saint-Jérôme.

 

 

 

 

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